Avis de recherche : justice ou manipulation ?

La Police Nationale d’Haïti (PNH) a annoncé ce mardi avoir émis des avis de recherche contre les ex-parlementaires Nenel Cassy et Alfredo Antoine pour leurs liens présumés avec des gangs. Une annonce qui, sur le papier, semble traduire une volonté de l’institution de s’attaquer aux criminels et à leurs commanditaires.
Mais au-delà de l’effet de manche, cette décision soulève plusieurs questions essentielles : Pourquoi émettre des avis de recherche contre des personnalités connues, ayant un domicile fixe, et qui ne se cachent pas ? S’agit-il d’une réelle offensive contre l’impunité ou d’un coup de communication pour masquer l’incapacité chronique de l’État à s’attaquer aux véritables réseaux criminels ?
Il est difficile de ne pas voir dans cette annonce un deux poids, deux mesures flagrant. Depuis des années, des accusations documentées circulent sur des politiciens, hommes d’affaires et figures influentes ayant des liens directs avec des gangs. Pourtant, très peu d’entre eux font l’objet d’une traque active. Nenel Cassy, déjà sanctionné par les États-Unis pour ses relations présumées avec des groupes armés, n’a jamais eu à se cacher. Il est apparu publiquement à plusieurs reprises sans être inquiété. Alfredo Antoine, lui aussi, ne mène pas une vie clandestine. Pourquoi alors les désigner soudainement comme fugitifs, alors qu’il aurait suffi d’envoyer un mandat à leur domicile ?
L’attitude de la PNH dans cette affaire soulève de nombreuses interrogations. Si l’objectif est de lutter contre l’impunité, pourquoi ne pas procéder à des interpellations directes au lieu de ces annonces spectaculaires ? À plusieurs reprises, des figures du crime organisé ont été aperçues circulant librement, parfois escortées par des agents de l’État. Dans un pays où les criminels de haut vol bénéficient d’une protection en haut lieu, ces avis de recherche donnent l’impression d’un écran de fumée destiné à détourner l’attention.
D’ailleurs, cette annonce intervient à un moment où la situation sécuritaire est plus que jamais hors de contrôle. Les gangs continuent d’imposer leur loi à Port-au-Prince et dans plusieurs régions du pays. Des massacres, des kidnappings et des extorsions sont devenus la norme. Pendant ce temps, les forces de l’ordre peinent à s’imposer et semblent parfois agir en parfaite symbiose avec le crime organisé.
L’émission de ces avis de recherche rappelle tristement d’autres tentatives de la PNH de se donner une image de fermeté, sans réel impact sur le terrain. Pendant que l’on affiche deux anciens parlementaires comme des cibles prioritaires, combien d’autres figures influentes, elles aussi soupçonnées de collusion avec les gangs, continuent de vaquer à leurs affaires en toute impunité ? Combien de chefs de gangs notoires jouissent encore d’une protection discrète au sein même de l’État ?
La Rédaction
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