Le coup de « com » du gouvernement : une victoire en trompe-l’œil contre les gangs ?

En moins de 48 heures, la Primature s’empresse d’annoncer les premiers “succès” du Task Force mis en place par le gouvernement et le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Une opération d’envergure serait en cours au Bas-Delmas, plusieurs bandits auraient été “neutralisés”, selon la communication officielle. Une mise en scène bien rodée qui vise à redorer l’image du pouvoir, alors que l’insécurité continue de dicter sa loi à Port-au-Prince.

Mais la réalité ne tarde pas à rattraper la propagande. Aux alentours de 19 heures, Jimmy Chérizier, alias Barbecue, le chef du G9, apparaît dans une vidéo, bien vivant et menaçant. Son message est clair : il défie le gouvernement et laisse entendre que les informations véhiculées par la Primature sont au mieux exagérées, au pire, totalement fabriquées. Plus troublant encore, des rumeurs circulent selon lesquelles Barbecue lui-même aurait été touché, une information qu’il s’empresse de démentir par son apparition publique.

Cet épisode illustre à quel point le gouvernement s’efforce de contrôler le récit médiatique sans pour autant maîtriser le terrain. La mise en scène de victoires militaires contre les gangs est une vieille ficelle utilisée par les régimes en perte de crédibilité. Il s’agit ici de donner l’illusion d’une offensive décisive contre le crime organisé, alors que les réalités du terrain démontrent que les gangs sont toujours aussi puissants et structurés.

Si l’on se fie à l’histoire récente, cette opération pourrait bien être un énième feu de paille. La Primature et le CPT cherchent désespérément à montrer des résultats face à une population exaspérée, mais le vrai test réside dans la durée. Arrêter ou tuer quelques bandits ne mettra pas fin à l’hydre criminelle qui gangrène le pays. Tant que la connivence entre certaines sphères de l’État et les groupes armés ne sera pas rompue, tant que les structures économiques et sociales ne seront pas renforcées, chaque prétendue victoire contre les gangs ne sera qu’une illusion fugace, orchestrée pour la galerie.

La vraie question demeure : le gouvernement a-t-il réellement la volonté – et les moyens – d’affronter le problème à sa racine, ou s’agit-il simplement d’une opération de communication destinée à masquer son impuissance ? L’avenir nous le dira, mais en attendant, la population haïtienne continue de subir la terreur des gangs, pendant que le pouvoir joue la carte du spectacle.