Diplomatie de façade : quand l’État voyage pendant que le peuple s’effondre

Au lieu d’être le bras stratégique d’Haïti sur la scène internationale, le ministère des Affaires étrangères, sous l’égide de Jean Harvel Victor Jean-Baptiste, semble s’enliser dans une gestion marquée par l’opacité, l’improvisation et le favoritisme. Sous la direction actuelle, le ministère peine à démontrer son utilité réelle pour un pays en quête urgente de solutions diplomatiques efficaces et d’un soutien international concret.
Des voyages, peu de résultats
Le ministre a multiplié les déplacements officiels, notamment aux États-Unis, au Japon et dans la région. Des rencontres ont été organisées, des discours prononcés, mais les bénéfices pour le peuple haïtien restent invisibles. Les plaidoyers pour le renouvellement de la loi HOPE/HELP, bien que pertinents, n’ont pour l’instant débouché sur aucun engagement formel. De plus, plusieurs missions à l’étranger sont perçues comme des opérations de communication interne plutôt que des efforts diplomatiques stratégiques.
Alors qu’Haïti traverse l’une des pires crises de son histoire, la diplomatie haïtienne, au lieu de se doter d’une stratégie claire, navigue à vue. Aucune ligne directrice cohérente n’émerge quant aux priorités du pays en matière de relations internationales, de coopération régionale ou d’assistance technique. L’absence d’une vision forte empêche Haïti de se repositionner sur l’échiquier diplomatique et de nouer des alliances solides dans un contexte mondial de plus en plus complexe.
Des nominations douteuses et clientélistes
L’un des éléments les plus préoccupants reste la manière dont certains postes clés au sein du corps diplomatique sont attribués. Des nominations ont été faites au profit de proches de personnalités politiques, sans transparence, ni justification basée sur la compétence ou l’expérience. Ce recyclage des élites et l’instrumentalisation des ambassades à des fins personnelles ou partisanes vident le ministère de sa substance et nourrissent la défiance de l’opinion publique.
Des voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer des pratiques encore plus graves : usage abusif de ressources publiques, détournement de fonds, implication présumée dans des réseaux opaques liés à la criminalité organisée. Bien que ces accusations n’aient pas encore donné lieu à des enquêtes judiciaires formelles, elles jettent une ombre inquiétante sur la gestion de la diplomatie nationale. Le silence des autorités concernées ne fait que renforcer les soupçons.
Une diplomatie détournée de sa mission
Au lieu de défendre les intérêts du peuple haïtien à l’étranger, de plaider pour une solidarité internationale face à la crise humanitaire et sécuritaire que traverse le pays, le ministère semble avoir été transformé en outil de récompense politique et de repositionnement personnel. Pendant ce temps, des dizaines d’ambassades restent inactives, des consulats dysfonctionnent, et des milliers d’Haïtiens vivant à l’extérieur ne bénéficient d’aucune assistance.
Dans un contexte où chaque levier de l’État doit être mobilisé au service du redressement national, la diplomatie haïtienne ne peut continuer à être un espace de privilèges sans compte à rendre. Il est urgent d’y instaurer la rigueur, la compétence et la redevabilité. Le peuple haïtien ne peut plus se permettre une diplomatie de façade, il mérite une politique étrangère tournée vers l’action, la protection de ses intérêts et la défense de sa dignité sur la scène internationale.
La Rédaction
Contact : actualites@haitinews2000.com
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