10 raisons qui expliquent ce soulèvement populaire contre Jovenel Moise

10 raisons qui expliquent ce soulèvement populaire contre Jovenel Moise

Par Stanley Junior Mésalier — La légitimité d’un chef d’État dépend indubitablement de la voie des urnes et sa popularité dépend de son leadership et de la confiance qu’il peut insuffler.  Jovenel Moise est un président légitime mais très impopulaire, avec ces 500 mille voix lors des dernières élections à son actif. Il est surtout l’héritier du régime Tèt-kale de Michel Joseph Martelly chassé en fin de mandat du pouvoir et qui n’a pas pu organiser les élections présidentielles. Il a laissé derrière lui une transition politique occasionnant l’avènement du Sénateur Jocelerme Privert au pouvoir. Mais ce dernier a quand même organisé les élections présidentielles et investit Jovenel Moise au pouvoir le 7 février 2017.


Jovenel Moise dès son entrée au pouvoir engage le pays dans un ensemble de mesures mal calculées et irréfléchis, qui a conduit la population déjà méfiante à son égard à le décrédibiliser davantage.

Dans cette analyse nous allons mettre en relief les 10 raisons qui expliquent ce soulèvement populaire contre Jovenel Moise :

Raison 1. La caravane du changement

La caravane du changement est une mesure visant à répondre prestement aux problèmes les plus urgents de l’agriculture, si nous pouvons nous fier aux mots du président lui-même. Dans une adresse du Palais National, Nous pouvons lire: « Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Jovenel Moïse, accompagné du Premier Ministre, Dr Jack Guy Lafontant, du Président du Sénat de la République, l’honorable Youri Latortue et de celui de la Chambre des Députés, l’honorable Cholzer Chancy, procède, ce lundi 1er Mai 2017, au lancement officiel de la Caravane du Changement dans la localité de Lagrange, 5ème section communale Bocozelle (Saint-Marc). »

 Une année après, les problèmes demeurent, on n’entend plus parler de cette localité et nous ne savons pas non plus de ce qu’adviennent les travaux. La caravane du changement n’a pas apporté les résultats attendus dans les départements de l’Artibonite, du sud, de l’Ouest pour ne citer que ceux-là. L’erreur de cette stratégie caravanière : on concentre une grande partie du budget de l’État dans ce projet et on néglige les ministères et autres directions qui articulent le service public.

Raison 2. L’augmentation des taxes et impôts

Dans un article paru dans le quotidien Le Nouvelliste, on note qu’une augmentation considérable de taxes est observée sur les services préliminaires dont la population fait usage. Pour illustrer : les contraventions de police de la circulation routière des véhicules, les passeports, les cartes d’indentification, l’impôt des petites et moyennes entreprises, etc. sont de charges imposées qui pèsent lourdement sur la population. Entre temps, la colère des ouvriers des usines de sous-traitance gronde. Ils réclament l’augmentation de leur salaire. Au lieu de saisir cette occasion, la réponse du gouvernement tranche en faveur des détenteurs de moyens de production. Le peuple est à bout de sa misère et sa crasse. Les éternels défavorisés vont donner le ton sur le béton. Le papier de l’anthropo-sociologue Louis Dérynx Petit-Jean qui souligne les neufs raisons qui obligent la démission du président trouve écho dans notre sensibilité citoyenne.

Raison 3. L’augmentation du prix de l’essence à la pompe

Ceci peut être une histoire à raconter à nos enfants dans la mesure où on peut leur  expliquer dans un registre de conteur, qu’il était une fois lors d’un match de football opposant le Brésil et la Belgique, lors du quart-de-final de la coupe du monde 2018, le gouvernement haïtien a profité de ce moment de folie footballistique pour hausser le prix de l’essence à la pompe ; dans le même élan d’excès, on fixe le prix du transport en commun. C’était bien compter et mal calculer. Le Brésil a perdu le match.  Soudain, dans un accès de rage, le peuple surpris, s’est soulevé contre la décision gouvernementale. Le tableau est sinistre : émeutes, casses, pillage des maisons de commerce, véhicules incendiés, etc. Il en est résulté de cette révolte soudaine une paralysie du pays pendant 3 jours. On n’oubliera jamais ces jours noirs : 6, 7 et 8 juillet 2018. Pour l’histoire, rappelons que le 8 juillet marque l’entrée en vigueur de la première constitution haïtienne, celle de 1801, adoptée par le précurseur de la Patrie Toussaint Louverture.


