L’ironie de la défaite : des policiers haïtiens spectateurs de leur propre faillite

L’image est saisissante, presque surréaliste. Des policiers haïtiens, en uniforme impeccable, téléphones portables à la main, immortalisent l’arrivée triomphale des policiers kenyans dépêchés pour aider à combattre les gangs qui terrorisent le pays. Au lieu de se tenir prêts à collaborer activement, ils adoptent l’attitude de simples spectateurs, fascinés par un spectacle où ils devraient pourtant jouer un rôle principal.

Cette scène désarmante dévoile la profondeur d’une crise institutionnelle et morale au sein des forces de l’ordre haïtiennes. Alors que le pays s’enfonce dans le chaos, où les gangs dictent leur loi et où la population vit dans la peur, ceux qui sont censés protéger et servir semblent déconnectés de la gravité de la situation. L’arrivée de forces étrangères devient un événement médiatique plutôt qu’un appel à l’action.

Ce comportement traduit un malaise plus profond : l’incapacité de la police nationale à assumer pleinement son rôle face à l’insécurité galopante. Comment peut-on espérer restaurer la confiance du peuple quand les garants de la sécurité apparaissent comme des badauds fascinés par la compétence venue d’ailleurs ?

Il est là, le véritable drame : non pas seulement dans la présence des gangs, mais dans l’absence d’une autorité forte, digne et engagée. Le téléphone en main est devenu le symbole d’une police passive, spectatrice de sa propre défaite. Pendant ce temps, les criminels, eux, n’ont pas besoin de caméras pour imposer leur loi.

PHOTO : Ted Actu

La Rédaction

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