12 janvier 2010 – 12 janvier 2025 : Quinze ans après le séisme qui a marqué une nation

Le 12 janvier 2010, à 16 h 53, la terre tremblait en Haïti. Une secousse de magnitude 7.0 ravageait Port-au-Prince, Léogâne, Jacmel et d’autres localités. En 35 secondes, des vies basculèrent, des familles furent brisées, et un pays tout entier sombra dans un chaos indescriptible.

Quinze ans plus tard, les souvenirs demeurent vifs, les plaies ouvertes, et les leçons parfois encore non tirées.“J’étais chez moi avec ma mère et mes deux sœurs…. Je me rappelle encore les cris. Les murs s’effondraient comme des châteaux de cartes.

Quand je me suis réveillée, j’étais sous des décombres, seule. Mes sœurs ne sont jamais sorties vivantes…” raconte Nadège, 32 ans aujourd’hui. Elle, comme tant d’autres, porte le poids d’une perte incommensurable.

L’ampleur de la tragédie était sans précédent : plus de 250 000 morts, 300 000 blessés et près de 1,5 million de personnes laissées sans abri. Les scènes de désolation étaient insoutenables : des cadavres empilés dans les rues, des bâtiments pulvérisés, des regards vides perdus dans le néant.

Pour Jean-René, qui était un jeune étudiant en médecine, les jours suivant le séisme furent une lutte contre le désespoir. “Nous improvisions des cliniques sur des terrains vagues. Il n’y avait pas assez de morphine, pas assez de bandages. Les cris de douleur des blessés résonnent encore dans ma mémoire.”

La catastrophe n’était pas seulement naturelle, elle était aussi le reflet d’une vulnérabilité humaine et systémique. Les constructions fragiles, le manque de préparation et les infrastructures inadéquates avaient amplifié l’étendue des dégâts. Pourtant, au milieu de l’horreur, la solidarité humaine s’est manifestée.

Des voisins ont creusé à mains nues, des familles ont partagé le peu qu’elles avaient, et des équipes de secours sont arrivées des quatre coins du monde.Aujourd’hui, beaucoup se demandent si nous avons vraiment réussi à nous relever. Les tentes ont peut-être disparu, mais des centaines de milliers vivent encore dans des conditions précaires. Des enfants nés après 2010 grandissent sans jamais avoir connu leurs parents.

Les écoles, les hôpitaux, les maisons reconstruites sont-elles à l’épreuve de la prochaine catastrophe ?“Le séisme nous a appris combien la vie est fragile,” dit Monique, une survivante devenue militante pour les droits des personnes handicapées.

“Mais aussi combien nous sommes résilients. Quinze ans après, je veux croire que nous pouvons bâtir un avenir meilleur, même si les cicatrices sont profondes.”Les larmes versées ce jour-là et dans les semaines qui suivirent continuent d’inonder les âmes. En ce quinzième anniversaire, Haïti se souvient, pleure ses morts et s’interroge : qu’avons-nous fait de cet événement qui devait transformer notre destin ?

Le temps passe, mais la mémoire demeure. Une minute suffit pour que tout change. Une vie suffit pour faire une différence. Mais la volonté collective suffira-t-elle à éviter que l’histoire ne se répète ?En ce 12 janvier 2025, que cette journée ne soit pas seulement un rappel des pertes, mais aussi une invitation à réfléchir, à agir et à espérer. Haïti a survécu à l’impensable.

Il est temps de faire en sorte que ce courage et cette résilience soient les pierres angulaires d’un avenir meilleur.