Raison 4. L’entrée fracassante sur la scène du mouvement PetroChallenge

En effet, le réalisateur Gilbert Mirambeau Junior a jeté l’ancre du mouvement PetroCaribeChallenge dans les médias sociaux en juillet 2018, en s’affichant les yeux bandés avec une pancarte à la main où est inscrit le message clé de l’année : Kot kòb PetroCaribe a ?, action qui allait basculer le pays, les jeunes en majorité, dans un mouvement social jamais observé depuis 1986.

Quelques semaines plus tard, nombre d’artistes de l’univers musical de toutes tendances ont suivi le rythme ; peu de temps après,  les étudiants sont montés à bord de cette locomotive revendicative, des écoliers et des chefs d’entreprises ont saisi ce train en marche. Ce mouvement crée des évènements : sit-in devant la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) le vendredi 24 août 2018.  La présence des leaders politiques est conspuée ; chemin faisant, les partis politiques qui s’opposent au pouvoir en place, emboîtent le mouvement qui fait des vagues dans les esprits et dans les cœurs de ce qui veulent que les choses changent vraiment en Haïti. Les leaders politiques crient haut et fort que le procès PetroCaribe est irréalisable avec la présence du Président Jovenel Moise à la tête de l’État. L’idée s’amplifie, les manifestations aussi.

Raison 5. La violence dans les manifestations

Le dimanche 23 deptembre 2018, un groupe de citoyens de toute catégorie d’âge, de sexe, de rang social s’est amassé à l’entrée principale de l’Église Saint-Pierre de la rue Grégoire, à Pétion-ville, pour demander compte sur les fonds PetroCaribe. Ils se font appeler ‘’PetroChallengers.’’ Dans la foule, des pancartes sont brandies ; ‘’se pa BlaG se tout bon, pou lajan PetroCaribe a n ap mande’’. Au dos de certains maillots ‘’ Pitit Tè a”  ils chantaient tous ensemble cette mélodie : Saint-pierre Oooo nou pral fè yon wout Oooo ann ale avè nou. 10hr30 AM la manifestation est mise en route direction Delmas, arrivée à Delmas 31 nous avons reçu une visite inattendue de ‘’Garry Sound’’ un Sound truck ou véhicule sonore accompagné d’une foule de gens avec des maillots du secteur démocratique, qui viennent grossir nos rangs pour le plaisir de notre groupe, car nous les avons accueilli avec des acclamations.

Maintenant direction ruelle Nazon en passant par Carrefour aéroport. Une foule immense défile sur le macadam, acclamé par des mots d’encouragements des riverains sur le trottoir acclament les manifestants. Arriver au coude de  Pont-Morin et avenue Lamartinière, on remarque un escadron de policiers aligné sur la route menant à l’hôtel Marriott. Effectivement, certains manifestants non identifiés ont voulu à tout prix se diriger vers l’hôtel, en raison des dires de l’ex Président Michel Joseph Martelly: « lajan m te volè nan fon petrokaribe a se nan otèl Marriott ak Best western m te envesti’l. » mais, les policiers ont fait bonne garde, et les manifestants n’ont pas voulu retourner sur leurs pas, certains ont commencé à lancer des pierres en direction des forces de l’ordre. Les policiers ont finalement réagi en lançant des gaz lacrymogènes. Pris de panique certains manifestants qui n’étaient pas au feu de l’action, ont cru à un boycottage de la part de la police nationale obéissant aux ordres de Jovenel Moise. Ils ont vite radicalisé le mouvement ; barricade, pneus enflammés, l’avenue Jhon-brown Lalue fut ce jour-là le théâtre d’affrontement manifestants et policiers, ces derniers ont utilisé une eau à forte teneur toxique pour éteindre le feu des barricades.

Quelques semaines plus tard, le 17 octobre, le Pont-rouge a été cette fois-ci le podium des affrontements manifestants et policiers, des officiels du gouvernement, des morts ont été enregistrés pendant cette journée. Un mois plus tard soit le 18 novembre 2018, les manifestants ont essuyé des tirs venant des ‘’snippers’’ selon certain témoignage émanant d’eux, le pire dans tout ça, le directeur général de la police nationale lui-même a évoqué sur les ondes d’une station de radio de la capitale, qu’il y avait effectivement de faux policiers au sein de l’institution policière qui n’étaient pas sous son commandement. Toutes ces agitations installent chez le militant un sentiment de vengeance à l’égard des policiers. Ce n’est pas sans raisons que certains policiers se font assassinés.  

Raison 6. Le massacre de ‘’Lasalin’’ par des bandits armés soi-disant proches de la première dame.

