Port-au-Prince livrée à Viv Ansanm : le règne creux du CPT

Un an après la mise en place du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le constat est implacable : plus de 80 % de Port-au-Prince est désormais sous le contrôle du regroupement criminel Viv Ansanm.

Une réalité qui symbolise l’échec flagrant d’un organe censé rétablir l’ordre, poser les jalons d’un retour à la normalité et garantir la souveraineté de l’État sur son territoire.Le CPT règne, certes.

Il nomme, annonce, se déplace. Mais il ne gouverne pas. Le pouvoir qu’il incarne est vidé de toute autorité réelle sur le terrain. À l’inverse, Viv Ansanm étend son emprise, établit ses lois, contrôle les axes stratégiques, dicte les mouvements de la population et fait la pluie et le beau temps dans la capitale.

Ce renversement de pouvoir, du Palais National vers les fiefs criminels, consacre une transition vers l’absurde : un État qui abdique sans jamais le dire, un Conseil qui multiplie les communiqués pendant que les armes parlent, et un peuple otage entre l’indifférence politique et la brutalité des gangs.

À qui sert vraiment ce CPT ? À stabiliser le pays ou à gagner du temps pour des arrangements politiques en coulisse ? Pendant que les membres du Conseil s’écharpent sur les postes et les privilèges, Viv Ansanm perfectionne son système de domination, recrute, s’arme et s’enracine.

La vérité est brutale : le CPT, en un an, n’a pas su — ou pas voulu — reprendre le contrôle de la capitale. Son bilan est celui d’un pouvoir qui parle au nom d’un peuple qu’il ne protège pas, et d’un État qui ne tient plus debout que sur le papier.

À Port-au-Prince, le peuple vit la réalité d’un autre régime. Un régime sans urnes, sans Constitution, sans façade démocratique. Viv Ansanm gouverne avec la peur, pendant que le CPT s’enlise dans le décor.

Le règne du CPT est un règne vide. Sur le terrain, Viv Ansanm gouverne.