Des gouttelettes sans goût

L’écriture qui a pris naissance durant la période de la préhistoire était conçue d’abord pour une meilleure communication entre les hommes et surtout pour une connaissance générale approfondie des êtres humains à travers les âges.

Hors depuis quelques semaines, des gouttelettes écrites par Frankétienne qui devraient senser être, si je ne m’abuse, des idées, des pensées de motivation faisant appel à la prise de conscience du citoyen, inscrites à la première page du Nouvelliste, nous poussent à nous questionner sur l’existence de l’écriture aujourd’hui.




Qu’en est-il exactement de ces gouttelettes? Est-ce un moyen de communication personnelle permettant de prouver encore et toujours son existence, ou est-ce un moyen de faire passer des messages pour instruire et/ ou informer les autres, ou est-ce un moyen de défoulement personnel? Si tel est le cas pour le 1er et le 3ème procédés, je l’accepte. Cependant, le deuxième est hors de question puisque bon nombre de ces gouttelettes ne font qu’induire les autres en erreur et en horreur. Écrites d’ailleurs dans un style « abracadabrant », bon nombre de ces gouttelettes ne présentent ni fond ni forme.

Ce ne sont que des gouttelettes avec des jeux de mots vides de sens et employées vice et versa dans un style ampoulé où tous les mots utilisés et/ ou empruntés ont été ajoutés à leur terminaison un « …iste », un « …ment » «… issime» ou un « …eux » etc. qui rendent les mots ridicules à la fin à force d’abus. Si donc les mots deviennent niais, le texte à la fin devient fade. Quelle chaleur et quelle connaissance peut-on tirer des textes inexplicites, incompréhensifs et sans vie où les mots glanés ça et là ne se reconnaissent même pas ? Vous me direz sans doute que c’est le genre même du spiralisme. Et, qu’est-ce que le spiralisme ? Pour certains, le spiralisme représente « l’élément contradictoire, le caractère évolutif de composants dans lesquels le lecteur ou le spectateur entre dans le concret et permet un effet productif puisqu’ils occasionnent des émotions qui s’opposent également » Pour d’autres « la spirale consiste en une montée de phénomènes inactifs. Elle assure une permutation interrompue d’éléments qui peuvent être en contradiction, mais qui réussissent à former un flux progressif et fulgurant. »

À mon sens, la spirale n’est autre qu’un dilemme créé par des esprits tortueux présentant un style qui ne « masturbe » pas l’esprit et qui le rend même paresseux. La spirale appartient tout simplement aux gens déséquilibrés qui se veulent « être » mais qui n’arrivent pas à s’identifier. D’ailleurs, une bonne littérature exige une quintessence d’esprit puisée dans la réflexion et la concentration. D’autant plus que la littérature instructive n’est pas une affaire de fou. Le spiralisme de Frankétienne, surtout à travers ses gouttelettes sans goût, prouve encore une fois l’instabilité spirituelle et intellectuelle de l’homme qui a atteint son apogée sans accomplissement.

Pour comble de malheur, il trouve des suppôts pour le reproduire, et c’est cette avalanche de médiocrité, de paresseux, même dans la plume, qui nous vaut cette nouvelle Haïti. Le commun des mortels est malheureusement trop nombreux et la rationalisation dans l’action est rare. On se laisse aller avec les choses les plus simples et on reproduit n’importe quoi. Moi, j’exige beaucoup et beaucoup des autres, c’est la raison pour laquelle qu’aux contacts de certains contemporains, je les secoue avec violence pour faire sortir d’eux «leurs substantifiques moelles. » Cependant, rares sont ceux qui arrivent. Ils dorment, ils existent, mais, ils vivent sans rêve. Il est plus facile d’imiter les autres, ce qui les rend paresseux et les empêche de découvrir leur valeur intrinsèque. C’est ce qui explique l’arrivée d’une vraie étoile à chaque millénaire. Le spiralisme est tellement branlant, oscille tellement, et tellement dilatoire, qu’il rend schizophrène celui qui en abuse, si bien qu’un oiseau qui butine de fleur en fleur a plus d’équilibre qu’un pratiquant de spiralisme, puisque l’oiseau qui butine ne le fait pas exclusivement de fleur en fleur mais plutôt d’un va-et-vient entre les fleurs et s’arrête sur la fleur qui possède le plus de sucre, prend son envol vers d’autres et revient se poser sur celle qui en avait davantage, d’où un esprit pratique et clairvoyant. Il n’en va pas de même pour notre cher Frankétienne qui dans l’un de ses livres déclare: « J’étouffe, j’écris tout ce qui me passe par la tête. L’important pour moi c’est l’exorcisme. La libération de quelque chose. De quelqu’un. Peut-être de moi-même. La délivrance. La chartarsis. J’étouffe.