Le 13 novembre 2018, il n’y a pas eu des morts à la Saline. Il y a eu aussi des cas de disparition forcée, de pillage, de vol, viol et déplacés internes. Cette phrase citée du journal Le nouvelliste[1] indique toute une série d’horreurs que subissent les habitants de ce quartier pauvre de Port-au-Prince. Plus de 80 cas de mort et autres extorsions enregistrés, les déplacés ne peuvent plus retourner dans leur maison depuis ce jour ils vivent toujours sur les places publiques dont celle dénommé « Place d’Italie ». Les rumeurs touchant le délégué départemental de l’Ouest l’impliquant dans ce massacre n’ont jamais été démenties.

Raison 7. L’augmentation du taux du dollar et les produits de premières nécessités

En effet, le mois de décembre 2018 fut un mois de ravitaillement pour certaines institutions ayant été perturbées par les turbulences de l’année 2018, à cause des mauvaises décisions politiques prises par des dirigeants. Nous pouvons comparer cette situation à un Etat en guerre, où les infrastructures et les structures sociales ont été détruites. Ainsi, nous avons constaté une augmentation radicale des produits de premières nécessités et par la même occasion une augmentation vertigineuse du taux du dollar américain par rapport à la gourde, plus de 83 Gdes pour un 1 dollar. Sans oublier le taux de l’inflation qui est au plus haut niveau, près de 16%. Les petites bourses n’arrivent plus à joindre les deux bouts dans ces conditions, et avoir de la nourriture chez soi est devenue un luxe, scandent les habitants dans certains quartiers défavorisés de la capitale. Face à cette situation, la masse se retrouve coincer entre la misère et la mort. Ainsi, un jeune garçon dénommé Junior, fut le premier a poussé un cri d’alarme sur les réseaux sociaux contre la misère qui l’étouffe et appelle les dirigeants, Jovenel Moise, en particulier à prendre conscience et à faire quelque chose pour ses frères qui végètent dans cette situation calamiteuse. Mais, le pouvoir reste indifférent au cri de ce jeune homme.

Raison 8. Le vote contre le président Nicholas Maduro du Venezuela et la reconnaissance de Juan Guaido du pouvoir.

Le vote d’Haïti contre le Venezuela le 10 janvier 2019 a soulevé la conscience populaire contre le pouvoir en place. Le président Jovenel Moise a salué la réélection de Nicholas Maduro en mai 2018, ensuite le 27 novembre, il a rendu une visite officielle à son homologue. lit-on dans un article en ligne : Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Jovenel Moïse, accompagné du Ministre des Affaires étrangères, M. Antonio Rodrigue, a été accueilli ce lundi 27 Novembre 2017 à Caracas, au Venezuela, par son homologue Nicolas Maduro dans le cadre d’une visite officielle dans ce pays frère. Le Président Jovenel Moïse profitera de son séjour dans la capitale vénézuélienne pour parapher plusieurs accords de coopération dans les domaines de l’agriculture, des infrastructures routières et de l’énergie.[2] Une grande partie de la population haïtienne dont le mouvement politique « Rasin kan pèp la » dénonce cette attitude qu’il qualifie de « trahison contre un pays frère »[3]. Le 25 janvier 2019, Haïti reconnait officiellement le président autoproclamé du Venezuela Juan Guaido. Action que l’opposition politique haïtienne compte utilisée si le président Jovenel Moise ne quitte pas le pouvoir, ils proclameront un président parallèle, selon leur porte-parole. La vraie question reste à savoir, si ce vote est la bonne décision que devrait prendre le pouvoir en place?

Raison 9. Le rapport de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif épingle Jovenel Moise

Le rapport PetroCaribe qui a été acheminé au sénat le 1er février 2019 par la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif CSCCA relève des infractions liées au blanchiment de capitaux et l’enrichissement illicite. En effet, le rapport  épingle le président de la République qui n’était pas président à l’époque où il dirigeait l’Entreprise qui a reçu des contrats sans appel d’offre. Cet élément de preuve a confirmé les affirmations des partis politiques de l’opposition : Il n’y aura pas de procès PetroCaribe avec Jovenel Moise président de la République. Par la même occasion, les PetroChallengers ont modifié leur message « Ba nou kòb PetroCaribe a, nou pap dòmi ». (Rendez-nous l’argent du PetroCarribe, on ne dort pas). Ce rapport est considéré comme la dernière goutte qui a renversé le vase de la  mauvaise pratique politique de l’administration Moïse-Céant.

