Le Canada, complice ou mal informé? : Une reconnaissance des progrès inexistants en Haïti

Jeudi dernier, l’Ambassadeur du Canada en Haïti, André François Giroux, a remis ses Lettres de créance au Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Edgard Leblanc, en présence des autres Conseillers Présidentiels. Au cours de cette cérémonie, Giroux a exprimé la reconnaissance du Canada pour les prétendus “progrès” réalisés par l’Exécutif de transition en vue d’un retour à la sécurité et la tenue d’élections d’ici 2026. Une déclaration qui semble totalement déconnectée de la réalité dramatique que vivent quotidiennement les Haïtiens.

Mais de quels progrès parle donc le Canada? Tandis que les mots de l’ambassadeur résonnent dans les salles climatisées des bureaux présidentiels, le pays, lui, continue de sombrer dans une insécurité totale.

Les gangs armés, loin d’être intimidés par les forces de l’ordre, gagnent du terrain chaque jour un peu plus. Des opérations policières sporadiques, souvent mal coordonnées et sous-équipées, n’ont absolument aucun impact durable sur la réalité du terrain. Les grands axes routiers du pays sont littéralement occupés par des hommes armés, rendant les déplacements quasi impossibles pour les citoyens ordinaires. Pendant ce temps, les combats sanglants refont surface à Cité Soleil, plongeant des milliers de personnes dans la terreur.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 2 300 personnes ont été déplacées à Cité Soleil et Delmas, victimes d’affrontements entre gangs. Ces déplacés, qui fuient pour sauver leur vie, ne trouvent aucun soutien tangible du gouvernement de transition que le Canada prétend féliciter. Les chiffres alarmants ne font que croître, et pourtant, des pays comme le Canada continuent de fermer les yeux sur l’échec patent de ce gouvernement à reprendre le contrôle du pays.

Il est légitime de se demander si cette reconnaissance des “progrès” de la part du Canada relève d’une ignorance délibérée ou d’une complicité inavouée. En prétendant soutenir un processus de transition qui, dans les faits, échoue lamentablement à ramener ne serait-ce qu’une once de sécurité, le Canada se place aux côtés des complices de cette spirale infernale qui fait d’Haïti un enfer quotidien pour ses citoyens.

Plutôt que de féliciter des avancées illusoires, il serait temps que la communauté internationale, et en particulier des pays comme le Canada, exigent des actions concrètes et une véritable lutte contre les groupes armés qui asphyxient la nation.