Crise dans le textile : Plus de 30 000 emplois perdus, des patrons accusés

Le secteur textile haïtien traverse une crise majeure, marquée par la perte de 30 420 emplois directs. Si l’insécurité ambiante dans le pays a un impact significatif sur la vie des ouvriers, elle n’est pourtant pas la principale cause de cette hécatombe économique.
Selon la Centrale Nationale des Ouvriers Haïtiens (CNOHA), 90 % de ces pertes seraient dues à la mauvaise foi des patrons haïtiens, accusés de manquements graves envers leurs obligations sociales.
Les employeurs du secteur textile prélèvent systématiquement des cotisations pour l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA) et l’Office d’Assurance Accidents du Travail, Maladie et Maternité (OFATMA) sur les salaires des ouvriers, sans jamais reverser ces montants aux institutions concernées.
Résultat : les travailleurs, lorsqu’ils sollicitent des services auprès de ces deux entités de sécurité sociale, se voient refuser toute assistance, faute de contributions versées.
Parmi les entreprises concernées figurent Premium Apparel, Cleveland Manufacturing, CISA, Palm Apparel et Digneron, toutes accusées de dettes colossales envers l’ONA et l’OFATMA.
À elles seules, ces sociétés doivent plus de 200 millions de gourdes à l’ONA, sans compter les arriérés envers l’OFATMA, dont les montants restent à vérifier. Ces pratiques privent les ouvriers non seulement d’une couverture sociale essentielle, mais aggravent également leur précarité, dans un contexte économique déjà difficile.
Des conflits d’intérêts flagrants exacerbent la situation. Des avocats employés dans le service juridique de l’ONA représentent également les patrons d’usines dans des litiges, rendant inefficaces les mesures coercitives censées être prises contre les débiteurs.
La CNOHA dénonce un système marqué par la complicité et le manque de transparence, où les dirigeants de l’ONA sont accusés de connivence avec les employeurs.Face à ces abus, le programme Better Work Haiti a classé plusieurs de ces usines comme non conformes, attirant l’attention des partenaires internationaux.
Des membres influents du Congrès américain menacent de ne pas renouveler la loi HOPE, qui permet aux produits textiles haïtiens d’accéder au marché américain avec des avantages tarifaires. Ils conditionnent ce renouvellement au respect des normes sociales et au remboursement des dettes envers les institutions de sécurité sociale.
La CNOHA pointe également du doigt la complicité de l’État haïtien, notamment via le Ministère des Affaires Sociales et du Travail, qui tolère ces manquements graves. Pendant que les ouvriers peinent à survivre avec des salaires de misère, les patrons accumulent des millions de dollars grâce à des contrats avec des marques internationales, tout en détournant les cotisations sociales de leurs employés.
Dominique St-Eloi, coordonnateur général de la CNOHA, appelle à une mobilisation générale pour dénoncer ces abus et exiger des actions concrètes. Il appelle également à une transparence totale dans les engagements à venir, notamment sur les protocoles visant à résoudre ces dettes.
La survie du secteur textile et celle des milliers de familles en dépendent, tout comme l’avenir de la loi HOPE et la crédibilité des institutions de sécurité sociale haïtiennes.
La Rédaction
Contact : actualites@haitinews2000.com
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