Saint-Domingue s’investit dans l’aide à Haïti

Saint-Domingue s’investit dans l’aide à Haïti
Photo : Handou. / Reuters

Le séisme du 12 janvier 2010 a resserré les liens entre les deux voisins sur l’île d’Hispaniola. L’université Henri-Christophe, dans la commune de Limonade au nord d’Haïti, dans la région de Cap-Haïtien, reçoit depuis le 1er février ses premiers étudiants dans des bâtiments flambant neufs disposés autour d’une impressionnante esplanade couverte.

Il s’agit pour l’instant de cours de mise à niveau pour préparer la rentrée de septembre prochain. Entièrement financée par la République dominicaine – 52 millions de dollars -, elle doit à terme recevoir 10.000 étudiants, ce qui en fera le plus important établissement d’enseignement supérieur d’Haïti.

«J’ai décidé de financer ce projet lors de la conférence des donateurs de Punta Cana qui s’est réunie en juin 2010, soit six mois après le tremblement de terre qui a fait plus de 200.000 morts, précise le président dominicain, Leonel Fernandez. J’ai été le premier chef d’État à me rendre à Port-au-Prince après la catastrophe. J’ai voulu en faire le catalyseur de la réconciliation entre les deux pays qui se partage l’île d’Hispaniola.»

Les relations entre Haïti et Saint-Domingue ont longtemps été conflictuelles. Entre l’ancienne colonie française vouée à la production de canne à sucre, devenue indépendante après les violents combats qui opposèrent les esclaves des plantations à l’armée napoléonienne, et Saint-Domingue, comptoir espagnol utilisé pour fournir les colonies sud-américaines en viande et en céréales, ce sont deux pays très différents qui se sont construits l’un à côté de l’autre.

Au-delà de l’occupation de Saint-Domingue par Haïti entre 1822 et 1824, et du massacre de plus de 15.000 Haïtiens en 1937 sous le régime du dictateur dominicain Trujillo, les déséquilibres démographiques et économiques n’ont cessé d’alimenter les tensions.

Le PIB par habitant est estimé à 3697 dollars à Saint-Domingue, contre 389 en Haïti pour une densité de population respectivement de 214 et 375 habitants au km2 (université Sherbrooke).

Le problème des clandestins

L’immigration haïtienne à Saint-Domingue a longtemps cristallisé les tensions. Le développement économique dominicain attire les populations pauvres de l’ouest de l’île, qui trouvent du travail dans l’agriculture et l’industrie touristique.

En majorité clandestins, les immigrés haïtiens subissent souvent des conditions de travail difficiles. Saint-Domingue a longtemps accusé Port-au-Prince de laxisme à la frontière, tandis qu’Haïti dénonçait les nombreuses exactions contre les Haïtiens émigrés. L’un d’eux fut assassiné en public en 2009.

Depuis le tremblement de terre, ces incidents ont quasiment disparu. Les présidents des deux pays se sont rapprochés et ont initié, surtout depuis l’élection du président Martelly, une coopération dont l’université Henri-Christophe est l’exemple le plus visible.

«Nous partageons la même île, explique le ministre des Affaires étrangères haïtien Laurent Lamothe. Les présidents Martelly et Fernandez ont développé des relations personnelles. La situation s’est nettement améliorée, tant d’un point de vue diplomatique qu’économique.»

Le ministre de l’Intérieur d’Haïti, Thierry Mayard-Paul, assure que le nouveau gouvernement haïtien, formé en octobre 2011, a pris des mesures pour mieux contrôler l’émigration. «Nos frontières étaient poreuses. Nous avons mis en place une garde frontalière plus efficace qui permet de limiter le passage de clandestins. La coopération avec les autorités dominicaines est excellente dans ce domaine.»

Une nouvelle loi sur l’immigration a été récemment adoptée à Saint-Domingue, visant à faciliter la régularisation des Haïtiens, malgré l’opposition d’une partie du patronat dominicain.

Pour l’ambassadeur de la mission de l’ONU (Minustah), Mariano Fernandez, le développement des relations entre les deux pays est la clé pour permettre à Haïti de sortir du chaos où l’a plongé la catastrophe du 12 janvier 2010. «Si la situation économique s’améliore en Haïti comme prévu (plus de 8% de croissance en 2012), les échanges entre les deux pays vont se développer dans l’agriculture, le tourisme et la construction.»

Haïti a subi, après le tremblement de terre, une crise politique grave et une épidémie foudroyante de choléra qui a touché plus de 200.000 personnes. Aujourd’hui, le pays semble retrouver une certaine normalité. Le gouvernement est en place, la situation sécuritaire s’améliore. «Il y a six ans, la police haïtienne, c’était 4000 ou 5000 policiers mal formés et souvent corrompus, explique l’ambassadeur Mariano Fernandez. Aujourd’hui ils sont 10.000, bien encadrés, et la Minustah pense en former 5000 autres en quatre ans.»

Et s’il reste 500.000 réfugiés dans les camps, qui vivent dans des conditions effroyables, ils étaient 1,5 million il y a encore un an.

Source: lefigaro.fr


La Rédaction

La Rédaction Contact : actualites@haitinews2000.com

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