Jean Claude Duvalier, un bébé devenant tyran

Jean Claude Duvalier, un bébé devenant tyran

Jean-Claude-Duvalier1En avril 1971, à l’âge de 19 ans, à la mort de son père, François Duvalier (surnommé « Papa Doc »), il devient président à vie d’Haïti, devenant ainsi le plus jeune chef d’État au monde. Initialement, Jean-Claude Duvalier résiste à l’arrangement dynastique qui l’a fait leader de Haïti, préférant que la présidence revienne à sa sœur ainée Marie-Denise Duvalier et il est satisfait de laisser le côté administratif de la fonction sous la direction de sa mère, Simone Ovide Duvalier et un comité mené par Luckner Cambronne, le ministre de l’Intérieur de son père. Il se contente d’assurer les fonctions de cérémonies officielles et de mener une vie de playboy.

Sa dictature fut marquée dans les premières années par une volonté de détente et d’apaisement, « Baby Doc » donnant quelques gages de bonne volonté démocratique. Il rétablit les relations du pays avec les Etats-Unis la Republique domincaine et son mandat voit la reprise de l’aide internationale à destination d’Haïti. Duvalier détient un pouvoir quasi-absolu que lui attribue la Constitution. Il commence petit à petit à entamer des réformes du régime politique de son père, en libérant des prisonniers politiques et en relâchant la censure sur la presse. Cependant, il n’y pas de changements radicaux en profondeur. L’opposition n’y est pas tolérée et le régime reste autoritaire.




La plupart de la richesse de la famille Duvalier provient de la Régie de Tabac (Tobacco Administration). Les Duvalier utilisent une loi permettant d’utiliser un « compte non-fiscal » établi des décennies plus tôt, créant un monopole du tabac. Cette procédure est par la suite appliquée à d’autres entreprises gouvernementales qui servent de caisse noire et sur lesquelles aucun bilan n’est trouvé7.

En négligeant son rôle de gérant des affaires politiques, Duvalier favorise l’intrusion dans les affaires de l’État d’intérêts provenant de lobbies du pays, mais aussi de l’étranger. Il facilite ainsi la domination dans les affaires haïtiennes d’une clique liée à la faction dure des duvaliéristes de son père ; ils sont surnommés « les dinosaures ». Les officiels étrangers et autres observateurs considèrent « Baby Doc » plus respectueux des droits de l’homme et les pays étrangers sont plus généreux dans leurs aides économiques envers Haïti. L’administration Nixon rouvre le programme US Aid en 1971.

Mais dès la fin des années 1970, il revient à des méthodes de gouvernement plus répressives, et bâillonne à nouveau la presse.

Durant ses déplacements officiels, il avait pour habitude de jeter des liasses de billets par les fenêtres de sa voiture aux personnes qui étaient là pour l’acclamer.

Le 27 mai 1980 il se marie avec Michèle Bennett, une jeune mulâtresse de la haute bourgeoisie haïtienne, avec qui il aura deux enfants. Son premier mari est le fils d’un officier bien connu qui avait mené une tentative de coup d’État contre Papa Doc Duvalier. Jean-Claude a le teint assez pâle, son père avait amené son soutien à la classe moyenne noire et avait suscité l’antipathie de l’élite à peaux plus claires. Cette démagogie fonctionnait auprès du peuple noir. Avec ce mariage, Jean-Claude semble abandonner cette politique informelle que son père s’était évertué à créer.

L’extravagance du mariage du couple, avec un coût estimé de trois millions de dollars, continue d’aliéner le pouvoir du reste de la population. Le mécontentement entre la communauté des affaires et les élites s’intensifie avec l’augmentation de la corruption à cause des Duvalier et des Bennett, d’autant plus que les affaires des Bennett incluent la vente de cadavres de Haïtiens à des écoles médicales étrangères et le trafic de drogue. L’augmentation de la répression politique ajoute à la volatilité de la situation.

Ce mariage est aussi perçu de manière étrange par la vieille garde des duvaliéristes. La garde personnelle de Jean-Claude est constituée de jeunes technocrates incluant Jean-Marie Chanoine, Frantz Merceron, Frantz-Robert Monde et Théo Achille. La leader spirituelle des duvaliéristes, la mère de Jean-Claude, Simone Ovide Duvalier, est expulsée de Haïti, a priori sur la requête de Michèle Duvalier. Le couple a deux enfants, François Nicolas et Anya.

