Un référendum en plein chaos : une mascarade électorale en préparation ?

Le Conseil Electoral Provisoire aurait déjà transmis au gouvernement intérimaire un calendrier fixant la tenue du référendum au 11 mai prochain. Pourtant, à ce jour, aucune confirmation officielle n’a été donnée quant à la faisabilité de cette échéance.

Cette incertitude soulève une question cruciale : comment peut-on organiser un scrutin dans un pays où l’insécurité est devenue la norme et où l’État semble avoir perdu tout contrôle ?

Les gangs armés dictent leur loi sur une grande partie du territoire haïtien, paralysant Port-au-Prince et plusieurs autres régions du pays. Kidnappings, assassinats, exécutions sommaires et déplacements massifs de populations sont le quotidien des Haïtiens, abandonnés par un État dépassé et complice par son inaction. Dans ce climat de terreur, comment imaginer que les citoyens puissent librement se rendre aux urnes ?

Les précédentes tentatives d’organisation d’élections en Haïti ont été marquées par des violences, des fraudes et une abstention record. Cette fois-ci, la situation est encore plus critique : des zones entières échappent au contrôle du gouvernement, les infrastructures administratives et sécuritaires sont en ruine, et la population, désabusée, ne croit plus en ses dirigeants.

Qui organisera ces élections ? Qui garantira la sécurité des électeurs et des bureaux de vote ? Qui s’assurera que les résultats ne seront pas manipulés ? Aucune réponse claire n’a été apportée. En l’absence de garanties, ce référendum risque de n’être qu’une mascarade orchestrée pour légitimer un pouvoir de plus en plus décrié.

Face à ce chaos, la communauté internationale reste étrangement silencieuse. Alors qu’elle avait exigé des conditions sécuritaires minimales pour la tenue d’élections, elle semble aujourd’hui prête à cautionner un processus vicié dès le départ. Les Haïtiens, eux, savent à quoi s’attendre : une énième opération de façade destinée à donner l’illusion d’un retour à la normalité, pendant que le pays sombre toujours plus dans l’anarchie.

Alors que la majorité des Haïtiens luttent pour leur survie, l’organisation d’un référendum semble être la dernière de leurs préoccupations. Ce projet, mal préparé et potentiellement dangereux, risque d’aggraver encore plus la crise actuelle. Plutôt que de chercher à imposer un calendrier électoral irréaliste, le gouvernement devrait d’abord répondre à l’urgence sécuritaire et restaurer un minimum d’ordre. Sans cela, toute tentative d’élection ne sera qu’une farce de plus dans l’interminable descente aux enfers d’Haïti.