L’économiste Joseph Harold Pierre passe au peigne fin le budget de guerre du pouvoir en place

Le supposé « budget de guerre » annoncé par les autorités pour combattre l’insécurité en Haïti n’est, selon l’économiste et politologue Joseph Harold Pierre, qu’un vaste trompe-l’œil destiné à berner une population épuisée.
Invité de l’émission Causerie Matinale sur Sans-Souci FM, l’universitaire a dénoncé une mise en scène gouvernementale, vide de toute volonté réelle de changement, dans un contexte où l’insécurité et la crise économique se nourrissent mutuellement.
Joseph Harold Pierre souligne que la croissance économique du pays est négative depuis six ans, une situation qu’il attribue à la pérennisation de l’insécurité mais aussi à l’absence de concurrence, l’institutionnalisation de la corruption, le rejet d’une économie de marché et l’inertie des élites politiques.
Il estime que sans investissement étranger, toute idée de relance est illusoire, car le secteur privé haïtien est financièrement trop faible pour soutenir le pays. Et pourtant, l’État haïtien n’affiche aucune stratégie sérieuse pour créer un climat propice à ces investissements.
Pire encore, la diplomatie, censée jouer un rôle moteur dans cette dynamique, semble totalement désorientée.Sur le plan sécuritaire, le constat est encore plus sévère. Le politologue dénonce la supercherie d’un budget rectificatif présenté comme un instrument de guerre contre les gangs alors qu’il acte en réalité une diminution des ressources de la Police Nationale d’Haïti.
« Pour l’année fiscale en cours, le budget de la PNH passe de 30 millions à 28 millions de gourdes. Où est la guerre ? », s’interroge-t-il. Il révèle également que depuis 2019, les Forces Armées d’Haïti ne disposent d’aucun budget d’investissement. À ses yeux, ces chiffres démontrent clairement l’absence totale de volonté de restaurer la sécurité.Joseph Harold Pierre va plus loin : pour lui, l’État haïtien n’est pas simplement défaillant, il est complice.
Il accuse directement les autorités d’avoir utilisé les gangs comme des outils politiques et affirme que ces derniers n’ont jamais été véritablement combattus. « L’État haïtien est le propriétaire des gangs. Ils ont été ses armes. Il n’y a jamais eu de volonté de lutter contre ces groupes armés », a-t-il lancé. Selon lui, les bandes criminelles montrent aujourd’hui plus de capacité à occuper le territoire que l’État lui-même.
Le politologue exprime une vive inquiétude : l’insécurité actuelle n’est pas le sommet de la crise. Elle peut encore s’aggraver. À cela s’ajoute une classe politique gangrenée par la corruption et un secteur privé complice ou silencieux. « Ce qui caractérise les dirigeants en Haïti, c’est le vol. Leur seule vertu, c’est la corruption », conclut-il, amer, mais lucide.
Ce « budget de guerre » n’est donc qu’un écran de fumée, une nouvelle opération de communication vide de substance, pendant que le pays s’enfonce, sans résistance, dans l’effondrement total.
La Rédaction
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