Le GARR dresse un tableau sombre des conditions de vie des ressortissants haïtiens au Brésil
Lors d’une conférence de presse organisée à Port-au-Prince par la Plateforme GARR, le 28 août 2014, deux représentants de l’institution ont dressé un tableau sombre des conditions de vie des migrants haïtiens au Brésil. Ces militants de droits humains qui y ont effectué une visite d’observation, du 13 au 21 août écoulé, appellent les autorités haïtiennes à travailler en vue d’empêcher les Haïtiens d’aller se faire humilier en territoire brésilien.
Cette délégation qui était composée de Philippe Jean Thomas et du prêtre catholique romain Pierre Yves Edmond, respectivement président et conseiller du Conseil d’Administration de la Plateforme GARR, avait rencontré des migrants-es haïtiens, des représentants-es de l’Etat brésilien et des membres de la société civile brésilienne.
Ces ressortissants-es haïtiens, en majorité des jeunes compris entre 18 à 34 ans, ont confié aux représentants du GARR qu’ils/elles ont dû abandonner Haïti suite au séisme dévastateur de 2010 pour aller s’établir au Brésil en quête d’une vie meilleure. Ne maîtrisant pas la langue portugaise, ils/elles éprouvent de sérieuses difficultés à s’intégrer au sein de la société brésilienne.
Au cours d’une visite de la délégation du GARR à un centre à São Paulo où sont hébergés des migrants africains et plus de 350 ressortissants haïtiens, ces derniers n’ont pas caché leur grogne par rapport aux mauvais traitements dont ils sont l’objet de la part des autorités brésiliennes.
« Nous sommes entassés ici comme des sardines dans ce centre d’hébergement où les services d’accueil et les infrastructures sanitaires font défaut. Personne ne fait cas de nous. Qui pis est, nous sommes interdits de rester au centre pendant la journée. Tous les matins à compter de 7 heures, le responsable nous contraint de quitter l’espace pour y revenir à 8 heures du soir.», a déploré un ressortissant haïtien d’un air désappointé.
Parmi ces migrants-es haïtiens au Brésil, se trouvent des ingénieurs, des menuisiers, des informaticiens, des avocats, des pasteurs évangéliques, pour ne citer que ceux-là. Pour se rendre au Brésil, certains d’entre eux font la demande de visas auprès du consulat brésilien en Haïti. Dans ce cas, le voyage leur coûte plus de 1,500.00 dollars américains (200.00 dollars américains pour les frais de visa et près de 1,300.00 dollars américains pour le billet d’avion). Cependant, d’autres empruntent la voie irrégulière en passant par la République Dominicaine où le coût du voyage s’estime à plus de 2,500.00 dollars américains.
Sans tenir compte du coût élevé, le parcours irrégulier pour se rendre en territoire brésilien n’est pas sans conséquences sur la vie des ressortissants-es haïtiens. Certains d’entre eux, notamment des femmes sont battues et violées pendant la traversée qui les conduit à Acre, un Etat brésilien situé au Nord du Brésil. Ces femmes victimes se retrouvent, pour la plupart, avec des grossesses non désirées et des maladies sexuellement transmissibles.
Des migrants-es ont partagé avec la délégation leur désillusion d’avoir pris la décision de dépenser toutes leurs petites économies pour venir se faire humilier au Brésil.
« Nous nous sentons humiliés ici. Si nous savions que ce sort nous serait réservé, nous serions restés chez nous en Haïti en dépit de la mauvaise gestion du pays par nos dirigeants qui semblent prioriser les querelles politiques sur le bien-être de la population haïtienne.», a déclaré une jeune migrante haïtienne aux représentants du GARR.
Selon les chiffres officiels, le nombre de ressortissants haïtiens à s’établir au Brésil après le séisme du 12 janvier 2010 s’élève à environ 35 mille : un chiffre qui tend de jour en jour à augmenter en raison du désir croissant de nombreux Haïtiens à laisser le pays en quête de mieux-être.
La Plate-forme GARR a dénoncé le comportement irresponsable des autorités haïtiennes qui, selon elle, ne font rien pour freiner le départ massif des citoyens/citoyennes haïtiens vers l’étranger, notamment vers le Brésil.
Elle en a profité pour formuler différentes recommandations à l’Etat haïtien. Au nombre de ces recommandations figurent : la mise en place de vrais programmes sociaux et économiques susceptibles de donner le goût à la population haïtienne de rester chez elle sans avoir besoin d’aller se faire humilier à l’étranger ; l’application de la Loi sur la Lutte contre la Traite des personnes publiée le 2 juin 2014 ; la mise en place des programmes d’éducation civiques en vue de porter les Haïtiens et Haïtiennes à aimer leur pays.
La Rédaction
Contact : actualites@haitinews2000.com
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