Raison 10. La perte totale de confiance du peuple à l’égard du président Jovenel Moise

Le Président Jovenel Moise est devenu un fieffé menteur, un « bluffeur »  si on peut utiliser les propos du chanteur BlayiOne meringue carnavalesque 2019 ’’PREZIDAN PA PRIDAN’’ depuis son parcours de candidat jusqu’à son investiture et deux ans de mandat. Il a proféré un ensemble de promesses qui ont laissé la population dans l’angoisse et une inquiétude constante. D’abord, il a promis de rehausser l’économie du pays en encourageant des investissements dans le domaine de l’agriculture, d’où sa formule : (Mete manje nan asyèt pèp la, mete lajan nan pòch pèp la). Parole de vent. La population voit que ce discours ne prend jamais le chemin de la réalité.

Malgré les protestations urbi et orbi, cette tête raide enflée de mensonges éhontés tient mordicus à formuler des promesses à faire dormir debout : électrification totale du pays tout entier dans 24 mois (kouran 24/24 nan 24 mwa), accès à l’Internet gratuit pour les jeunes dans les espaces publiques (wifi sou Chann-mas), l’exportation de bananes vers l’Allemagne avec la compagnie Agritrans, (la compagnie ne produit plus) sans compter les promesses faites dans toutes les sphères géographiques d’Haïti.  Ainsi, la population a perdu toute confiance en monsieur Promesse. Ainsi Jovenel devient un conteur qui raconte à des enfants que papa Noël va venir avec un sac bourré de cadeaux.

Depuis le 7 février 2019, le pays est en mode ‘’Lock’’: les supermachés, les magasins, les transports, les écoles, les églises, enfin rien ne fonctionne. A cause des manifestations violentes organisées à l’appel de l’opposition politique et des PetroChallengers. Rappelons qu’ils ont organisé des conférences de presse sur le rapport de la Cour supérieure des Comptes et du Contentieux administratif épinglant le président de la République Jovenel Moise. Depuis, les manifestations déferlent sur le territoire. Même les citoyens qui vivent au jour le jour ont consenti de grands sacrifices en se terrant chez eux. Ils veulent en découdre avec ce système pourri et ces autorités insensibles à la détresse du peuple.

L’affaire de la première Dame qui a séjourné en République dominicaine sous un autre nom n’a pas fait long feu dans la presse haïtienne pendant que la presse Dominicaine, elle, intensifie les débats. Tout comme certains observateurs parlent d’un autre système politique, ils croient que ce système vielle de 213 ans est arrivé à son terme et que les réponses sociaux économico-politiques n’ont pas donné de résultats satisfaisants et que l’écart entre les classes forme au fil du temps un fossé énorme. Moun anwo ne veut pas regarder le gouffre vertigineux dans lequel végète un peuple.

La raison d’être de ce système politique, est de permettre à Haïti d’être autonome, souverainement indépendant et de travailler pour le bonheur du peuple haïtien. Malheureusement les richesses du pays sont détournés au profit d’une minorité d’individus sans foi ni loi qui enfonce l’État d’Haïti dans un abime sans fond. Aussi, nous du parti indigène, nous nous demandons : à quoi bon sortir seul de cette grande souffrance si la majorité écrasante du pays souffre ?

Le parti Indigène retient quelques données positives de ce séisme sociopolitique. La population, enfin, s’est réveillée. Elle a pris conscience que la politique c’est son affaire, elle doit demander des comptes ; que les choses doivent changer avec un autre personnel politique plus jeune, plus capable, plus conscient de cette réalité dont on a fait fi trop longtemps pour s’enrichir à grande vitesse.

Le parti marche avec le peuple et l’accompagne dans son mouvement qui revendique la justice, l’égalité, la distribution de la richesse et un État responsable qui n’encourage pas la jeunesse des quartiers populeux à verser dans le banditisme. L’État accompagnera ses jeunes dans des structures viables qui les orienteront dans la voie du progrès : éducation, travail, métier, loisirs sains, etc.

Que Dieu bénisse Haïti !

Stanley Junior Mésalier

Secrétaire général Parti Indigène


[1]  https://www.lenouvelliste.com/article/195549/situation-de-terreur-a-la-saline-le-pouvoir-et-lopposition-indexes-dans-le-rapport-de-fjkl

[2] https://rtvc.radiotelevisioncaraibes.com/en/jovenel-moise-au-venezuela

[3] http://www.loophaiti.com/content/la-presse-de-lam-latine-parle-du-vote-dhaiti-contre-le-venezuela 



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