Hugo Chavez, que la révolution socialiste fasse son chemin !

Hugo Chavez, que la révolution socialiste fasse son chemin !
Hugo Chavez, Que la révolution socialiste fasse son chemin !

Hugo Rafael Chávez Frías, né le 28 juillet 1954 à Sabaneta, dans les llanos (sud du Venezuela), et annoncé mort le 5 mars 2013 à Caracas, est un militaire et homme d’État vénézuélien.

Il est le 52e président de la République bolivarienne du Venezuela du 2 février 1999 à sa mort, des suites d’un cancer. Il était auparavant le chef du parti politique du Mouvement Cinquième République depuis sa fondation en 1997 jusqu’en 2007, quand il devint le chef du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV). Se revendiquant du bolivarisme et d’un « socialisme du 21e siècle », il a mis en place un ensemble de réformes, désigné sous le nom de « Révolution bolivarienne », et comprenant la promulgation d’une nouvelle constitution, une politique de « démocratie participative », et la nationalisation des industries clés.

Hugo Chávez est né dans la ville de Sabaneta, dans l’État de Barinas le 28 juillet 1954. Sabaneta est située dans les basses terres des Andes vénézuéliennes, près de la cordillère des Andes à l’ouest et au sud. Il est le second fils d’une famille de sept enfants. Son père, Hugo de los Reyes Chávez (es), fut trois fois gouverneur de Barinas de 1998 à 2008. Sa mère est Elena Frías dite Frías de Chávez. Les parents de Chávez travaillaient tous deux comme enseignants dans une école locale. Son père avait abandonné l’école au collège. Cependant, il obtint plus tard une qualification lui permettant d’enseigner à l’école primaire2.

La famille Chávez, d’origine principalement indienne-indigène, espagnole juive séfarade[réf. nécessaire] et afro-vénézuélienne3, a des ancêtres dans le centre du Venezuela, dans la région des llanos. Chávez est l’arrière-petit-fils du rebelle Pedro Perez Delgado, plus connu sous le nom de “Maisanta“. Maisanta fut un leader rebelle toute sa vie. Il soutint une insurrection qui, avant sa capture en 1922, mena à la mort à la fois un ex-président vénézualien et un gouverneur d’État4. Les terres appartenant à la famille de Maisanta sont très étendues et collectivement, elles sont connues sous le nom de La Marquesena. Après l’insurrection, elles furent confisquées par les autorités fédérales. Plus de 80 ans plus tard, la même propriété sera expropriée par Chávez5. Chávez évoqua plus tard la perte de ces terres familiales qui auraient eu une place centrale dans les récits contés par sa grand-mère paternelle, Rosa. Elle lui aurait dit: « Pour moi, La Marquesena fut le point de rencontre d’un grand nombre de choses »6.

Chávez grandit dans une petite maison faite de feuilles de palmiers et d’un sol en terre battue. Sa famille vivait dans un petit village juste à la sortie de Sabaneta. Chávez et ses frères et sœurs ont été poussés par leurs parents à considérer leur éducation comme une échappatoire à leur environnement rural et afin d’atteindre de meilleures vies dans les villes plus prospères. La mère de Chávez aurait souhaité qu’il devienne un prêtre catholique, il servit alors comme enfant de chœur pendant un an. L’une de ses obligations consistait à nettoyer et polir des statuettes représentant les saints et Jésus. Chávez commença alors à développer une aversion à la représentation en figurine de Jésus. Chávez s’offensa, en particulier, du portrait que son église faisait de Jésus, le représentant comme un idiot, alors que Chávez, lui, le considérait comme un « rebelle ». Cela poussa Chávez à se méfier des hiérarchies religieuses tout au long de sa vie7,8.

Plus tard, ses parents envoyèrent Chávez ainsi que son frère aîné, Adán vivre chez leur grand-mère paternelle, Rosa Inés Chávez, qui vivait dans Sabaneta. De ce fait, Chávez noua une relation plus forte avec sa grand-mère qu’avec sa propre mère. Plus tard, les parents de Chávez et ses autres frères et sœurs s’installèrent dans une maison aux alentours2. Chávez raconte la situation étrange dans laquelle il se trouva lorsque ses parents s’installèrent dans une autre maison que celle dans laquelle il vivait en compagnie de sa grand-mère paternelle à Sabaneta2 : « [Ils déménagèrent à Sabaneta] et mon père construisit une petite maison… diagonalement opposée à celle en chaume de ma grand-mère. Mes parents y vivaient avec les autres enfants… [Leur maison] était une petite maison faite de [blocs de ciments], une maison rustique, mais avec un toit en amiante et un sol en ciment2. » Ainsi, Chávez et Adán restèrent chez leur grand-mère, tout en étant régulièrement en contact avec leurs parents9. La plupart des enfants de la région dans laquelle il grandit ne suivaient jamais d’études supérieures. Cependant, Chávez prouva être l’une des exceptions. Il commença par fréquenter l’école primaire Julián Pino. En même temps, il continua ses passe-temps, la peinture et le chant. À l’âge de douze et treize ans, Chávez était un garçon très mince aux pieds anormalement grands, et ses camarades le surnommèrent “Tribilin“, le nom espagnol du personnage de Disney, Dingo10. Le soir après l’école, Chávez travaillait comme marchand ambulant, vendant des friandises de fruits caramélisés confectionnées par sa grand-mère2. Chávez se rappela plus tard avoir développé un goût pour la nature. Cela vint du fait que sa famille se trouvait à proximité de la rivière Guanare. Là-bas, il allait pêcher avec son père. Et les jours de fêtes comme Pâques par exemple, sa famille organisait des pique-niques sur les bancs de la rivière7. Chávez était particulièrement intéressé par le baseball. L’un de ses rêves d’enfance était de devenir lanceur pour l’équipe des Giants de San Francisco, suivant les traces de son héros de jeunesse, le lanceur vénézuélien, Isaías “Látigo” Chávez (pas de liens familial entre les deux). Lorsque Látigo mourut à l’âge de 23 ans, le 16 mars 1969 à Zulia11 dans le second accident d’avion le plus grave de l’histoire du Venezuela12, Chávez était tellement triste qu’il refusa d’aller à l’école pendant deux jours. Cinq ans plus tard, Chávez écrivait encore sur Látigo dans son journal intime13. Chávez continua à jouer et à aimer le baseball tout au long de sa vie14. Chávez joua aussi au baseball et au softball avec l’équipe des Criollitos de Venezuela, qui joua dans le championnat national de baseball du Venezuela, le Venezuelan National Baseball Championships en 1969. Il écrivit aussi des poèmes, des histoires et des drames15. Dès son plus jeune âge, Hugo Chávez s’intéresse à la vie, à l’idéologie, ainsi qu’aux écrits de Simón Bolívar. Bolívar est très respecté à la fois au Venezuela et dans le reste de l’Amérique du Sud en tant que révolutionnaire vénézuélien et membre de l’armée de libération. On se souvient de lui en particulier pour son rôle central dans les guerres d’indépendance de l’Amérique du Sud, les South American Wars of Independence. En effet, dès son enfance, Chávez liait les dates clés de sa propre vie avec les anniversaires importants liées aux actions de Bolivar2. Plus tard, Chávez s’installa dans une plus grande ville, Barinas, où il fréquenta le lycée Daniel Florencio O’Leary School15. Durant ses années au lycée, les meilleurs amis de Chávez étaient deux frères, les fils de Jose Ruiz, un communiste qui avait été incarcéré par le gouvernement de dictature militaire de Marcos Pérez Jiménez. C’est dans la bibliothèque de la famille Ruiz que Chávez lut ses premiers livres sur le communisme et le socialisme16. Plus tard, à l’âge de 17 ans, Chávez rejoint l’armée vénézuélienne. Il se rappela plus tard qu’il s’était engagé afin de pouvoir jouer dans la ligue de baseball de l’armée17. Plus tard, il s’inscrit en tant que cadet à la Venezuelan Academy of Military Sciences – l’académie vénézuélienne des sciences militaires.

