Massacre de Laboderie : Les promesses creuses d’un gouvernement spectateur

Le massacre perpétré à Laboderie, où plus de 40 personnes ont été tuées par des gangs armés, illustre une fois de plus l’ampleur de l’impuissance – ou de la complicité – des autorités face à la descente aux enfers du pays.

Dans une note officielle, la Primature a tenté de donner le ton habituel : « les gangs seront traqués, neutralisés et anéantis », promet le gouvernement, ajoutant qu’aucun groupe armé ne sera jamais plus puissant que la nation. Des paroles martiales, certes, mais qui sonnent creux après 18 mois d’inaction du Conseil Présidentiel de Transition (CPT).

La réalité est sans appel : les gangs dictent la loi, les autorités observent. Malgré les communiqués, les conférences de presse et les slogans d’État, l’insécurité n’a cessé de s’aggraver, étendant son emprise sur les quartiers, les routes nationales et désormais jusque dans les campagnes.

À Laboderie, la tuerie s’est déroulée sous le regard impassible – certains diraient complice – des autorités. Pas d’intervention rapide, pas de dispositif de protection en amont, pas d’opérations de riposte sérieuses après le drame. Pendant que les familles pleurent leurs morts, le gouvernement se contente de condamner par communiqué.

Depuis son installation, le CPT multiplie les promesses et les déclarations de guerre aux gangs. Mais aucune action concrète, aucun plan de sécurité visible, aucune opération d’envergure n’a changé la donne. Au contraire, les gangs gagnent du terrain, renforcent leur armement et imposent un climat de peur totale.

À ce stade, la question n’est plus de savoir si l’État est dépassé. Il est légitime de s’interroger sur sa complicité. Car à force d’inaction, de silence et d’indifférence face aux massacres à répétition, le pouvoir finit par ressembler moins à un protecteur qu’à un allié tacite des criminels.

Les victimes de Laboderie rejoignent la longue liste des Haïtiens sacrifiés sur l’autel de l’inaction et de la duplicité politique. Pendant ce temps, les autorités répètent le même refrain : « nous allons agir ». Mais jusqu’à preuve du contraire, elles n’ont rien fait.