Près de 90 % de Port-au-Prince contrôlée par les gangs

La capitale haïtienne vit sous le joug d’un pouvoir parallèle. Selon des responsables des Nations Unies, près de 90 % de Port-au-Prince est désormais contrôlée par des groupes armés, marquant une étape critique dans la décomposition de l’autorité étatique.

Cette mainmise grandissante ne se limite plus aux quartiers réputés sensibles. Les gangs étendent leur présence jusqu’aux axes routiers stratégiques, aux points de distribution de nourriture, aux zones portuaires et à certaines artères de Pétion-Ville, traditionnellement plus stables. Le climat de terreur est tel que les déplacements, même sur de courtes distances, se font au péril de la vie.

« C’est une ville prise en otage, où la population vit dans la peur constante, sans protection ni recours », déplore un observateur de l’ONU sous couvert d’anonymat.

Les conséquences sont dramatiques : hôpitaux fermés, écoles abandonnées, services publics paralysés. Les agents de l’État sont absents ou impuissants dans de nombreuses zones, tandis que les bandes armées établissent leurs propres règles.

Cette situation pousse chaque semaine des milliers de familles à fuir. Plus de 1,3 million de personnes sont désormais déplacées à travers le pays, selon les estimations onusiennes. Une crise humanitaire d’une ampleur inédite, aggravée par le manque d’abris, la faim et les violences sexuelles.

Malgré l’arrivée timide d’une mission multinationale chargée de renforcer la sécurité, la réponse internationale reste insuffisante. Sur le terrain, les gangs continuent de gagner du terrain, en recrutant des jeunes désœuvrés et en exploitant l’absence de l’État.

Alors que la communauté internationale se penche une fois de plus sur « le cas haïtien », la population, elle, endure l’insoutenable : vivre chaque jour dans une capitale tombée aux mains de seigneurs de guerre.