Un renard dans le poulailler : Gamall Augustin à la restructuration de la TNH

La récente formation d’une commission chargée de restructurer la Télévision Nationale d’Haïti (TNH) soulève déjà des interrogations légitimes, et pour cause : parmi les cinq membres désignés, figure Gamall Augustin, ancien directeur général de l’institution.

Une nomination qui laisse perplexe et suscite des doutes sur la crédibilité et l’efficacité de cette mission. Comment peut-on espérer une véritable réforme en plaçant l’un des acteurs de la gestion précédente au cœur même du processus de redressement ?

La commission, composée de Sandra Duvivier, présidente, ainsi que des membres Jean Mary Simon, Raoul Vital, Jean Yvon Virgile et Gamall Augustin, est censée remettre chaque mois un rapport au ministre de la Culture et de la Communication.

Une tâche cruciale, alors que la TNH, plongée dans une crise chronique, peine à remplir son rôle de média public impartial et performant. Mais avec Augustin dans la boucle, c’est l’ombre d’un statu quo qui plane sur cette initiative.

Durant son passage à la tête de la RTNH, Gamall Augustin n’a pas laissé l’empreinte d’un réformateur.

L’institution nationale a continué de traîner les mêmes maux : manque de professionnalisme, partialité flagrante et infrastructures vétustes. Les programmes ont davantage servi les intérêts politiques de l’exécutif que ceux d’un public en quête d’informations fiables et d’émissions éducatives.

Pourquoi, dès lors, lui confier une mission de restructuration ? Faut-il y voir un recyclage d’un cadre loyal au pouvoir en place ?Confier la réforme d’une institution à l’un de ses anciens dirigeants, c’est comme demander à un pyromane d’éteindre l’incendie qu’il a contribué à alimenter.

Le rôle de la commission est d’identifier les dysfonctionnements et de proposer des solutions. Comment Gamall Augustin pourra-t-il, de manière objective, critiquer la gestion qu’il a lui-même dirigée ? Cette situation pose un problème éthique majeur et décrédibilise d’emblée les recommandations à venir.Cette nomination laisse penser que la restructuration annoncée pourrait n’être qu’un écran de fumée.

Une commission où les compétences réelles sont éclipsées par les affiliations et les arrangements politiques n’inspirera jamais confiance. Le peuple haïtien mérite mieux qu’un énième simulacre de réforme. Il attend une TNH véritablement rénovée, professionnelle et indépendante, capable d’informer sans complaisance et de refléter la diversité et les aspirations de la nation.

Si le ministère de la Culture et de la Communication souhaite réellement redresser la RTNH, il doit privilégier des acteurs indépendants et compétents, n’ayant aucun passé de gestion dans l’institution. Une restructuration efficace exige des perspectives neuves et des professionnels ayant fait leurs preuves dans la modernisation et la gestion de médias.

Tant que d’anciens gestionnaires comme Gamall Augustin continueront d’occuper des positions stratégiques, la RTNH restera prisonnière de ses vieux démons.Au-delà des rapports mensuels promis, la véritable question demeure : cette commission osera-t-elle dénoncer les pratiques qui ont gangrené la TNH, même si cela implique d’épingler un de ses propres membres ? Rien n’est moins sûr.

En attendant, les téléspectateurs devront encore s’armer de patience, dans l’espoir qu’un jour, la chaîne nationale devienne enfin la voix authentique du peuple, et non celle d’un pouvoir soucieux de préserver ses alliés.

La Rédaction

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