Vie de cadet

Alors qu’il étudiait à l’académie, Chávez lisait également des livres d’histoire et débattait avec ses camarades. Entre 1971 et 1973, un groupe de cadets panaméens vinrent dans l’école militaire où Chávez étudiait. À leur contact, Chávez s’intéressa d’abord au leader panaméen Omar Torrijos, ainsi qu’à la récente révolution de la gauche au Panama. La curiosité de Chávez était attisée par les efforts de Torrijos destinés à reprendre le contrôle de la Zone du canal de Panamá ainsi que du canal de Panamá lui-même, des mains de son propriétaire le gouvernement des États-Unis. Par la suite, Chávez considéra Torrijos comme un modèle de leader18.

En 1974, Chávez, accompagné d’environ une douzaine d’autres cadets et de soldats, tous jeunes, se rendit à Ayacucho, au Pérou afin de commémorer le 150e anniversaire de la bataille de Ayacucho. Là-bas, ils furent personnellement accueillis par Juan Velasco Alvarado, radical de gauche ainsi que le président péruvien de la période de 1968 à 1975. Velasco leur donna à chacun une édition de poche miniature de La Revolución Nacional Peruana (La Révolution nationale péruvienne). Les cadets remarquèrent la proximité des rapports de Velasco avec à la fois le peuple péruvien et l’infanterie militaire péruvienne. Chávez s’attacha à ce livre et aurait à la fois étudié son contenu ainsi qu’il l’aurait porté constamment sur lui. Cependant, Chávez perdit le livre après son arrestation lors du coup d’État de 1992 au Venezuela. Vingt-cinq ans plus tard, Chávez alors président, ordonna l’imprimerie de millions de copies de la nouvelle Constitution du Venezuela de son gouvernement, sous la forme d’un livret miniature bleu, en honneur au cadeau de Velasco18. Au cours de ses années à l’académie, Chávez et ses différents acolytes développèrent une doctrine de gauchenationaliste qu’ils surnommèrent le “Bolivarianisme”. Bien que largement inspirée des idéaux de Simón Bolívar, cette philosophie était également influencée par les écrits de l’historien Marxiste Federico Brito Figueroa. D’autres contributions provenaient des opinions de Jorge Eliécer Gaitán, Fidel Castro, Salvador Allende, et Che Guevara – tous étant des représentants sud-américains socialistes et communistes. Néanmoins, Simón Bolívar, Simón Rodríguez (le compagnon et tuteur de Bolívar), et Ezequiel Zamora (un leader paysan combattant en soutien pour les pauvres non propriétaires de terres) furent d’une importance centrale pour Chávez19. Toutes ensemble, ces influences étaient la clé de la formation de sa philosophie politique et de son style de gouvernance20.




Durant ses études à l’académie militaire, Chávez évita généralement toute discussion politique avec sa famille, spécialement lors de ses séjours en vacances. Il répugnait particulièrement aux discussions politiques avec son père, un membre de la COPEI (un parti politique démocrate-chrétien). En effet, son père obtint un poste de directeur de l’Éducation de Barinas sous le gouvernement COPEI de Luis Herrera Campins. Néanmoins, Chávez appréciait ce genre de discussions lorsqu’elles se tenaient au domicile de la famille Ruiz à laquelle il rendait visite régulièrement21. Pendant quelques mois, au cours de l’année 1974, Chávez tint un journal intime. Dedans, il faisait très attention à l’utilisation de son espagnol. Chávez y exprimait une orientation politique gauchiste, écrivant son aversion pour la politique étrangère des États-Unis ainsi que pour le manque d’identité nationale ou culturelle du Venezuela. Par exemple, il remarqua que tant le sport national (le baseball) que la musique populaire du Venezuela provenaient finalement tous deux d’Amérique du Nord22.

Chávez était considéré comme un provinciano (« provincial »), impliquant un retard mental par rapport aux faveurs sociales de la vie urbaine. À première vue, Chávez était considéré comme une personne à la fois polie et timide. Cependant, une fois diplômé, avait animé un concours de beauté et était chargé de son propre programme de radio, plutôt obscur2. Jeune homme, Chávez eut deux petites amies, qui étaient considérées ternes par les autres étudiants. Chávez, lui aussi était en général considéré plutôt fade23, et les filles étaient plus intéressées par ses deux meilleurs amis, les frères Ruiz, que par Chávez lui-même. Chávez eut sa part de désagréments sociaux. Par exemple, quand une jeune femme qu’il considérait attirante le rejetait, il allait trouver une tête d’âne pourrie sur le bord de la route et la laissait en face de sa porte21. Plus tard, Chávez se trouva une autre petite amie, Herma Marksman, qui l’aida à mettre une touche finale à la thèse qu’il devait achever afin d’obtenir son diplôme. Après son mariage avec Nancy Colmenares à l’âge de 23 ans, Chávez eut une liaison avec Marksman. Elle dura neuf ans2,24. Chávez fut diplômé le huitième de sa classe2 le 5 juillet, 1975 en tant que sous-lieutenant avec un diplôme militaire en arts et sciences25. Après avoir reçu le sabre de commande des mains du président Carlos Andrés Pérez en personne durant le défilé annuel, Chávez entra officiellement dans le service militaire26.

Les coups d’état manqués (1992)

Le 4 février 1992, le MBR-200, dirigé par Hugo Chávez, tente un coup d’État contre le président Carlos Andrés Pérez. Le putsch prend pour nom « opération Ezequiel Zamora ». Cette tentative échoue, et Chávez est emprisonné pendant deux ans. Lors de son séjour carcéral, il enregistre une vidéocassette dans laquelle il appelle à l’insurrection. Elle est diffusée vers 4 heures du matin dans la nuit du 26 au 27 novembre 1992, lors d’un deuxième coup d’État préparé par le MBR-200. La deuxième tentative avorte également, bien que les membres du MBR-200 aient tout de même pris le contrôle du pays pendant quelques minutes[réf. nécessaire].

En 1994, Rafael Caldera est élu pour la deuxième fois au Venezuela. Réalisant une de ses promesses politiques faites avant d’être élu, il ordonne la libération de Chávez[réf. nécessaire].

Débuts politiques

Sorti de prison au bout de deux ans, il fonde un parti politique d’orientation socialiste, le Mouvement Cinquième République, et est élu président du Venezuela en 1998. Il présente ensuite une nouvelle constitution qui accroît les droits des groupes les plus défavorisés et marginalisés et modifie la structure du gouvernement vénézuélien, avant d’être réélu en 2000. Au cours de son second mandat présidentiel, il crée un système de missions bolivariennes, de conseils communaux et de coopératives, ainsi qu’un programme de réforme agraire, tout en nationalisant des industries clés. L’opposition arguant qu’il est un populiste qui érode la démocratie représentative et est de plus en plus autoritaire, tente de le chasser du pouvoir par un coup d’État militaire en 2002 et un référendum révocatoire en 2003, sans succès. En 2005, il a ouvertement proclamé son adhésion au socialisme, et a de nouveau été élu au pouvoir en 2006, après quoi il fonde un nouveau parti politique, le PSUV, en 2007.

