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Haïti : Le pouvoir en lambeaux face à l’urgence d’un pacte national de gouvernabilité

Haïti : Le pouvoir en lambeaux face à l’urgence d’un pacte national de gouvernabilité

Par Monel JEAN — Aujourd’hui, Haïti s’enlise dans une crise multiforme dont l’une des causes majeures est la faiblesse chronique du pouvoir politique. Le Conseil présidentiel de transition (CPT), mis en place dans la précipitation et dans un contexte de pression internationale, s’apparente de plus en plus à une façade institutionnelle vidée de substance. Son fonctionnement opaque, son absence de leadership clair et sa dépendance vis-à-vis d’intérêts extérieurs rappellent tristement les travers des gouvernements haïtiens de ces dernières décennies : un pouvoir sans légitimité populaire, sans vision, incapable de catalyser une dynamique nationale.

En ce sens, le CPT et le gouvernement de transition ne sont que le prolongement d’un même vide : deux faces d’une même impuissance. L’État haïtien ne gouverne plus ; il survit, délègue sa souveraineté, et observe passivement la fragmentation du tissu social et territorial par des groupes armés.

Une incapacité à unir les Haïtiens autour d’un projet commun

Dans les grandes heures de l’histoire des peuples confrontés à la déchirure, des pactes politiques ont permis d’éviter l’effondrement. En République Dominicaine, l’accord de 1950 entre les forces politiques rivales avait jeté les bases d’un pacte de stabilité et de développement progressif du pays. Cet accord, bien qu’imparfait, a été un moment de lucidité nationale : des élites divisées ont accepté de dialoguer pour éviter que le pays ne sombre.

À l’inverse, Haïti demeure piégée dans un cycle d’exclusion et de méfiance politique. Aucune instance de pouvoir n’a su – ou voulu – rassembler les filles et fils du pays autour d’une table pour discuter d’un projet de gouvernabilité viable sur 30 ou 50 ans. Les conférences politiques, les dialogues nationaux, les “accords” improvisés n’ont été que des échappatoires tactiques pour maintenir des privilèges, jamais des actes de refondation.

Un pouvoir assis sur des ruines sociales et économiques

La situation sociale est dramatique. Plus de 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon les données de la Banque mondiale. L’insécurité alimentaire touche près de la moitié des Haïtiens. Le chômage massif, l’effondrement du système éducatif, et la fuite des jeunes talents dessinent une trajectoire de décadence. Mais l’État reste silencieux, désorganisé, réduit à mendier l’assistance internationale ou à déléguer sa sécurité à des forces étrangères.

L’économie nationale, elle, est dominée par des intérêts privés concentrés entre quelques mains, souvent en complicité avec les élites politiques. Aucun programme sérieux de développement agricole, industriel ou technologique n’a vu le jour depuis plus de 20 ans. Là encore, le pouvoir en place est défaillant : pas de vision, pas de planification, pas de politique publique cohérente.

Un système politique prisonnier de l’instabilité

Haïti vit sans Parlement depuis 2020. Le pouvoir judiciaire est dysfonctionnel, miné par la corruption et les assassinats de juges. Les partis politiques sont fragmentés, souvent clanisés autour d’intérêts particuliers. Les élections sont devenues des épisodes chaotiques ou des instruments de légitimation d’un pouvoir déjà discrédité.

Dans ce contexte, comment espérer un pacte de gouvernabilité ? La vérité est brutale : les dirigeants actuels manquent de courage politique, de vision historique et de volonté patriotique. Ils s’accrochent au pouvoir sans proposer de feuille de route crédible pour sortir Haïti de la spirale de déclin.

Conclusion : L’urgence d’un sursaut national

Haïti n’a pas besoin d’un énième accord entre politiciens en quête de postes. Elle a besoin d’un pacte historique, inclusif, construit avec la société civile, les secteurs économiques, les intellectuels, les jeunes et la diaspora. Un pacte qui transcende les clivages et trace une voie de stabilité sur plusieurs décennies.

Mais pour cela, il faut une rupture nette avec le modèle de pouvoir actuel, une remise en cause profonde des structures de domination interne et une réappropriation nationale de la souveraineté politique.

À défaut, Haïti restera une nation sans cap, gouvernée par des hommes sans vision, et abandonnée par ses propres fils et filles.


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