Élections 2026 : quand la communication officielle devance encore la réalité du terrain

La visite du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé au Conseil Électoral Provisoire se veut rassurante. Communiqué bien calibré, vocabulaire institutionnel maîtrisé, promesses d’accompagnement total : tout y est. Pourtant, derrière l’affichage d’un « engagement ferme », la réalité du terrain impose une lecture beaucoup plus critique.

Saluer la publication d’un calendrier électoral ne suffit pas à masquer les fragilités structurelles du processus. La sécurité demeure largement hors de contrôle, des pans entiers du territoire échappent encore à l’autorité de l’État, et des milliers de déplacés internes restent sans garanties concrètes pour exercer leur droit de vote.

Dans ce contexte, parler de calendrier « réaliste et crédible » relève davantage de l’incantation que de l’analyse factuelle.L’appui revendiqué au Conseil Présidentiel de Transition pose également question. Un décret électoral, aussi bien rédigé soit-il, ne crée ni confiance populaire ni conditions matérielles d’élections libres sans consensus politique minimal et sans institutions réellement opérationnelles.

Enfin, l’appel renouvelé à la communauté internationale, notamment autour de la Force de répression des gangs, sonne comme l’aveu implicite de l’impuissance étatique actuelle. Or, aucune assistance extérieure ne peut remplacer une stratégie nationale cohérente, assumée et transparente.

En somme, cette visite du Premier ministre ressemble moins à une avancée décisive qu’à un exercice de communication politique. À un an d’échéances cruciales, les Haïtiens attendent moins des déclarations solennelles que des actes mesurables, capables de transformer les promesses électorales en réalité démocratique.

Vladimir Désir

Vladimir Désir

Journaliste

Analyste Politique

Entrepreneur