Fervent opposant à l’impérialisme et au capitalisme néolibéral, Chávez est un fervent opposant de la politique étrangère des États-Unis. Il s’appuie sur des alliances fortes avec les gouvernements socialistes comme Evo Morales en Bolivie, Rafael Correa en Équateur, Raul Castro à Cuba. Sa présidence est considérée comme une partie de la « vague rose » socialiste qui balaye l’Amérique latine. Il a soutenu la coopération entre l’Amérique latine et les Caraïbes et a contribué à la mise en place de l’Union des nations sud-américaines, de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques, de la Banque du Sud, et du réseau régional de télévision Telesur. D’après le Times, il fait partie des 100 personnes les plus influentes du monde en 2005 et 2006.

Le 24 juillet 1983, lors de la journée du 200e anniversaire de la naissance du Libertador (Libérateur) du Venezuela et des autres colonies espagnoles d’Amérique du Sud, Simón Bolívar, Chávez crée avec notamment Raúl Isaías Baduel, au sein de l’armée, le Movimiento Bolivariano Revolucionario 200 (Mouvement révolutionnaire bolivarien 200, MBR-200) d’orientation socialiste.

Mandats présidentiels

Élection à la tête du Venezuela (1998)

Hugo Chávez à Porto Alegre, le 26 janvier 2003

Article détaillé : Présidence d’Hugo Chávez.

Une fois libéré, Chávez crée un parti politique nommé « Movimiento Quinta República, MVR » (Mouvement Cinquième République), une version civile du MBR-200[réf. nécessaire]. C’est à la tête de ce parti qu’il gagnera les élections, quatre ans plus tard. En 1998, année d’élections législatives et d’élection présidentielle, sa cote dans les sondages augmente progressivement (30 % en mai, 39 % en août)2,27. Le slogan de sa campagne électorale le proclame « fléau de l’oligarchie et héros des pauvres ». La coalition de partis de gauche, rassemblée autour du MVR, remporte une majorité des sièges du Congrès national lors des élections législatives du 8 novembre avec toutefois une assemblée fragmentée composée de nombreux petits partis28.

Le 6 décembre 1998, Chávez sort victorieux de l’élection présidentielle avec 56 % des voix, la plus forte majorité jamais constatée à cette élection en quarante ans de démocratie vénézuelienne[réf. nécessaire]. Le 2 février de l’année suivante, il prête serment sur une constitution qu’il qualifie de moribonde et dont il demandera la modification à deux reprises par la suite.

Éprouvant des difficultés à faire passer ses réformes aux parlements[réf. nécessaire], il met en œuvre le 25 avril 1999 un référendum sur l’opportunité de former une nouvelle assemblée constituante, de programmer des élections pour cette dernière et une nouvelle élection présidentielle pour l’année 2000, ce référendum verra une victoire du « oui » à 92 % avec un taux de participation de 40 %. Le 7 août, la nouvelle Assemblée constituante est instituée en petite pompe, en effet, Hugo Chávez a annulé le défilé militaire qui accompagne habituellement cette cérémonie, voulant par là illustrer la soumission de l’armée aux autorités civiles dans un pays qui a précédemment connu de nombreuses dictatures militaires. Ce défilé est remis au 4 février, date anniversaire de sa première tentative de coup d’État. Cette assemblée à 95 % Chaviste[réf. nécessaire] a pour mandat de préparer une nouvelle constitution afin de remplacer celle de 1961. Ses 131 membres, la plupart sans aucune expérience politique, n’ont que trois mois pour la rédiger. Il est prévu de faire ratifier cette nouvelle constitution par référendum[réf. nécessaire].

Le 19 décembre de la même année, 72 % des participants au référendum acceptent la nouvelle constitution bolivarienne.

Les principaux changements de la Constitution bolivarienne du Venezuela sont :

  • Changement de nom du pays en « République bolivarienne du Venezuela » ;
  • Abolition du Sénat, passant ainsi à un système monocaméral ;
  • Le mandat du président passe de 5 ans à 6 ans ;
  • Le président peut être réélu immédiatement à la fin de son mandat une seule fois. La constitution antérieure permettait la réélection du président, mais seulement après une période d’au moins 10 ans ;
  • Mise en vigueur du « référendum révocatoire » qui permet au peuple de destituer n’importe quel gouvernant, fonctionnaire ou administrateur public, y compris le président.

Première réélection (2000)

Néstor Kirchner et Hugo Chávez en juillet 2004

Les élections générales promises par Chávez ont lieu le 30 juillet 2000. Chávez est réélu président avec 59,5 % des voix29. Le MVR remporte 93 des 165 sièges de l’Assemblée nationale28.

Le 10 août 2000, dans le cadre d’une tournée de l’OPEP (pays producteurs de pétrole), Chávez effectue une visite officielle en Irak. Il est le premier chef d’État à s’y rendre depuis la première guerre du Golfe30

À la suite des attentats du 11 septembre 2001, les cours du pétrole brut s’effondrent ce qui provoque une crise économique, l’économie du Venezuela reposant en grande partie sur le pétrole dont le pays est le troisième exportateur mondial. Dans le même temps le gouvernement est aux prises avec d’importants troubles sociaux. [réf. souhaitée] Trois séries de mesures sur le plan de la politique intérieure sont particulièrement critiquées par l’opposition et le patronat : la réforme agraire, la prise en main du secteur pétrolier et l’augmentation des redevances sur le pétrole, et la saisie de terrains côtiers pour une surface équivalente à celle de la Belgique[réf. nécessaire]. L’opposition et le patronat jugent en particulier que ces mesures vont à l’encontre du droit à la propriété privée31,32. Ces grèves et ce climat de tension contribueront à alimenter un mouvement qui culminera dans le coup d’État de Pedro Carmona en 2002.

Le 10 décembre 2001, le patronat et des syndicats[Lesquels ?] vénézuéliens appellent à une grève générale pour protester contre les mesures économiques d’Hugo Chávez. À cette occasion Pedro Carmona considère que les mesures économiques prises par Chávez représentent la plus grande confiscation de propriété privée de l’histoire du Venezuela32. Au même moment, des milliers de partisans du gouvernement se réunissent à Caracas afin de soutenir le président, et écoutent un discours de Chávez justifiant les mesures engagées. La population vénézuélienne est partagée entre pro et anti-chavistes[réf. souhaitée].

Le dimanche 7 avril 2002, Chávez, en direct lors de son émission Aló Presidente et avec un sifflet33, met à la porte sept dirigeants de la Compagnie nationale des pétroles du Venezuela (PDVSA) et en force douze autres à prendre leur retraite. Mécontents, les cadres de la compagnie protestent et la Confederacion de Trabajadores de Venezuela (Confédération des travailleurs du Venezuela, CTV), de concert avec le patronat, appelle à une grève générale de 24 heures34. Le secteur pétrolier, responsable de 80 % des exportations du pays n’emploie que 2 % de la main-d’œuvre et dispose d’un poids économique important lors des mouvements de grève.

Le coup d’État de Carmona (11-13 avril 2002)

Article détaillé : Coup d’État de 2002 au Venezuela.

Le 7 avril 2002, Hugo Chavez annonce à la télévision le licenciement des cadres dirigeants de PDVSA. S’ensuit une intensification des manifestations de l’opposition. Le 9 avril, le syndicat CTV (Confédération des travailleurs du Venezuela) et Fedecámaras (syndicat patronal) déclenchent une grève générale de 24 heures pour soutenir les dirigeants de PDVSA. L’opposition convoque une manifestation le 11 avril, réussissant à regrouper plus de 200 000 personnes35. Cette manifestation est au départ prévue et autorisée jusqu’au siège de PDVSA, situé dans le secteur de Chuao, vers l’est de Caracas, mais sur un appel à “marcher sur Miraflores”, elle est déviée de 8 km vers le Palais présidentiel, où se trouvait le rassemblement pro-Chavez36.

