Le cynisme des élites politiques dans la crise haïtienne : quelle issue ?

L’assassinat de l’ancien Président Jovenel Moïse s’est révélé être un coup dur pour la démocratie ainsi que pour l’ordre républicain. De cette vacance du pouvoir émerge le Premier Ministre Ariel Henry, héritier de controverses dans un désert constitutionnel.

Face à cette situation, les lois se taisent et un consensus politique s’impose à travers deux accords : celui du 11 septembre et celui du 21 décembre 2022.

Après deux ans de gouvernance du Premier Ministre Ariel Henry, où en sommes-nous ?

Le bilan du pouvoir en place est très maigre, malgré les efforts consentis pour redresser l’Administration Générale des Douanes ainsi que les différentes juridictions de parquet. Cependant, le pouvoir n’arrive pas à faire bouger les lignes, malgré la bonne foi de nombreux signataires de l’accord du 21 décembre 2022 et de certains non-signataires.

Pourquoi n’y a-t-il toujours pas de mécanisme pour élargir le consensus ?

Pendant un certain temps, le pays était sur la voie de reconnaître certains accords avec des démarches civico-politiques, tels que l’accord Montana, l’accord Louisianne, mais en cours de processus, ils ont été désagrégés, fragmentés et même scindés. À l’heure actuelle, malgré ses imperfections, l’accord du 21 décembre reste l’alternative debout, en quête d’un élan patriotique avec l’élargissement de ce consensus.

Le pays est à la recherche d’un consensus suffisant pour adresser les problèmes régaliens de la population tels que l’insécurité, le terrorisme, l’insécurité alimentaire, l’éducation, la santé, afin de parvenir à un retour à la normalité.

Les Nations Unies ont beaucoup œuvré pour dénouer la crise politique et maintenant c’est au tour de la CARICOM.

La CARICOM souhaite l’application de sa résolution : établir la sécurité en Haïti de façon prompte, fournir une assistance alimentaire, organiser des élections (résolution AG : L 3007). Elle a récemment joué ses deux cartes avec les différents protagonistes de la crise, l’une en Jamaïque et l’autre en Haïti, sans résultat concret.

La réalité montre la léthargie du pouvoir en place qui n’agit pas en raison d’un gouvernement incompétent et dépourvu de sens du patriotisme, ainsi que de certains non-signataires figés dans leur position voire même cyniques. Le peuple, quant à lui, croupit dans une misère abjecte et est en proie à toutes les formes d’insécurité.

Il est urgent de tirer la sonnette d’alarme contre le cynisme des élites politiques dans la crise haïtienne, car le pays se meurt !

Faisons appel au patriotisme et au dépassement de soi pour élargir le consensus. Soulignons également l’abnégation du Premier Ministre Ariel Henry, qui a décidé d’élargir le Haut Conseil de Transition (HCT) et sa mission en incluant les groupes non signataires, tout en les invitant à former un gouvernement d’union nationale pour mieux adresser les problèmes régaliens de la République et rétablir l’ordre constitutionnel et républicain.

A l’unisson, nous pouvons sauver la transition intérimaire au profit du pays !

Faisons preuve de dépassement de soi en tant que geste patriotique, au nom de nos ancêtres !

Me Valéry Dutreil Jacques Secrétaire Général de la Plateforme Sitwayen Angajew /

membre du Groupe de Concertation Politique pour un compromis historique

E-MAIL : jackyval2002@yahoo.fr