Comment doit-on interpréter la déclaration commune des ambassadeurs accrédités en Haïti en faveur d’une trêve humanitaire ?

Dans une déclaration publique, les ambassadeurs du core group appellent à une trêve humanitaire dans le cadre de la crise du carburant qui sévit dans le pays depuis plus d’un mois.

Ces ambassadeurs évoquent le blocage du terminal Varreux qui empêche la livraison et la distribution du carburant à travers les pompes. En effet, le terminal Varreux où serait stocker les produits pétroliers n’est pas accessible aux camions en raison des hostilités de la fédération du gang G9.

Dans des déclarations à la presse, Jimmy Cherizier avait revendiqué le blocage de ce terminal en attendant la démission du premier ministre contesté Ariel Henry. Sans vouloir les offenser, Ne devons-nous pas interpréter la sortie de ses ambassadeurs comme un appel du pied à Jimmy Cherizier allias Barbecue ?

Cet appel à une trêve humanitaire en faveur la livraison et la distribution des produits pétroliers, n’est ce pas une façon pour ces ambassadeurs étrangers de reconnaître l’incapacité du premier ministre et son gouvernement à faire régner l’ordre dans le pays ?

Entre le gang G-9 et le gouvernement du premier ministre Ariel Henry, qui dispose le monopole de la violence légitime ? En évoquant le blocage du terminal Varreux, il semblerait que ces ambassadeurs s’adressent directement à Jimmy Cherizier et à la fédération du gang G-9.

Ainsi, Serait-il absurde de chercher véritablement à comprendre quel est le vrai statut de ses individus aux yeux des ambassadeurs et des agences des nations unies accrédités en Haïti ? Sont-ils vraiment considérés comme des chefs de gangs où des fractions politiques révolutionnaires ?

En tout état de cause, on doit nous aider à dissiper la confusion.

Dans des pays où il y’a confits armés entre groupes rivaux, il est récurrent d’entendre des appels à la trêve. Aussi, c’est le cas dans des pays où il y’a rivalités entre pouvoir de l’Etat et fractions politiques armées.

Cet appel à Jimmy Cherizier et à la fédération du groupe G-9 en faveur d’une trêve humanitaire semble apparaître comme un aveu.

En effet, si pour des ambassadeurs étrangers, le gouvernement devra trouver une entente avec Jimmy Cherizier et le groupe G-9 afin de faciliter la livraison des produits pétroliers, il va sans dire que Jimmy Cherizier est désormais, un homme fréquentable.

Qui sait ? S’il s’avère nécessaire aux yeux des dignitaires de la communauté internationale, il se pourrait que les gangs soient bientôt conviés à la table des négociations ?

Encore le Core Group dans ses œuvres, en attendant sa prochaine démonstration.

Abel Descollines

Porte-parole du CADOA

Membre du Groupe de Concertation Politique