Lorsque la manifestation atteint le centre-ville, des affrontements violents éclatent. Le maintien de l’ordre est assuré, selon le secteur, par la Police métropolitaine de Caracas ou par la Garde Nationale.

Hugo Chavez, qui se trouve à ce moment-là au Palais de Miraflores, déclenche l’activation du “plan Avila” (plan d’opérations de l’armée pour contenir des troubles à l’ordre public)37,38. L’ordre n’est pas exécuté car le Général Manuel Antonio Rosendo, chef du CUFAN (Commandement Unifié de l’Armée Nationale, dénomination de l’État-major avant la Loi LOFAN de 2005) soutient les officiers qui demandent la démission du gouvernement.

Les chaînes de télévision privées émettent le 11 avril avec un “écran divisé”, montrant sur une moitié les émissions habituelles et sur l’autre Chavez et des scènes des troubles au centre de Caracas. Le gouvernement ordonne l’arrêt des émissions, mais les chaînes réussissent à les rétablir cinq minutes plus tard.

Les premiers morts et blessés par balle apparaissent en début d’après-midi. Quelques heures plus tard les chaînes de télévision diffusent un message enregistré par Otto Neustald de CNN dans la matinée, lu par le Général Lucas Rincon Romero entouré de hauts officiers qui déclarent ne pas reconnaître l’autorité du gouvernement de Chavez et font allusion aux décès survenus à Caracas39.

Peu après, Venevision diffuse des images d’un groupe de partisans de Chavez qui tirent au pistolet depuis le Pont Llaguno vers le sud (ce qui leur donnerait un angle de vision favorable mais dépassant la distance d’engagement des armes de poing). Ces images, selon Chavez et des porte-parole du gouvernement, étaient manipulées et ne montraient pas qui était la cible des tireurs, bien que la voix off indiquait qu’ils tiraient sur des manifestants de l’opposition. Les tireurs, arrêtés quelques jours plus tard, déclareront qu’ils ripostaient au feu des snipers postés sur les étages élevées des immeubles adjacents et des fonctionnaires de la Police Métropolitaine de Caracas.

Dans ce secteur douze décès sont comptabilisés. Lors du procès pour ces homicides et les blessures infligées à 29 autres personnes, neuf fonctionnaires de Police et deux militaires de la Garde Nationale, en plus des tireurs du Pont Llaguno (dont un conseiller municipal du parti MVR de Chavez) seront mis en examen, le jugement final prononçant une condamnation contre trois commissaires et huit agents de la Police métropolitaine.

Pendant la nuit, les officiers à l’origine du coup demandent à Chavez de se rendre et démissionner, sous peine de voir le Palais de Miraflores, toujours entouré par des partisans du gouvernement, attaqué (comme lors du coup d’état au Chili en 1973). Vers 0h00 du 12 avril 2002, le Général Rincon Romero, alors Ministre de la Défense apparaît à la télévision et déclare que “On a demandée la démission [de Chavez], ce qu’il a accepté [sic]”. Quelques heures plus tard Chavez se rend, quitte Miraflores et est transporté à la base militaire de Fuerte Tiuna, à Caracas. Ces évènements sont filmés de l’intérieur du Palais par les journalistes Kim Bartley et Donnacha O’Brien, réalisatrices du documentaire irlandais The revolution will not be televised.

Pendant l’après-midi du 12 avril Pedro Carmona, président du syndicat patronal Fedecamaras, est proclamé Président par intérim avec « l’Acte de constitution du Gouvernement de transition démocratique et d’unité nationale », signé par environ 400 personnes présentes au Palais de Miraflores à ce moment-là. Dans la foulée le Pouvoir législatif est dissous et tous les députés de l’Assemblée nationale (et leurs suppléants) sont destitués, de même que les maires élus depuis l’élection de Chavez, les membres du Tribunal Suprême de Justice, des institutions du Ministère public et de la Cour des comptes (la Fiscal General de la República et la Contraloría General de la República), du Bureau de l’Ombudsman et du Conseil National Électoral40,41,42,43,44.

Le 13 avril dans la matinée, des manifestations de soutien à Chavez s’organisent dans plusieurs secteurs de Caracas. Ils bloquent les autoroutes qui vont vers l’Est et vers la Guaira (où se trouvent le principal port du pays et l’aéroport de Caracas). Les émissions de certaines chaînes privées vénézuéliennes ne comportent alors que des dessins animés et des films. Cependant, la chaîne d’informations par câble CNN et la chaîne privée colombienne Caracol (radio et télévision) continuent à diffuser des informations sur les évènements. Chavez est alors transféré à une base navale à Turiamo, où il marque dans une note manuscrite “Je n’ai pas renoncé au pouvoir légitime que le Peuple m’a donné”. Il est ensuite transféré à l’Île La Orchilla.

Pendant la nuit, des partisans de Chavez parviennent à s’emparer de la chaîne “Venezolana de Televisión“, jusqu’alors contrôlée par la Police de l’État de Miranda, gouverné par l’opposant Enrique Mendoza. Les partisans de Chavez rétablissent le signal et commencent à émettre en direct. Un bataillon basé à Maracay sous le commandement de Raul Isaías Baduel déclare son adhésion à la Constitution et met en route l’action nommée “Opération de Sauvetage de la dignité nationale”. Les partisans de Chavez occupent le Palais de Miraflores, abandonné par le gouvernement de facto en début d’après-midi et un peu plus tard le vice-président Diosdado Cabello prête serment comme Président provisoire.

Au petit matin du 14 avril une unité heliportée libère Chavez à La Orchilla et le ramène à Caracas. Diosdado Cabello fait la passation des pouvoirs. Chavez s’adresse à la Nation en montrant un crucifix, et appelle au calme.[réf. nécessaire]

Couverture médiatique

D’importants groupes médiatiques vénézuéliens comme El Universal, El Nacional, El Nuevo País, Globovisión, Televen, CMT et RCTV ont soutenu le coup45. En même temps, le point de vue de l’opposition anti-Chavez a été relayé dans les dépêches de nombreuses agences de presse et média internationaux46.

La une du 11 avril du quotidien El Nacional titrait « La bataille finale sera à Miraflores »47. Pendant le mois de mars, RCTV a donné une couverture médiatique extensive des manifestations anti-Chavez, tout en évitant de couvrir les manifestations pro-Chavez48.

Le 11 avril, la manifestation anti-Chavez, le message « Chavez dehors » et l’appel à diriger la manifestation vers le Palais présidentiel à Miraflores ont été « largement diffusés, promus et couverts par les chaînes de télévision privées, dont le soutien explicite à l’opposition est devenu évident. » Un flot continu d’annonces à la télé, diffusées gratuitement, appelait les Vénézuéliens à participer à la manifestation49. Andrés Izarra, alors directeur de production de l’émission El observador de RCTV, déclarera plus tard à l’Assemblée Nationale qu’il a reçu des instructions précises du propriétaire Marcel Granier pour que le 11 avril et les jours suivants, il ne diffuse « aucune information sur Chavez, ses partisans, ses ministres et aucune autre qui pourrait avoir un quelconque rapport avec lui. »50 Les comploteurs, dont Carmona, se retrouvent au siège de la chaine de télévision Venevisión45. Après la détention de Chavez, des protestations pro Chavez, incluant des émeutes soldées par dix-neuf morts, ont éclaté à divers endroits de Caracas48. RCTV les ignora et envoya ses équipes dans des secteurs calmes de la ville pour Émissions de tranquillité en direct48.

