Economie: « Haïti a plein d’opportunités! »
Entre présentation du rapport de la Banque mondiale titré « Haïti : des opportunités pour tous » et discussions entre spécialistes et représentants de l’État, du secteur privé des affaires, on a mis le pays à nu en tenant compte des capacités de chaque secteur et les défis à relever.
Haïti a plein d’opportunités économiques. C’est un fait. « Sa position géographique : à proximité des États-Unis d’Amérique au nord et de l’Amérique latine au sud ; une main-d’œuvre jeune, dynamique; une géographie et un patrimoine culturel riche en comparaison des autres îles de la Caraïbe; un potentiel dans l’agriculture et dans l’industrie agroalimentaire », a énuméré Raju Singh, l’économiste en chef de la Banque mondiale en Haïti qui remarque, entre autres, que les opportunités restent longtemps ce qu’elles sont sans être matérialisées.
C’est le mardi 22 septembre 2015 que la Banque mondiale a présenté son rapport sur la situation socio-économique du pays autour du thème « Haïti : des opportunités pour tous ». La cérémonie a eu lieu à l’hôtel « El Rancho » à Pétion-Ville. Le titulaire du ministère de l’Économie et des Finances (MEF), Wilson Laleau y a pris part.
En dépit du niveau toujours élevé, le taux de pauvreté a reculé en Haïti, selon ce rapport. Les données récentes laissent constater que la proportion des Haïtiens vivant dans l’extrême pauvreté est passée de 31 % en 2000 à 24 % en 2012. Des progrès ont cependant été remarqués en zones urbaines.
Cette tendance est confirmée par les indicateurs monétaires et non-monétaires de la pauvreté. L’éducation est le facteur non-monétaire qui a enregistré les progrès les plus significatifs. La proportion des ménages dont tous les enfants, en âge d’être scolarisés, fréquentent un établissement scolaire est estimée à environ 90 %. Alors que seulement 80 % étaient scolarisés en 2001. Les taux de vaccination sont également à la hausse (sans aucun pourcentage mentionné).
Comme éléments explicatifs de ce recul, le document précise l’augmentation des revenus du travail, des transferts privés et de l’aide internationale. Les revenus du travail non agricole ont affiché une hausse annuelle estimée à environ 3,5 % en moyenne, particulièrement chez les hommes.
Cette hausse des revenus est due à la croissance dans les secteurs de la construction, des télécommunications et des transports, tous concentrés dans les zones urbaines. Les emplois formels, précise ce rapport, sont réservés seulement à 13 % de la population active. L’agriculture et les secteurs urbains informels occupent la première place du palmarès, soit 30 et 40 % de part du marché du travail chacun en ce qui le concerne.
De surcroît, le rapport a fait savoir que les transferts d’argent des travailleurs migrants ont représenté plus d’un cinquième du PIB durant les dernières années. Le pourcentage des ménages bénéficiaires de ces transferts est passé de l’ordre de 42 à 69 % de 2000 à 2012. Aussi, lit-on dans le document que le séisme de 2010 avait engendré un afflux d’aide sans précédent sous forme de fonds, de biens et de services. Lesquels ont participé à la réduction du taux de la pauvreté durant cette période en raison du fait que Port-au-Prince, le centre des activités commerciales du pays, a été la plus touchée.
Globalement, la croissance économique d’Haïti est restée décevante au cours des quatre dernières décennies, selon la Banque mondiale. Le pays est confronté à une pauvreté endémique en raison de son histoire qui est marquée par des groupes d’intérêt. L’instabilité politique et des catastrophes naturelles l’ont empêché d’atteindre ses objectifs fixés. Ce qui fait qu’il est aujourd’hui classé parmi les pays les plus pauvres et les plus inéquitables du monde, note ce rapport. De 1971 à 2013, le Produit intérieur brut (PIB) par habitant a reculé de 0,7 % en moyenne par année. Cette situation avait conduit à la paupérisation de près de 59 % de la population, soit 6,3 millions d’Haïtiens en 2012. Et 2,5 % ne pouvaient pas manger à leur faim.
Haïti, pays émergent d’ici 2030 ?
Le rapport a souligné la nécessité pour les autorités d’adopter une approche quantitative axée sur la mise en œuvre des stratégies incluant des investissements les plus importants en matière de capital humain et physique. Ce, en vue de contribuer particulièrement à la stabilité politique. Ce document a aussi fait remarquer qu’une croissance plus rapide ne suffira pas à elle seule à améliorer de manière significative le niveau de vie de la population. Cela ne sera rendu possible qu’à travers une démarche visant la réduction de l’inégalité dans la répartition des revenus. Cette réduction doit prendre en considération les personnes vivant dans l’extrême pauvreté qui ne doivent pas dépasser 3 % d’ici 2030. Ainsi, l’économie devrait atteindre un taux de croissance de deux à trois fois supérieur durant ses meilleures années.
Saluant la cérémonie, le titulaire du MEF, Wilson Laleau a déclaré que ce rapport résulte d’un diagnostic sur la situation socio-économique du pays. « Il a suscité beaucoup d’intérêt. Il montre que l’on réduit la pauvreté (dans le pays). Mais au niveau de la paysannerie, elle a augmenté », souligne-t-il.
Le rapport a mis ainsi l’accent sur la nécessité pour l’État haïtien de développer de nouvelles stratégies via la mise en place de nouveaux outils. Ce qui lui permettra de satisfaire les multiples besoins de la population. Ce document, souligne le titulaire du MEF, est déjà en circulation, affirmant qu’il n’a pas fait mention des propositions de solution qui permettraient de faire des projections.
Dans la même veine, l’envoyée spéciale de la Banque mondiale en Haïti, Mary Barton Doc a fait savoir qu’Haïti a réussi à réduire l’extrême pauvreté. Le pays maintient la stabilité macro-économique. Avec une main-d’œuvre de plus en plus jeune, la proximité des États-Unis et d’autres grands marchés, il a de grandes opportunités économiques dans l’industrie agro-alimentaire, l’industrie légère et le tourisme.
Après le séisme, poursuit Mme Doc, Haïti a connu sa meilleure performance économique depuis des décennies avec un taux de croissance réelle, atteignant en moyenne 3,3 % de 2011 à 2014. Cette performance, souligne-t-elle, est en partie stimulée aux financements liés à la reconstruction. Elle a toutefois fait remarquer que cette croissance est fragile et ne sera pas suffisante pour que le pays atteigne son objectif de devenir une économie émergente d’ici 2030. « Haïti est à la croisée des chemins et ce diagnostic identifie les domaines d’action prioritaires pour générer des opportunités pour tous les Haïtiens », a-t-elle conclu.
La Rédaction
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