« Révolution Muette » : en Haïti une nouvelle révolution prend forme
Après les 5, 6 et 7 juillet 2018, encore une fois la population haïtienne connaît des journées sombres après la grande manifestation pacifique du 9 juin 2019.
Cette grande manifestation, selon certains acteurs, exprime le refus de la population haïtienne de ne plus vouloir vivre dans la pauvreté. Le temps s’annonce plutôt mal pour le président Jovenel Moïse, qui devient la cible de plusieurs secteurs de la vie nationale.
Mais ces revendications populaires cachent une nouvelle tendance des Haïtiens, issus de la grande majorité, à exprimer leur désaccord avec le système en place. Après plus d’une trentaine d’années, ce pays des caraïbes n’arrive toujours pas à sortir de l’impasse de la pauvreté. Une nouvelle forme de lutte populaire s’impose, une nouvelle tendance qui marquera l’histoire du pays et du monde.
Après de multiples manifestations populaires en Haïti depuis les deux (2) années de gouvernance de l’actuel président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse, le peuple haïtien a entamé pour la première fois ce que j’appelle après maintes observations “la Révolution muette’”.
Une nouvelle forme de révolution populaire, qui traite du soulèvement des Haïtiens à ne pas vaquer à leur occupation à cause d’un certain ras-le-bol du système en place. Cette passivité explique clairement la volonté manifeste de nos compatriotes de ne plus vouloir cohabiter avec des politiques qui ne tiennent pas compte de la réalité populaire.
Les sociologues haïtiens ne sont pas encore conscients de ce phénomène historique qui prend forme à l’ère des réformes dans la politique haïtienne, une fois encore , qui nous mettra dans les annales des grandes révolutions mondiales. Si pour certains le concept « pays lock » est l’expression populaire pour ironiser le pouvoir, pour moi il demeure une devise qui fait la promotion de cette nouvelle révolution réalisée involontairement par tout un peuple en difficulté.
Certaines révolutions à travers le monde ont été planifiées dès leur début, comme la révolution de couleur réalisée par des étudiants en Eurasie et au Moyen-Orient. Pourtant d’autres ont fait une apparition soudaine sans la moindre planification au départ, et ont pris forme durant le déroulement des réformes comme la révolution tranquille des années 1959-1970 au Québec. Elles ont toutes eu des impacts positifs jusqu’à chambardé les systèmes en place.
Maintenant l’aspect rationnel de la situation d’Haïti suscite beaucoup de réflexions, car si l’on tient compte des indicateurs de sous-développement de ce pays qui est exécrablement insignifiant, comment arriverons nous à comprendre : qu’un salarié peut s’hasarder de ne pas se présenter volontairement au bureau, sans risque, le lendemain d’une journée de grande mobilisation ? Comment expliquer qu’une Petite et moyenne entreprise (PMA) peut aller jusqu’à fermer ses portes durant des jours parce que tout simplement le dollar américain à pris son envol sur le marché ? Cela porte à réfléchir sur la complexité du comportement, qui, quelque part involontairement, cache un désir de refus et de chambardement total des pratiques politico-économiques et sociales.
Dans un pays ou rien ne fonctionne, la majeure partie de la population est livrée à elle-même sans une quelconque assistance. Quelle alternative devrait-elle prendre pour accroître les chances de demain ? Durant ce temps, nos hôpitaux sont remplis de jeunes en situation de grossesse prématurée, car le sexe n’est pas interdit en situation de crise.
Des enfants naissent ; des politiciens s’entredéchirent ; la jeunesse active cherche des alternatives ; la communauté internationale observe ; la presse internationale s’enrichit dans la publication d’informations sulfureuses qui proviennent d’Haïti. Finalement, nous sommes seuls au monde. Sur ce ring, les boxeurs sont maladroits, et sont assistés par une foule de gens qui n’ont rien à perdre mais tout à gagner. Je parle des politiciens avérés et de la communauté internationale.
Cette “tendance noire et affairiste” exprime ce refus de la population de prendre leur avenir en main en restant chez eux, signe de la façon de faire entendre leur voix.
La grande question à se poser est simple : ou est passé le Parlement haïtien ? Si toutefois ce pouvoir politique existe encore bel et bien ? Qu’attend-il pour prendre en main la fin du processus de départ du pouvoir exécutif ? Sans vouloir être trop pessimiste, l’actuel pouvoir en place dirige quoi ? De fait, le Parlement contrôle quoi ? Avec l’insécurité qui atteint son paroxysme, la crise alimentaire qui tue nos enfants de malnutrition, nos étudiants frustrés et sans encadrement qui font des pierres leurs principaux outils de revendication, des détenteurs de licence, au moins, qui ne travaillent pas… est-ce qu’on peut dire qu’Haïti est dirigée ?
La lutte vers la souveraineté nationale prend une autre tournure. D’autres pratiques voient le jour dans notre société. L’Haïtien n’est plus l’homme des champs qui triomphe à coup de machette, mais devient le Citoyen qui se met en rébellion dans le silence, dans un calme profond. La population active, minoritaire, réplique différemment, mais la grande majorité silencieuse, quand à elle, reste à la maison en attendant que le président démissionne.
Cette majorité, c’est elle qui revendique dans son silence, c’est elle qui symbolise l’électorat réel haïtien. Cette majorité, en à marre de ce système, du coup involontairement elle se soulève au vu et su de tous. Nous sommes actuellement dans une impasse profonde et historique qui mènera Haïti la où elle devrait être depuis fort longtemps : au cœur des grands changements socio-économiques et politiques. En route pour une Haïti libre et développée !
Editorialiste, Analyste
et Commentateur Politique de Haitinews2000
La Rédaction
Contact : actualites@haitinews2000.com
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