La télévision vénézuélienne n’a pas informé de la reprise du Palais de Miraflores par les partisans de Chavez; les quatre principales chaînes ont tout simplement arrêté de diffuser des informations sur les évènements48. Le St. Petersburg Times signala que RCTV diffusait des dessins animés. Venevisión diffusa un marathon de films hollywodiens : Lorenzo’s Oil, Nell et Pretty Woman. Une autre chaîne, Televen, conseilla à ses téléspectateurs de « rester à la maison », et diffusa des matchs de baseball et des feuilletons. Globovisión, la plus importante chaîne d’information en continu du pays et associée de CNN, rediffusa en boucle des enregistrements de la sortie de Chavez. Une voix off prévenait les téléspectateurs : « Nous vivons des temps de changement politique »51.

Les directeurs de Venevisión, RCTV et Globovisión, tout comme l’éditeur d’El Nacional, se sont réunis avec Carmona à Miraflores51. Le directeur de Globovisión semble avoir appelé CNN à Atlanta (le siège de CNN en espagnol) « pour demander au réseau américain de se joindre au blackout. »51 Deux des trois principaux journaux, El Universal et El Nacional ont annulé leurs éditions du dimanche, « pour des raisons de sécurité ». Le troisième journal, Ultimas Noticias, a imprimé à tirage limité son édition, rendant compte des faits objectivement. D’autres quotidiens et des média régionaux ont également couvert les évènements48. Lorsque CNN a annoncé l’opposition au coup d’une division stratégique des Forces armées à Maracay, « CNN exprima sa surprise sur le fait que la presse n’en disait rien. »45 Le communiqué des officiers demandant la restauration de la démocratie depuis Fuerte Tiuna a dû être diffusé par CNN, parce qu’aucune chaîne vénézuélienne n’a accepté de le faire52.

En 2004, le ministre des affaires étrangères espagnoles Miguel Ángel Moratinos accuse le gouvernement de José María Aznar d’avoir encouragé l’ambassadeur à appuyer le coup d’État53,54.

Ces évènements ont été filmés de l’intérieur par des journalistes d’une chaîne irlandaise, RTE, qui étaient sur place pour tourner un reportage sur le programme d’Hugo Chávez. Ils en ont tiré un documentaire : The revolution will not be televised. Ce film a été critiqué pour son parti pris pro-Chàvez et pour d’éventuelles manipulations dans son antithèse. Radiografía de una mentira55.

Le journaliste Brian A. Nelson à écrit dans son livre, The Silence and the Scorpion sorti en 2009, que le coup d’État de 2002 n’était pas prémédité, que les membres des milices contrôlées par Chávez sont les principaux responsables des violences et des morts de ces évènements et que le pouvoir a utilisé ceux-ci à son profit56.

En 2008, le réalisateur américain Oliver Stone a annoncé son intention de tourner un documentaire sur Hugo Chávez57.

Le référendum révocatoire de mi-mandat (2004)

Hugo Chávez a mis en place, dans la nouvelle constitution, la possibilité pour le peuple de décider de la révocation du président ou de tout fonctionnaire vénézuélien par un référendum pouvant être organisé une fois la moitié de son mandat effectué et un certain nombre de signatures réunies. Ainsi, l’opposition a réuni le nombre de signatures nécessaires pour entamer cette procédure de révocation à mi-mandat. Les signatures sont refusées par le Conseil national électoral (CNE), car une partie de celles-ci a été collectée avant la fin de la période de mi-mandat règlementaire58. L’opposition a de nouveau réuni le nombre suffisant de signatures pour permettre l’organisation du référendum révocatoire. Dans un climat très tendu, le gouvernement a accepté la liste de signatures présentée par l’opposition. Mais cette acceptation n’aurait pas été sans suite pour l’opposition[réf. nécessaire]: la liste Tascon aurait été créée[réf. nécessaire]. Elle aurait dénoncé tous ceux qui y auraient figuré et aurait donné lieu à des représailles au niveau des emplois à l’état[réf. nécessaire]: tous auraient été licenciés du jour au lendemain et ceux qui auraient voulu postuler par la suite à un poste de fonctionnaire auraient vu leur candidature évincée d’office[réf. nécessaire].

Le référendum révocatoire est mis en place pour le 15 août 2004. Pour en garantir la régularité, il est surveillé par la Fondation Carter et par l’Organisation des États américains (OEA). Le soir, les résultats préliminaires indiquent qu’environ 58 % des votants se prononcent contre la destitution de Chávez. Ce chiffre est confirmé par la fondation Carter et l’OEA59,60, mais les opposants affirment que le résultat est entaché de fraudes61. Dans les jours qui suivent, la majorité de l’opposition s’accorde à reconnaître Chávez gagnant et seul le parti de Mendoza refuse d’admettre la victoire du no.

Le résultat final, annoncé le 23 août 200462, confirme une victoire du non à 58,91 %.

Seconde réélection (2006) et échec de la réforme constitutionnelle (2007)

Le 3 décembre 2006, Chávez gagne l’élection présidentielle avec près de 63 % des voix, battant le chef de l’opposition, Manuel Rosales.

Le 4 septembre 2006, il annonce l’organisation pour 2010 d’un référendum constitutionnel afin, entre autres, d’abolir toute limite au nombre de mandats pouvant être effectués par le président. Cette proposition a été interprétée dans certains médias français63 comme l’organisation d’une présidence à vie.

Le 18 janvier 2007, le parlement vénézuélien – dont tous les membres appartiennent, outre le MVR, à des partis de gauche plus ou moins favorables au gouvernement, puisque l’opposition a boycotté les dernières législatives – accorde à Chávez les « pleins pouvoirs » pour une durée de dix-huit mois, en votant une loi l’autorisant à légiférer par décret dans certaines parties du pays64. En août de la même année, il annonce la formation du Parti socialiste unifié du Venezuela à l’occasion d’un meeting de lancement, nouveau parti ayant pour vocation de regrouper toutes les formations politiques soutenant la révolution bolivarienne entreprise par le gouvernement. Le parti revendique 2,5 millions d’adhérents à sa création.

Dans la foulée de ses déclarations de 2006, Hugo Chávez lance en 2007 une réforme qui prévoit de supprimer le nombre limite de mandats, d’inscrire le socialisme dans la constitution et de permettre des mesures d’exception à la liberté de la presse65 en temps de crise. Ainsi, le 24 octobre 2007, le socialisme est inscrit dans la constitution du Venezuela : pour de nombreux opposants, il s’agit d’une remise en cause du pluralisme politique, le socialisme étant « érigé en doctrine d’État65 ». Lorsque l’état d’urgence est proclamé, la liberté de la presse peut être suspendue, ainsi que les normes de la justice65 ; pour les partisans de Chávez, ces dispositions sont semblables à ce qui existe dans d’autres démocraties, tandis que ses opposants voient une nouvelle atteinte aux libertés publiques. En France, par exemple, l’article 11 de la loi du 3 avril 1955 permet d’« habiliter les mêmes autorités [les autorités administratives visées à l’article 8] à prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radiophoniques, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales ».

En novembre, un ancien fidèle de Chávez, l’ancien général et ministre de la Défense, le général Raúl Isaías Baduel, qui avait fondé avec lui le MBR-200 et avait aidé son retour au pouvoir en 2002 a qualifié la réforme de« coup d’État » se proclamant dans le même discours « chef de l’opposition ». Il avait déjà dénoncé en juillet 2007 à propos de cette réforme « l’orthodoxie marxiste, qui considère la démocratie […] comme un simple instrument de la domination bourgeoise »66.