En 1978, en réponse à la peste porcine africaine sévissant sur l’île, les autorités agricoles américaines insistent sur la totale éradication des cochons à Haïti. The Program for the Eradication of Porcine Swine Fever and for the Development of Pig Raising (PEPPADEP) ou Programme pour l’Éradication de la Peste Porcine Africaine et pour le Développement de l’Élevage des Porcs entraîne d’énormes pertes financières parmi la population paysanne car l’élevage de porcs est considéré comme un investissement.

De plus, des enquêtes rapportent que le sida est devenu un problème majeur à Haïti et entraîne une chute dramatique du tourisme au début des années 1980. Vers la moitié des années 1980, beaucoup de Haïtiens expriment leur désespoir induit par des conditions économiques désastreuses, la faim et la malnutrition qui se développent.

Le mécontentement populaire commence en mars 1983, quand le pape Jean-Paul II visite Haïti. Le Pape déclare que « Quelque chose doit changer ici ». Dans son discours, il appelle à une distribution des richesses plus équitable et une structure sociale plus égalitaire. Il exprime le souhait que les élites soient plus concernées par le bien-être des masses et que la population participe plus à la vie publique. Le message revitalise le clergé local et contribue à accroître la mobilisation populaire autour des questions politiques et l’activisme social7.

Une révolte éclate dans les provinces en 1985. La ville de Gonaïves est le théâtre des premières manifestations de rue et des magasins de chaîne de grande distribution sont dévalisés. D’octobre 1985 à janvier 1986, la révolte s’étend à six autres villes, incluant Cap-Haitien. À la fin du mois, les Haïtiens dans le sud sont en révolte. Les révoltes les plus importantes se déroulent dans Les Cayes.

Jean-Claude Duvalier tente de faire face en baissant de 10 % le prix des aliments de base, en fermant les stations de radio indépendantes, en effectuant un remaniement ministériel, mais également par la répression policière et militaire. Sous la pression de la communauté internationale, il institue le poste de Premier Ministre grâce à l’adoption par référendum d’une nouvelle Constitution. Le premier titulaire du poste, Martial Célestin est nommé par Leslie Manigat, l’un des futurs successeurs de Duvalier. Ces tentatives ne freinent cependant pas l’élan de révolte populaire contre la dictature dynastique.

En janvier 1986, l’Administration Reagan commence à faire pression sur Duvalier pour qu’il renonce au pouvoir et qu’il quitte Haïti. Des représentants officiels recommandés par le Premier ministre jamaïcain servent d’intermédiaires dans les négociations. À ce moment-là, nombre de duvaliéristes et des hommes d’affaires importants rencontrent le couple Duvalier et les pressent de partir. Les États-Unis rejettent l’asile politique pour Duvalier, mais ils leur proposent de les aider à partir. Initialement, Duvalier accepte le 30 janvier 1986 et le président Reagan annonce son départ, basé sur un rapport provenant du chef de station de la CIA en faction à Haïti qui a vu la voiture de tête de convoi en partance pour l’aéroport11. En route, il y a un échange de coups de feu et l’escorte de Duvalier fait demi-tour vers le palais présidentiel9.

Le 7 février 1986, il remet le pouvoir aux mains des militaires et quitte l’île à bord d’un avion de l’US Air Force ; il atterrit à Grenoble en France. Pendant ce temps, en Haïti, les maisons des partisans de Jean-Claude Duvalier sont pillées.

Le 8 fevrier 1986, le nouveau gouvernement libère les prisonniers politiques, instaure un couvre-feu. La foule s’en prend au mausolée de « Papa Doc », qui est détruit à coups de pierres et à mains nues ; le cercueil est sorti, la foule danse dessus puis le met en morceaux ; elle s’empare du corps du dictateur pour le battre rituellement. Pendant cette journée, on dénombre une centaine de victimes, essentiellement des Tontons macoutes.

A noter, Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc » ou « Bébé Doc » est né le 3 juillet 1951 à Port-au-Prince, et mort dans la même ville le 4 octobre 2014 d’une crise cardiaque,

Source : wikipedia.org


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