Haïti : Des chefs de gangs dans le viseur du département d’Etat américain

Haïti : Des chefs de gangs dans le viseur du département d’Etat américain
FILE PHOTO: U.S. Secretary of State Antony Blinken delivers remarks during the fourth U.S.-India 2+2 Ministerial Dialogue at the State Department in Washington, U.S., April 11, 2022. REUTERS/Michael A. McCoy/Pool/File Photo

WASHINGTON – Le département de la Justice a annoncé aujourd’hui la levée des scellés des accusations pénales portées contre sept chefs de cinq gangs haïtiens, dont les chefs de gangs impliqués dans les enlèvements à main armée, en automne de 2021, de 16 citoyens américains.

« Lorsqu’un citoyen américain est enlevé à l’étranger, le département de la Justice engagera la pleine portée de ses autorités chargées de l’application du droit afin de garantir son retour en toute sécurité et tenir pour responsables les auteurs, » a dit Merrick B. Garland, procureur général des États-Unis. « Comme ces chefs d’accusation démontrent, nous somme déterminés à collaborer avec nos partenaires interservices et internationaux dans le but d’interrompre ces mécanismes d’enlèvements contre rançon qui mettent en danger la vie de citoyens américains et alimentent les gangs violents et nuisent au peuple haïtien ».

Les chefs accusation descellés aujourd’hui comprennent notamment les accusations portées contre trois citoyens haïtiens pour association de malfaiteurs en vue d’une prise d’otages et pour prise d’otages en raison de leurs rôles dans l’enlèvement à main armée, en automne de 2021, de 16 citoyens américains à Haïti. La plupart des victimes, des missionnaires chrétiens travaillant près de Port-au-Prince, Haïti, ont été détenus pendant 61 jours en captivité avant de prendre la fuite. Le groupe comprenait cinq enfants, dont un avait à peine huit mois au moment de l’enlèvement.

Parallèlement à l’annonce d’aujourd’hui, le département d’État des États-Unis annonce une récompense de 3 millions de dollars (un million de dollars pour chacun des trois inculpés accusés de l’enlèvement des missionnaires) pour des renseignements permettant la capture des trois inculpés qui se trouveraient à Haïti. La récompense est offerte dans le cadre du programme Transnational Organized Crime Rewards Program.

Les trois inculpés, accusés dans des actes d’accusation distincts déposés dans le District de Columbia, sont : Lanmo Sanjou, alias Joseph Wilson, 29 ans, et Jermaine Stephenson alias Gaspiyay, la mi-vingtaine dépassée – tous deux les chefs actuals du gang 400 Mawozo ; ainsi que Vitel’homme Innocent, 36 ans, chef du gang Kraze Barye. Le gang 400 Mawozo, qui opère dans la région de Croix-des-Bouquets, à l’est de Port-au-Prince, Haïti, a revendiqué la responsabilité de l’enlèvement des missionnaires. Le gang Kraze Barye opère dans les régions de Torcelle et Tabarre à Haïti. D’après l’acte d’accusation, Innocent a collaboré avec les 400 Mawozo dans la prise d’otages.

En sus des inculpations pour l’enlèvement des missionnaires, le département de la Justice a annoncé des chefs d’accusation à l’encontre de quatre autres ressortissants haïtiens à la tête de trois autres gangs accusés de deux autres enlèvements de ressortissants américains à Haïti.

« Les chefs accusation descellés aujourd’hui nous rappellent la capacité du FBI à atteindre les acteurs criminels à l’étranger lorsque des crimes sont commis à l’encontre de citoyens américains », a dit le Directeur du FBI Christopher Wray. « Avec nos partenaires fédéraux et internationaux, le FBI continuera à poursuivre – où qu’ils soient – tous ceux qui prennent des Américains pour cibles de prise d’otages ou autres crimes violents ».

« Nous nous tenons aux côtés du peuple haïtien dont le pays est ravagé par des gangs violents ayant un impact sur chaque aspect de la société », a déclaré Matthew M. Graves, le procureur général pour le District de Columbia. « Nous nous engageons à utiliser tous les moyens disponibles aux fins de poursuivre ces gangs et désorganiser leurs activités criminelles à Haïti et rendre justice à nos victimes ».

« Le FBI à Miami a la responsabilité extraterritoriale pour les Caraïbes, et l’Amérique Centrale et du Sud » a dit Robert M. DeWitt du FBI à Miami, agissant comme agent spécial chargé. « Lorsque des crimes visant des citoyens américains sont commis à Haïti et dans toute cette région, nous ne relâcherons pas nos efforts. Les pleins pouvoirs d’enquête du FBI seront engagés pour identifier les responsables ».