Le 2 décembre 2007, l’électorat vénézuélien rejette par référendum la réforme constitutionnelle proposée par Hugo Chávez à une courte majorité de 50,7 % des suffrages exprimés, au terme d’une consultation marquée par une abstention de 49,7 % des inscrits67. Malgré la défaite de Chávez, les accusations de fraudes orchestrées par ses partisans ont été nombreuses68,69. Après quelques tergiversations, Chávez annonce, conséquemment à cette défaite, sa première lors d’une consultation du peuple, qu’il se retirera à l’issue de son second mandat, c’est-à-dire en 201370.

À la suite de cette défaite, l’hebdomadaire libéral britannique The Economist accuse Chávez, qu’il qualifie d’autocrate, de prendre plusieurs mesures violant la constitution de 1999 qui est encore en vigueur. Plusieurs d’entre elles ont été introduites par décret présidentiel, le jour où ses pleins pouvoirs prenaient fin71. En outre, plusieurs centaines de candidats aux élections locales et régionales ont été interdits de concourir car accusés de corruption, sans qu’aucune condamnation n’ait pourtant été prononcée71.

Le 9 mars 2008 est officiellement fondé le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), qui revendique près de deux millions et demi d’adhérents. Bien que regroupant, en plus du Mouvement Cinquième République, plusieurs petites formations soutenant le gouvernement, il a échoué à en convaincre d’autres, comme le Parti communiste du Venezuela, d’abandonner leur indépendance pour se dissoudre dans le nouveau parti.

Le dimanche 23 novembre 2008, les élections régionales voient la « victoire relative » de l’opposition puisque les quatre régions les plus peuplées et les plus riches du pays passent à l’opposition, de même que la capitale72. Le journal britannique The Economist note pour sa part que le parti chaviste a gagné dans des zones rurales peu peuplées tandis que l’opposition a gagné « là où cela était important73 ».

Après un premier rejet par référendum de la suppression de la limite des mandats, Chávez a à nouveau défendu l’idée et organisé un référendum pour février 2009. Ses adversaires l’accusent à nouveau de vouloir organiser une « présidence à vie74. »

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Troisième réélection (2012)

Le 7 octobre 2012, à l’issue d’une campagne marquée par les incertitudes sur son état de santé, Hugo Chávez est réélu président du Venezuela avec 55,07 % des voix, battant Henrique Capriles, qui recueille 44,31 % des voix75, soit le meilleur résultat pour un candidat d’opposition depuis l’arrivée au pouvoir de Chávez.

État de santé et mort

Hugo Chávez avec Dilma Rousseff, le 1er décembre 2011.

 

Hugo Chávez, le 11 juin 2012.

Le 10 juin 2011, en visite officielle sur l’île de Cuba, Hugo Chávez est opéré en urgence sur place pour un abcès pelvien, une accumulation de pus dans la zone inférieure de l’abdomen. Aucune information n’est donnée pendant plusieurs semaines sur son état de santé, laissant place à une succession de rumeurs et spéculations76. Le 1er juillet, Hugo Chávez annonce qu’il a été opéré une seconde fois pour retirer une tumeur avec présence de cellules cancéreuses77. Quelques jours plus tard, le gouvernement annonce que la tumeur n’a pas été totalement retirée. Alors que Chávez est retourné à Cuba pour se faire soigner et qu’il observe de longues semaines de convalescence, sa capacité à gouverner est mise en doute78.

À la suite de la campagne présidentielle de 2012, pendant laquelle il affirmait être guéri, il annonce qu’il va se faire hospitaliser une quatrième fois à Cuba. Après son opération, il est victime d’une infection respiratoire et son état se dégrade, des sources évoquant même son décès. Il ne peut ainsi prêter serment pour son troisième mandat à la date prévue, le 10 janvier 2013. Le président de l’Assemblée nationale, Diosdado Cabello propose de reporter son investiture ; la décision de la Cour suprême allant dans ce sens79 est considérée par l’opposition comme une atteinte à la Constitution.

La parole du gouvernement se substitue à celle des médecins et la transparence sur l’état de santé de Chávez n’est pas de mise. Le 26 janvier 2013, Ernesto Villegas, ministre de la Communication du Venezuela, déclare que « 45 jours après avoir pratiqué une intervention chirurgicale pour extirper une lésion maligne dans le pelvis, avec des complications sévères », « l’évolution est favorable », « l’infection respiratoire a été surmontée, bien que persiste encore un certain niveau d’insuffisance respiratoire qui est traité de manière adéquate » à l’hôpital de la Havane (es)80. Les personnalités de l’opposition affirment que le président est trop malade pour être en possession de ses facultés et remet en causes l’authenticité des décrets qu’il aurait signés.

Il revient à Caracas le 18 février 2013, sans toutefois se montrer en public, sa dernière apparition remontant à début décembre. Certains sources indiquent qu’il est revenu dans son pays pour y mourir81 et sa succession est de plus en plus ouvertement évoquée. Sa mort est annoncée le 5 mars 2013 par le vice-président, Nicolás Maduro82,83. Celui-ci accuse ses « ennemis historiques » d’avoir provoqué son cancer.

Politique du gouvernement Chávez

Article détaillé : Présidence d’Hugo Chávez.

Politique intérieure

Politique économique

Depuis son élection, Hugo Chávez déclare mettre petit à petit en place une politique économique sensiblement « socialiste » sans pour autant l’être totalement, il la nomme « révolution bolivarienne84 ».

Une redistribution partielle des terres a été lancée : dans un pays où l’économie est principalement fondée sur l’exploitation du pétrole et où la question de la terre n’est pas considérée par certains comme un problème économique depuis les années 1960 [réf. nécessaire] -ce qui rend d’autant plus important le développement du secteur non pétrolier-. Hugo Chávez décide de nationaliser les latifundios, grands domaines de terre cultivable peu exploités et dont la légalité de l’acquisition est questionnée (certains riches propriétaires ne sont pas en mesure de justifier d’un titre de propriété). Il les redistribue alors à des coopératives d’agriculteurs, sous le régime de la propriété communale [réf. nécessaire]. Selon le journal International Herald Tribune, les résultats n’en ont pas été concluants et de nombreux économistes néolibéraux craignaient en 2007 que la politique menée par M. Chávez ne rende le Venezuela encore plus dépendant des importations alimentaires qu’auparavant85. Ce pronostic reste à confirmer.

Des systèmes de microcrédits d’initiative publique sont mis en place afin de faciliter le développement des petites entreprises parmi les franges les plus pauvres de la population n’ayant pas accès au crédit bancaire, faute de garanties suffisantes. À la différence du microcrédit commun, issu d’initiatives privées, celui mis en place ici est encouragé par l’État mais également par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés pour les initiatives visant les réfugiés colombiens86.

La culture des OGM est interdite[réf. nécessaire]. Un système de banque de semences est mis en place. Son but officiel est de préserver la diversité des plantes.

La pêche intensive est interdite dans les eaux territoriales vénézuéliennes, afin de préserver la biodiversité maritime et de favoriser les petits pêcheurs. La pêche au chalut est ainsi interdite dans les zones côtières [réf. nécessaire].

La nationalisation de pans entiers de l’économie du pays — généralement contrôlés par des monopoles ou des oligopoles privés — s’est accélérée depuis 2006 : en 2007 le gouvernement requalifie les concessions sur les gigantesques réserves de la « ceinture de l’Orénoque » en entreprises mixtes, où l’État devient actionnaire majoritaire (l’industrie pétrolière vénézuélienne a été nationalisée en 1976, lors de la création de PDVSA). Deux des six multinationales du pétrole présentes se retirent.