Je ne vois pas de soupirail. Et je force sur les parois de mon asphyxie avec le bélier des mots». Et ces gouttelettes sans goût viennent le sacrifier en tant que père du spiralisme haïtien prouvant ainsi une fois encore son instabilité spirituelle lorsqu’il déclare dans gouttelettes du vendredi 16 novembre 2012 (Nouvelliste) : « Dieu ne pense pas. Dieu n’analyse pas. Dieu ne moralise pas. Dieu ne rationalise pas. Dieu n’est pas un intellectuel. Dieu est un exceptionnel artiste infiniment fou, enfouraillé à perpétuité dans l’inachevable explosion de son propre être. Alors que plus loin, dans « gouttelettes » du vendredi 14 décembre 2012, il déclare: « …Nous sommes branchés en permanence avec la totalité des réseaux cosmiques. Malheureusement, l’indifférence, la dispersion, l’inconscience et la pénurie spirituelle nous empêchent de demeurer « on line ». Nous sommes de toutes les galaxies et de toutes les époques au présent perpétuel. L’énergie divine se manifeste dans tous les quanta et dans toutes nos particules élémentaires. Je suis Dieu !… » Et dans gouttelettes du samedi 17 au dimanche 18 novembre, il précise: « … L’univers est comme Dieu… » Voilà un esprit tortueux qui est en constant dilemme, en perpétuelle contradiction avec lui-même, qui ne se reconnaît pas. Voilà un modèle que suivent les jeunes et devinez comment sera le futur d’Haïti ? Voilà un être qui se veut un hermétique athée et qui est incapable de vivre sans Dieu. Peut-être se complète-t-il dans l’incapacité de penser, d’analyser, de moraliser, de rationaliser et d’être un exceptionnel artiste infiniment fou, enfouraillé à perpétuité dans l’inachevable explosion de son propre être. Personne ne peut ignorer le vrai Dieu, il nous a dominés, il nous domine et il nous dominera éternellement.

Personne ne peut se déclarer hermétiquement athée. Le fait même de se prouver ou de se dire athée prouve sa croyance en Dieu, prouve l’acceptation de son existence. Dans athée on trouve Théis qui est Dieu ou dieux. Donc, si Dieu n’existe pas, le mot athé n’existerait pas non plus. Le fait de reconnaître que l’univers est comme Dieu prouve que Dieu a créé l’univers et tout ce qu’il contient. Donc il vous impose malgré vous sa suprématie. Cela fait déjà des siècles que de simples mortels essaient de rabaisser la suprématie divine. Engel, Marx, Lénine, Mussolini et tant d’autres avaient essayé de le faire avant vous. Lisez la vie de ces petits dieux qui se voulaient dépasser celle du vrai Dieu et vous y serez informés. Trouvez-moi un descendant de ces messieurs aujourd’hui, ils ont tous disparu tragiquement, et pourtant, c’était hier encore.

Un faiblard tel que vous est loin d’être un dieu encore moins le vrai Dieu. D’ailleurs, le fait de crier sur tous les toits : « je suis un enfant né de… » « je suis un bâtard sans couleur et … » prouve votre faiblesse d’esprit, votre pusillanimité. Ces répétitions ne veulent rien dire du tout. Ce sont là les cris d’un enfant affecté chroniquement qui souffre d’une crise d’identité créée en son for intérieur. L’essentiel c’est d’exister et d’être fier de l’être, et d’être fier d’avoir fait de vous ce que vous êtes aujourd’hui. Maurice Sixto l’a bien souligné dans son récit « Maître Zabelbòk ». « Sosyete a pa be zwen konnen si’w pase pa pot oubyen fenèt pou reyisi, l’essentiel c’est de reussir. Et si vous étiez né sans père ni mère, et si vous étiez un accident de la nature, que diriez-vous ? L’histoire biblique nous rapporte qu’il existe « un homme venu de nulle part du nom de Melkhitsédek qui est sans père, ni mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours, ni fin de vie, mais qui est rendu semblable au fils de Dieu et qui demeure sacrificateur à perpétuité et qui pourtant est le représentant de Dieu qui a le rôle le plus important à jouer sur la terre. C’est de lui que viennent toutes les directives concernant le destin de l’humanité, tous les grands initiés ont été instruits par lui : Hermès Trismégister est un aspect de lui, et, Orphée, Moïse, Pythagore, Platon, Bouddha, Zoroastre… tous les plus grands ont reçu son enseignement, même Jésus.

C’est lui qui a envoyé les rois mages comme représentants de son royaume pour s’incliner devant Jésus, parce que Jésus était l’incarnation du principe christique, du verbe qui s’est fait chair. Il personnifie la sagesse. C’est pourtant un être que le néant a créé. (Saint Paul, épître aux Hébreux 7 :14, 5 :5-6, 6 :19-20, et, Genèse 14 :17-20) Et dans une autre de ces gouttelettes: – Frankétienne : « Je chevauche l’imaginaire et je franchis mes abîmes. » – V/G : « Vous transcendez l’imaginaire et ça fait déjà longtemps que vous êtes déjà dans l’abîme. Tâchez de ne pas y rester, car, avec Jehova Dieu, il n’est jamais trop tard. Il est grand, il est tout puissant, il comprend, il pardonne, il est amour, il est patient, il vous aime et il vous attend. – Aux lecteurs: Ne vous fiez surtout pas à ces gouttelettes sans goût, à ces gouttelettes putrides qui dénaturent tous ceux sur qui elles tombent. Si l’écriture est créée pour se défouler, il vaut mieux ne pas écrire pour le public, gardez vos écrits dans vos tiroirs. Si au contraire l’écriture est créée pour instruire les autres et/ ou pour partager avec eux votre connaissance, vos expériences, alors, rendez-la publique.

Vous me direz sans doute jalouse du succès de l’autre. Si succès a cette figure bien entendu, alors je vous dirai que non, à chacun sa plume et ses fans. Et il ne faut surtout pas se battre pour être le ou (la) meilleure en littérature puisque l’artiste en général n’a toujours qu’une touche personnelle et le public en a le dernier mot. Cependant, ce n’est pas une raison d’accepter n’importe quoi d’une personne de la trempe de Frankétienne, surtout quand on a une société à majorité ignorante. Ce n’est que la faiblesse humaine qui pousse les hommes à se rivaliser entre eux. Hors moi, j’ai horreur des faibles et je suis toujours en quête du (plus-que-parfait) pour atteindre au moins le parfait. Somme toute et pour tout, Frankétienne n’est pas et ne saurait être une référence littéraire.

Vivianne Gauthier

Styliste-Écrivaine-Étudiante

en sciences politiques et

administratives à ESSPAA


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