Munitions volées en RD : Une menace directe pour Haïti

L’arrestation dimanche en République Dominicaine d’un colonel, de deux capitaines et de plusieurs sergents de la police nationale, pour leur implication présumée dans le vol de plus de 900 000 munitions, soulève des questions graves et troublantes. Bien que cette affaire soit présentée comme un scandale interne à la République Dominicaine, son écho résonne profondément en Haïti, un pays étranglé par une insécurité galopante, alimentée par des gangs lourdement armés.

D’où viennent les balles qui tuent en Haïti ?
La proximité géographique et les relations souvent conflictuelles entre Haïti et la République Dominicaine rendent cette affaire encore plus suspecte. L’histoire récente a montré que de nombreuses armes et munitions utilisées par les gangs en Haïti proviennent de la République Dominicaine. Ce vol massif de munitions vient renforcer l’idée que les trafiquants d’armes transfrontaliers trouvent des complices au sein des institutions dominicaines, facilitant ainsi l’acheminement d’armes létales en Haïti.

L’insécurité chronique qui gangrène Haïti ne peut être dissociée de cette dynamique régionale. Alors que les gangs armés continuent de terroriser la population haïtienne, il est légitime de se demander si ces 900 000 projectiles volés ne finiront pas par alimenter la violence dans notre pays.

Une contribution indéniable à la crise haïtienne
Les autorités dominicaines ne peuvent pas se contenter d’arrêter des officiers corrompus sans reconnaître leur part de responsabilité dans la déstabilisation de leur voisin. Les flux d’armes et de munitions entre la République Dominicaine et Haïti ne sont pas le fruit du hasard : ils reflètent un manque flagrant de contrôle, de volonté politique et, parfois, une complicité tacite.

En contribuant, volontairement ou non, à l’armement des gangs en Haïti, la République Dominicaine joue un rôle direct dans la perpétuation du chaos. Ce scandale dévoile une vérité dérangeante : l’insécurité en Haïti est un problème régional qui exige une réponse collective et transparente.

Une hypocrisie manifeste
Il est ironique, voire hypocrite, de voir certains politiciens dominicains dénoncer l’insécurité haïtienne tout en fermant les yeux sur les flux illégaux d’armes et de munitions traversant la frontière. Cette double attitude ne fait qu’aggraver une situation déjà catastrophique et expose les limites de leur coopération dans la lutte contre le crime transfrontalier.

Un appel à la vigilance et à l’action
Pour Haïti, il est impératif que cette affaire ne passe pas sous silence. Les autorités haïtiennes, bien qu’affaiblies, doivent exiger une enquête approfondie et une coopération internationale pour freiner le trafic d’armes dans la région. Quant à la République Dominicaine, elle doit faire preuve de transparence et prendre des mesures concrètes pour empêcher que ses institutions servent de plateformes pour alimenter la violence en Haïti.

La sécurité d’un pays ne peut pas être assurée sans une responsabilité partagée. Ce scandale doit marquer un tournant dans la lutte contre le trafic d’armes et rappeler à la République Dominicaine que son avenir est aussi lié à celui d’Haïti.

La Rédaction

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