La même année la Banque BDV (Banco de Venezuela) partiellement nationalisée après la crise bancaire de 1994 et privatisée en 1996 est re-nationalisée lorsque le gouvernement interrompt les négociations entre celle-ci et le Groupe Santander, qui comptait l’acquérir. En 2008 le sidérurgiste Sidor est partiellement nationalisé (20 % contrôlé par l’État et 20 % par les salariés de l’entreprise), suivi par une usine de production de ciment de la multinationale Cemex. En 2009 le producteur d’électricité EDC (Electricidad de Caracas, 11 % de la production du pays) a été acheté par PDVSA rejoignant le pôle publique dominé par EDELCA, ENELBAR et ENELVEN-ENELCO.

Le journal The Economist remarque que sur les 6,5 millions d’habitants ayant un emploi déclaré, 2 millions sont salariés de l’État71. Le secteur public est en effet peu susceptible de recourir aux emplois de l’économie informelle, qui représentent près de la moitié du total au Venezuela. En comptant ces derniers, la population active en 2010 est de 11,9 millions de personnes selon les critères de mesure de la CEPAL [10] et de 15 millions selon les critères de l’Organisation internationale du travail [11].

Les exportations pétrolières du Venezuela, conjuguées à la hausse des cours de l’or noir, ont permis à Hugo Chávez d’entreprendre une politique sociale généreuse. Selon le journal Le Monde, elle pourrait être remise en question avec la baisse des prix du pétrole dans la deuxième moitié de 200887. Ce pronostic ne s’est pas confirmé dans les faits.

Le 12 décembre 2009, Hugo Chávez entreprend un rapprochement de plus de 3 milliards de dollars avec Cuba[réf. nécessaire].

PIB et croissance

 

Hugo Chávez, en janvier 2006.

La période 1998-2002, affiche dans l’ensemble une récession d’1,9 %88. Les années 2002 (-8,9 %) et 2003 (-7,7 %) suivant le coup d’État et la mise hors service de PDVSA affichent le recul le plus marqué sur le PIB89. La croissance économique repart à la hausse dès 2004 (+17,9 %90) avec la remontée des cours du pétrole (+28 % en 2004 pour le « panier OPEP91) après une longue période de prix bas.

Les chiffres publiés par les Nations Unies (CEPAL92 et PNUD93) permettant d’évaluer la situation économique sont régulièrement contestés par des organisations privées. Selon le Center for Economic and Policy Research, un think tank basé à Washington, le PIB corrigé de l’inflation a pratiquement doublé entre 2003 et 2008 (+94,7 %), soit une croissance de 13,5 % en rythme annuel94. Selon le think tank, cette croissance provient essentiellement du secteur non-pétrolier, et le secteur privé a crû plus rapidement que le secteur public94.

Cependant, à partir de 2005 les chiffres des Nations Unies (via la CEPAL) font état d’une décélération constante : 10,3 % (2005), 8,2 % (2007), -3,3 % (2009). L’ensemble de l’Amérique Latine affiche une évolution similaire : 4,9 % (2005), 5,9 % (2007) et -1,8 % (2009)92.

En 2011, la croissance du PIB est de 4 % 95 et de 5 % en 201296.

Le pétrole représente en 2007 90 % des exportations du pays selon le journal The Economist97 et 50 % des recettes du gouvernement, selon la CIA98.

Inflation

Le taux d’inflation annuel au Venezuela pendant les années 1990 a oscillé entre 31 % (1991) et 103 % (1996). En 2007, il a atteint 22,5 %, soit le double de l’objectif gouvernemental qui n’est pas partisan d’une politique de stabilité de prix à outrance. Le Fonds monétaire international, partisan, au contraire, de cette politique de stabilité de prix, l’estimait à 5 % cette année-là pour les économies émergentes84. En 2008, le taux d’inflation dépasse les 30 %71,94, un niveau comparable à ce qu’il était à l’arrivée de l’administration Chávez en 199994. Les dernières mesures disponibles le placent à 25 % (2009). En septembre 2012, l’inflation atteint 18,6 %, en janvier 2012 elle était de 26,7 %99.

Le système de distribution de nourriture subventionnée MERCAL a débouché selon le journal La Croix sur la pénurie de certains produits, car ils sont payés à un prix imposé par l’État en dessous du prix du marché100,101. Fedecámaras, l’organisation patronale vénézuélienne, y voyait en 2007« le signe avant-coureur des pénuries d’une économie planifiée à la soviétique »100. Couplé avec la hausse mondiale du cours des matières premières alimentaires, cela a débouché sur une situation de pénurie grave en 2007 de produits de base. Le gouvernement Chávez a mis en place en réponse un programme d’échange « Pétrole contre nourriture »[réf. nécessaire] avec ses voisins sud-américains. Il accuse par ailleurs Nestlé et Parmalat, ainsi que les banques, de provoquer, de diverses façons, ces désordres; l’opposition pointe quant à elle les mesures socio-économiques du gouvernement comme responsables de la crise102.

Chômage

Le taux de chômage au Venezuela est passé de 11,3 % (1998) à 7,8 % (2008). Pendant cette période, 2,9 millions d’emplois ont été créés, et la proportion d’emplois dans l’économie informelle est tombée de 54,6 % (1998) à 48,2 % (2008)94.

Criminalité

La criminalité sous les présidences Chávez a très fortement augmenté, faisant du pays l’un des plus violents au monde. Mesuré en termes d’assassinats par habitant, c’est le second pays au monde le plus violent, avec 48 assassinats pour 100 000 habitants en 2007. À Caracas, on atteint 130 assassinats pour 100 000 habitants. La Colombie voisine, malgré le trafic de drogue et le terrorisme des FARC et des milices d’extrême droite, a un taux inférieur de 40. Selon le journal The Economist, le taux a triplé depuis l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chávez103. L’article précise aussi que le mode de comptage des crimes a changé.

L’État le plus violent du Venezuela est l’État de Miranda, État gouverné par l’opposition.

Politique sociale

Les résultats de sa politique sociale sont fortement mis en doute par l’économiste Francisco Rodriguez, diplômé de Harvard ayant occupé le poste de conseiller économique auprès de l’Assemblée Nationale entre 2000 et 2004104, qui écrit que « ni les statistiques officielles ni les calculs indépendants ne prouvent que Chávez mène une politique qui améliore véritablement le sort des pauvres105 ».

En réalité, les taux de pauvreté et de pauvreté extrême ont considérablement baissé ces dernières années106,94. Le rapport du Center for Economic and Policy Research sur l’évolution des indicateurs socio-économiques au cours des dix premières années de l’administration Chávez indique que94:

  • Le taux de pauvreté a été diminué de moitié, de 54 % des ménages (2003) à 26 % (2008). La pauvreté extrême a diminué de 72 %107.
  • L’accès à la nourriture a été amélioré de manière significative. La consommation calorique moyenne est passée de 91 % des apports recommandés (1998) à 106 % (2007). Les décès liés à la malnutrition ont chuté de 50 % (de 4,9 à 3,2 décès par 100 000 habitants) entre 1998 et 2006, notamment grâce au Programme Alimentaire Scolaire (petit-déjeuner, déjeuner et collation gratuits dans les écoles publiques) et au réseau Mercal de nourriture subventionnée.
  • Les inégalités, mesurées par l’indice de Gini, ont diminué de 48,1 en 2003 à 40,99 fin 2008 (l’égalité maximale étant représentée par un score de 0). Le journal The Economist fait remarquer qu’alors que cet indicateur diminuait dans les principaux pays d’Amérique du Sud, au Venezuela il augmentait108, ce qui ne changeait pas le fait qu’il demeurait selon l’indice Gini le pays le moins inégalitaire d’Amérique du Sud109.
  • Les allocations sociales, notamment vieillesse et handicap, ont plus que doublé leur couverture, passant de 1,7 million (1998) à 4,4 millions de bénéficiaires (2008)94.

