Timide reprise des activités commerciales au marché dominicain de Pedernales

Timide reprise des activités commerciales au marché dominicain de Pedernales
Photo : Photo: Josué Michel

Photo : Photo: Josué Michel
Photo : Photo: Josué Michel

Le marché frontalier dominicain de Pedernales a fonctionné timidement, le 19 janvier 2015. Un mouvement de protestation qui a débuté, le 16 janvier 2015, dans la commune frontalière d’Anse-à-Pitre, a été à l’origine de ce ralentissement. Des commerçants-es ont organisé une manifestation pour réclamer le départ des agents exécutifs de la mairie de la zone.



Brandissant leurs pancartes, les manifestants-es ont fustigé le comportement des agents exécutifs municipaux qui, selon eux, ne défendent pas les intérêts de la commune auprès des autorités dominicaines. Furieux, les protestataires ont aussi dénoncé l’augmentation de la taxe prélevée sur les produits commerciaux notamment, ceux de première nécessité, par les responsables de la douane haïtienne à Anse-à-Pitre (Sud-est).

« Nous réclamons l’installation d’une nouvelle équipe qui puisse nous défendre dans les rencontres avec les autorités dominicaines. », a déclaré l’un des manifestants au GARR.

Ce mouvement a démotivé les commerçants-es haïtiens (es) à traverser la frontière dominicaine de Pedernales dans le cadre de leurs échanges commerciaux qui se font habituellement les lundi et vendredi, deux jours de marché officiels, a observé Jean Kelermann Jasmin, animateur du GARR.

Les portes de la mairie et de l’immigration d’Anse-à-Pitre ont été fermées sous la furie des manifestants-es. Contrairement à ce qui s’était passé, le 16 janvier écoulé, cette fois-ci les forces de l’ordre n’étaient pas intervenues pour faire déverrouiller la barrière de ces bureaux.

Par ailleurs, les organisateurs/trices de cette manifestation ont critiqué le comportement des responsables de la douane de ladite commune qui, selon eux/elles, ont plus que doublé le prix de la taxe prélevée sur les produits de première nécessité. « Avant 2015, nous payions 100 gourdes à un agent douanier pour un sac de pois. Maintenant, il est passé à 228 gourdes. Les autorités haïtiennes s’en foutent complètement de notre misère », ont dénoncé quelques unes des commerçantes.

Le GARR a tenté en vain de joindre au téléphone les responsables de la douane de cette commune. Selon les informations reçues, une rencontre binationale est prévue à Pedernales, ce mardi 20 janvier 2015, à laquelle prendront part des pêcheurs haïtiens, des autorités locales haïtiano-dominicaines et des représentants-es d’organisations travaillant à la frontière.

Parallèlement, la situation n’a pas évolué depuis le 16 janvier 2015, à la frontière de Jimani/ Malpasse(Ouest). Les commerçants-es haïtiens qui ne présentent pas leur passeport aux gardes dominicains n’ont pas pu traverser la frontière pour se rendre au marché frontalier de Jimani.

Les marchands-es haïtiens qui ont l’habitude de fréquenter ce marché frontalier durant les jours de marché officiels (lundi et jeudi) étaient restés-es à Malpasse (Haïti). Il leur a été demandé de présenter leurs documents. Cependant les gros trailers transportant des marchandises diverses provenant de la République Dominicaine ont pu traverser librement la frontière de Malpasse à destination de la capitale haïtienne, a rapporté, Marie Michelle Polynice Laguerre, représentante Justice et Paix (JILAP) à Fonds-Parisien.

Les commerçants/es haïtiens n’ont pas caché leur insatisfaction face à cette attitude qu’ils/elles qualifient d’absurde de la part des autorités de la migration haïtienne qui laissent passer librement les ressortissants dominicains sans leur exiger de présenter leurs documents, selon la même source.

« Les Dominicains traversent notre frontière quand ils veulent. Les responsables de la migration haïtienne ne leur demandent jamais de présenter leurs documents. Voilà pourquoi ils infligent toujours de mauvais traitements à nos compatriotes haïtiens  », s’est plainte d’un air déçu, l’une des commerçantes.

Ce moment de tension a régné depuis le 12 janvier 2015 à la suite d’un prélèvement d’une taxe de 2500 pesos réclamée par les autorités dominicaines aux étudiants-es et aux commerçants-es haïtiens qui ont passé plus de 30 jours en République Dominicaine. Déclarant cette mesure arbitraire, des syndicalistes haïtiens de transport ont organisé un mouvement de grève pour forcer les autorités dominicaines à revenir sur leur décision.

Tout en reconnaissant la souveraineté de l’Etat dominicain, le GARR croit que cette mesure ne devrait pas s’appliquer aux étudiants-es. S’il y a un groupe de cette catégorie qui devrait bénéficier d’un visa d’étudiant et qui étudie en territoire dominicain avec un visa touriste, c’est parce que cela a été accepté par le système éducatif dominicain. Les autorités dominicaines devraient plutôt exiger aux responsables d’universités ou autres concernés-es d’inscrire les postulants/ postulantes haïtiens qui se présentent avec un visa d’étudiant.

Le GARR croit que les autorités dominicaines et haïtiennes doivent informer la population migrante et les usagers-es de la frontière sur toutes les mesures d’intérêt binational qui peuvent déboucher sur des conflits inutiles en raison d’un manque d’information et de sensibilisation. Il les appelle à travailler en vue de l’établissement d’un climat de paix et d’harmonie au bénéfice des deux peuples voisins partageant la même île et qui sont condamnés à vivre ensemble.

Source : Garr-Haiti


La Rédaction

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