Le sang des Haïtiens ne compte pas : quand nos dirigeants pleurent l’Inde et ignorent nos morts

Alors qu’Haïti s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’horreur, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a jugé bon de condamner… des violences en Inde.

Oui, vous avez bien lu. Tandis que Port-au-Prince brûle, que les gangs exécutent, violent, pillent et réduisent des quartiers entiers au silence par la terreur, les dirigeants haïtiens trouvent le temps – et le ton – pour adresser leurs « sincères condoléances » à un pays situé à des milliers de kilomètres, ignorant délibérément le bain de sang qui coule sous leurs propres fenêtres.

Dans un communiqué au cynisme glaçant, le CPT exprime sa solidarité avec le peuple indien et son Premier ministre, Narendra Modi, suite à des événements tragiques survenus sur le continent asiatique. Mais pas un mot, pas une ligne, pas une larme pour les centaines de familles haïtiennes en deuil, pour les enfants tués, pour les femmes violées, pour les policiers abattus. Pas un mot pour Haïti.

Cette sortie diplomatique mal calibrée n’est pas simplement une erreur de communication : elle est l’expression flagrante d’un pouvoir déconnecté, aveugle à la détresse nationale, sourd aux cris de son peuple, et plus préoccupé par son image internationale que par son rôle fondamental : protéger les Haïtiens.

Dans les rues de Port-au-Prince, la situation est apocalyptique. Les hôpitaux débordent, les écoles ferment, les familles fuient, et la République implose. Pendant ce temps, les dirigeants posent en costume-cravate, la mine sérieuse, pour défendre l’humanité… ailleurs.

Ce double langage diplomatique ne fait qu’alimenter le sentiment grandissant que ce Conseil de Transition est tout sauf un espoir. Il est devenu, aux yeux de beaucoup, le symbole de l’abandon.

Condamner les violences à l’étranger n’a rien de répréhensible en soi. Mais le faire en ignorant celles que l’on devrait combattre chez soi est une insulte à la douleur nationale. Il ne s’agit plus de maladresse. Il s’agit d’un mépris.