L’enquête portant sur l’enlèvement du 16 octobre 2021 des missionnaires a également résulté en deux accusations supplémentaires. Deux présumés chefs du gang 400 Mawozo avaient préalablement été accusés des crimes. Joly Germine, alias « Yonyon », 30 ans, et Jean Pelice, alias « Zo », 27 ans, ont été inculpés en juillet 2022 par une mise en accusation de remplacement. Ils ont tous deux plaidé non coupables aux chefs d’accusation. Selon la documentation judiciaire, Germine, qui, au moment de l’enlèvement, était incarcéré dans une prison haïtienne, dirigeait et contrôlait les opérations d’enlèvement perpétrées par les membres du gang 400 Mawozo, et notamment les négociations d’une rançon pour la libérer les otages. Un des objectifs avoués de la prise d’otages par le gang, était d’obtenir du gouvernement haïtien la libération de prison de Germine. Germine aurait eu des contacts réguliers avec les autres chefs de 400 Mawozo au sujet de l’enlèvement et de la captivité des otages, ainsi que de la rançon. Deux otages ont été libérés autour du 20 novembre 2021 et trois autres ont été libérés autour du 5 décembre 2021. Les autres otages se sont échappés autour du 16 décembre 2021.

                De plus, des chefs d’accusation dans le cadre d’affaires impliquant trois autres gangs haïtiens ont été descellés :

·         Le chef du gang Gran Ravine, Renel Destina, alias « Ti Lapli », 40, est accusé de prise d’otages. Gran Ravine contrôle les zones au sud-ouest de Port-au-Prince. L’acte d’accusation retient contre le gang les charges d’enlèvement en février 2021 d’une victime américaine, de détention de la victime pour environ 14 jours durant quel temps la victime a été quotidiennement menacée avec une arme, alors que sa famille se démenait pour trouver les fonds. En fin de compte et après versement de rançon, la victime a été libérée le 16 février 2021.

·         Emanuel Solomon, alias « Manno », dans la trentaine, un chef du gang Village de Dieu, est accusé dans une plainte pénale de l’enlèvement en janvier 2021 d’un citoyen américain. Le gang Village de Dieu contrôle les zones au sud-ouest de Port-au-Prince. La victime a été prise en otage avec une arme et détenue pendant quelques 11 jours jusqu’à ce que sa famille et ses amis versent une rançon à Haïti pour obtenir sa libération. Le gang a gardé la voiture et les deux téléphones de la victime et l’a finalement libérée le 23 janvier 2021. Manno et les autres chefs de gang sont actifs sur les médias sociaux et affichent les exploits du gang.

·         Deux chefs du gang Kokorat san Ras, notamment John Peter Fleronvil et Jean Renald Dolcin, ont été accusés dans une plainte pour enlèvement en juillet 2022, sous la menace d’armes, de trois victimes américaines.  Deux des victimes, un couple marié, ont été détenues pendant six jours et libérés après versement de rançon par un membre de la famille. Une troisième victime a été emmenée captive le jour après les deux autres victimes américaines et détenue pendant quelques six jours alors qu’un membre de sa famille négociait sa libération. Cette dernière victime aussi a été libérée après versement de rançon au gang. Les victimes ont toutes été détenues dans le même lieu. Fleronvil et d’autres membres du gang Kokorat san Ras ont été arrêté le 11 septembre 2022 par les forces de l’ordre haïtiennes alors qu’ils s’apprêtaient à traverser la frontière avec la République Dominicaine.

Destina, Solomon et Dolcin sont aussi recherchés.

Les chefs d’accusation ne sont que des allégations et chaque inculpé est présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable par un tribunal au-delà du doute raisonnable. S’il est déclaré coupable d’une des infractions, la peine sera déterminée par la cour sur base des lignes directrices sur la détermination de la peine [Sentencing Guidelines] de consultation et autres facteurs statutaires.

Les affaires sont en cours d’instruction par l’antenne du FBI à Miami avec l’apport précieux de Diplomatic Security Service du département d’État. La Police nationale d’Haïti a aussi apporté une aide importante. Les affaires sont instruites par les procureurs fédéraux adjoints Karen P. Seifert, Jack Korba et Brittany Keil, avec l’assistance du spécialiste juridique Jorge Casillas et le procureur fédéral adjoint spécial Beau Barnes du parquet fédéral du District de Columbia.


La Rédaction

La Rédaction Contact : actualites@haitinews2000.com
Enable Notifications OK No thanks