Debout face au choléra à Martissant !

Debout face au choléra à Martissant !

cholera martissantDepuis le début du  mois d’octobre 2014, plusieurs cas  de choléra ont été recensés à Martissant  au centre hospitalier de Médecins sans frontières-Belgique (MSF-B). Les cas légers ont été réhydratés et les graves nécessitant une réhydratation par voie veineuse ou sanguine référés vers des centres de traitement du choléra (CTC). Pour mieux comprendre l’ampleur de la situation, l’équipe du projet Santé-droits de FOKAL, accompagnée de la directrice du Bureau sanitaire communal de Port-au-Prince, a effectué une visite au centre de traitement de choléra de MSF-B à Martissant 25,  le 5 novembre dernier où il y avait 123 personnes hospitalisées.

Face à cette recrudescence due notamment aux récentes averses, les responsables de MSF ont ouvert un centre de traitement du choléra de 50 lits le 28 octobre 2014.  Dès le lendemain de son ouverture, le nombre de lits du  CTC n’était pas suffisant. MSF a dû doubler sa capacité d’accueil pour pouvoir recevoir 100 patients cholériques nécessitant une hospitalisation. Depuis lors, le nombre de personnes infectées admises au CTC n’a cessé d’augmenter.

Du 28 octobre au 16 novembre 2014,  le CTC  de Martissant a déjà reçu 1244   cas dont 754 ont nécessité une hospitalisation. Selon les responsables du CTC, il y a actuellement  123 personnes infectées du choléra qui sont hospitalisées au CTC. Et les 5 endroits d’où proviennent le  plus de  cas de choléra  sont : Grande Ravine, Fontamara 27, Bolosse, Tibois, Carrefour (Bizoton).

De nouvelles stratégies

Suite à la  visite de FOKAL et du Bureau sanitaire communal, l’équipe du projet Santé-droits a convoqué ses  noyaux de volontaires et bénévoles de la cellule de veille sanitaire communautaire  à Martissant. Une stratégie d’intervention a été adoptée après cette première rencontre. Ainsi, tenant compte du point de vue des membres de la communauté et de l’urgence de l’heure, le projet Santé-Droits de  FOKAL a rapidement élaboré les stratégies suivantes pour combattre le choléra à Martissant :

  • la formation des noyaux de volontaires et bénévoles de la veille sanitaire communautaire  pour décontaminer la maison des personnes infectées ; la formation des leaders religieux et guérisseurs traditionnels notamment les houngans, les mambos, les pasteurs, les matrones, etc…
  • une campagne de sensibilisation et d’information dans les écoles ;                                                                                                                               la collaboration avec les agents de santé communautaire polyvalents (ASCP)  du BSC et des centres de santé communautaire (Béthanie, Clinique Saint-Michel, centre de santé kay Magareth) ;
  • l’identification suivie de décontamination des maisons de personnes infectées et distributions de kit hygiéniques (aquatabs, savon, chlorox) en partenariat avec le bureau sanitaire communal de Port-au-Prince et les autres acteurs de développement sanitaire ;
  • la mise en place de posters et des points de lavage des mains avec de l’eau chlorée  sur le Parc de Martissant pour sensibiliser les visiteurs du parc sur la prévention du  choléra;
  • la sensibilisation de la population en utilisant les volontaires et les leaders communautaires dans le but de  lutter contre la stigmatisation et d’informer les habitants sur les structures de prise en charge médicale du choléra.

Des premières actions

Pour l’heure, 4 séances de formations et de sensibilisation sur le choléra ont déjà été réalisées au profit de 36 bénévoles de la veille sanitaire communautaire de Martissant et de 25 employés du Parc de Martissant. Suite à cette formation, les volontaires sont allés sensibiliser les membres de leurs quartiers respectifs sur les bonnes pratiques d’hygiène (lavage des mains, boire de l’eau traitée, aller à un centre de santé en cas de choléra, etc …). Ainsi, 65 maisons ont été décontaminées par les volontaires et bénévoles du projet à Grand Ravine, Tibois, Baigne, Descayettes, Cajoux ; 5 séances de sensibilisation communautaire ont été réalisées à Baigne, Tibois, Crepsac, Sorée, Dantès ; et 65 kits hygiéniques ont été distribués aux maisons des personnes infectées.

Le projet continue avec la sensibilisation pour atteindre d’autres quartiers, à la fin du mois de novembre, où une séance de formation sera organisée au profit des écoliers et 2 autres au profit des prêtres/prêtresses du vaudou, des  matrones et des médecins-feuilles. La coordination avec les acteurs de développement sanitaires est importante pour contrôler l’épidémie dans la ZAC, le projet Santé-Droits de FOKAL s’y attèle en renforçant son partenariat avec le Ministère de la santé publique via le Bureau sanitaire communal de Port-au-Prince, avec  le CTC de MSF, les volontaires, les leaders communautaires et les agents de santé communautaire des centres de santé de la ZAC.

SE RAPPELER QUE…

Le choléra est  une maladie bactérienne causée par le vibriocholerae. Cette maladie se transmet soit  par le contact de la main infectée avec la bouche, soit  en buvant de l’eau non traitée,  soit en consommant des aliments contaminés. Le choléra provoque des diarrhées aigües et profuses pouvant entrainer une déshydratation sévère, provoquant la mort en quelques heures s’il n’est pas traité. Le choléra n’existait pas en Haïti avant de faire son apparition en octobre 2010, et s’est propagé rapidement à cause des mauvaises conditions  d’assainissement et du manque d’hygiène.  La promotion de la santé par les bonnes pratiques d’hygiènes, l’accès à l’eau potable, une bonne couverture en latrines, une prise en charge médicale adéquate des malades,  tels sont les éléments essentiels pour freiner, voire éradiquer le choléra en Haïti. Tous les secteurs de la vie nationale et tous les acteurs de développement sanitaire en Haïti sont concernés et doivent collaborer et s’engager  pour y arriver.

 

Dr Bélimaire Emmanuel, MD, MPH, PU.

Chef de projet santé-droits-FOKAL


La Rédaction

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