Le salaire minimum vénézuelien a été augmenté à plusieurs reprises par Chavez, c’est désormais le plus élevé du continent. Hugo Chavez a lancé la Mision Vivienda, (“mission logement”), en 2011, 200 000 unités ont été construites110. L’objectif est de construire deux millions de logements d’ici à 2019.

Le revenu par habitant qui était de 4 000 dollars a bondi à 13 000 dollars en 2009, sous Chavez111.

Finances publiques

  • Entre 1998 et 2007, la dette publique est tombée de 30,7 % à 14,3 % du PIB (la dette extérieure est passée de 25,6 % à 9,8 %).
  • Les recettes publiques ont augmenté (de 17,4 % à 28,7 % du PIB) de même que les dépenses publiques. Ces dernières représentaient 21,4 % du PIB en 1998 et sont passées à 25,7 % en 2007, ce à quoi s’ajoutent les dépenses publiques faites par PDVSA (6,1 % du PIB), comptabilisées séparément94.

Éducation

Hugo Chávez a mis en place plusieurs programmes d’éducation :

  • La « Misión Robinsón » pour l’alphabétisation qui utilise, la méthode cubaine « Yo sí puedo » au lieu de l’ACUDE utilisée par les gouvernements précédents ;
  • La « Misión Ribas » qui vise à la poursuite de l’enseignement scolaire ;
  • La « Misión Sucre » qui concerne l’éducation supérieure.

La réorganisation de la Fundación Ayacucho en 2005 a permis d’attribuer plus de 14 000 bourses d’enseignement supérieur pour l’année 2006. Le nombre d’étudiants dans le supérieur a plus que doublé entre les années 1999-2000 et 2007-200894, et la part du Produit Intérieur Brut consacrée à l’éducation, qui était de 1,7 % en 1993 et de 1,6 % en 1998, est passée à 4,3 % en 2005112.

D’après les chiffres de l’UNESCO, l’analphabétisme a été éradiqué au Venezuela106.

Politique militaire

Avec Chávez, les forces vénézuéliennes ont diversifié leurs sources d’approvisionnement en armements, achetant du matériel à la Russie dont il est devenu le second importateur d’armement depuis 2006113, au Brésil, et à l’Espagne. Entre 2005 et 2008, c’est 4,4 milliards de $ d’équipements militaires que Chávez a acheté à la Russie114. Les États-Unis, déclarant craindre des transferts de technologie, ont pressé la Russie et l’Espagne de ne pas les livrer. Le Venezuela s’est également plaint que les États-Unis aient refusé ou retardé la vente de pièces pour des avions de combat F-16 achetés dans les années 1980. Chávez a rompu la coopération militaire entre les deux pays et demandé le départ des conseillers américains du pays.

En 2005, dans le cadre de la doctrine de « Défense intégrale de la nation », Chávez a annoncé la création d’une grande « réserve militaire » pouvant atteindre 1,5 million de personnes soit 6 % de la population du pays. À l´occasion du discours présidentiel du Nouvel An 2006, le président a présenté un projet de changement du nom des troupes vénézuéliennes. Dorénavant, les « troupes vénézuéliennes » deviendront «troupes bolivariennes», en hommage à Bolivar. Ce changement de nom cher au gouvernement Chávez115 concernerait également la marine et la force aérienne [réf. nécessaire].

En 2008, il a fusionné les deux principaux services de renseignement en un seul organisme : le Bureau de renseignement et de contre-espionnage (cette appellation n’est pas définitive) placé désormais directement sous ses ordres. Tous les citoyens, les fonctionnaires ainsi que les étrangers présents au Venezuela sont désormais obligés, par les articles 16 et 24 de la loi du 28 mai 2008, à coopérer avec les services de renseignements et avec les milices favorables[non neutre] au président Chávez116.

En septembre 2008, les relations militaires avec la Russie s’approfondissent avec des manœuvres navales avec la marine russe et l’accueil provisoire de 2 bombardiers stratégiques Tu-160 de l’armée de l’air russe117

Réseau de distribution alimentaire MERCAL

Le réseau de distribution alimentaire MERCAL a été mis en place. Il s’agit de distribuer en dessous des prix du marché, dans des boutiques ou des supermarchés liés à l’État, les produits agricoles. 13 millions de Vénézuéliens bénéficient du réseau de distribution MERCAL, soit un peu plus de la moitié de la population. Mais le MERCAL n’est pas réservé aux plus démunis et tout un chacun peut y faire ses courses.

Le système fonctionne sur la base du rationnement, comme deux litres d’huile ou un kilogramme de lait en poudre par personne. Ce système de distribution favorise cependant les arrangements, les produits vendus aux prix du MERCAL finissant souvent vendus à des prix classiques dans les boutiques. Par ailleurs il a entrainé une raréfaction de certains produits de base comme le lait; selon un diplomate étranger,« bloqué depuis plusieurs années, le prix de vente du lait est inférieur au coût de production, donc de nombreux paysans ont vendu leurs vaches. » Le régime a dénoncé un« sabotage » à propos de ces pénuries tandis que Fédécameras, l’organisation patronale vénézuélienne, y voit« le signe avant-coureur des pénuries d’une économie planifiée à la soviétique »100.

Santé

En échange de livraisons de pétrole vénézuélien, le gouvernement cubain de Fidel Castro fournit environ 20 000 médecins, qui participent au programme Barrio Adentro (à l’intérieur du quartier), un programme de santé pour les quartiers défavorisés, et sont également présents dans les zones rurales reculées.
Les casernes militaires sont utilisées pour accueillir du matériel médical de haute technologie, multipliant ainsi les centres hospitaliers et permettant à une plus grande partie de la population d’y accéder gratuitement. De 1996 à 2006, la mortalité infantile a diminué de plus d’un tiers. Le nombre de médecins généralistes dans le secteur public a été plus que décuplé, fournissant des soins médicaux à des millions de vénézueliens qui n’y avaient pas accès94.

Politique internationale

Le discours de l’unité sud-américaine

Hugo Chávez développe une rhétorique de l’unité sud-américaine, en particulier avec des visées anti-américaines. Il défend plus spécifiquement une alliance avec les pays de l’ALBA (Cuba, Bolivie, Nicaragua). Il a ainsi prôné une alliance armée de ces pays contre les États-Unis des pays de la zone. Il déclara ainsi en janvier 2008 : « Nous devons monter une stratégie commune [..] parce que l’ennemi est le même : l’empire des États-Unis118 ».

Bien qu’ayant signé la convention de Quito concernant la CSAN, qui prévoit une union coordonnée des pays du continent, Hugo Chávez tente également d’établir des unions avec d’autres pays comme l’Uruguay, le Paraguay et l’Argentine. Il a également déclaré vouloir former avec le Brésil de Lula, et d’autres pays d’Amérique du Sud, une compagnie transnationale du pétrole, appelée Petroamerica.

Les présidents du Venezuela et de Cuba, Hugo Chávez et Fidel Castro, suivis par le président bolivien Evo Morales, ont entamé, en avril 2005, la mise en œuvre de l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA), renforçant la coopération entre les deux pays. Ces accords sont signés à La Havane, alors que la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice effectue une tournée en Amérique latine pour promouvoir le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA). L’ALBA est présentée par Chávez et Castro comme l’application des principes de « solidarité plus vaste entre les peuples d’Amérique latine » et une alternative à la ZLEA. L’échange de pétrole vénézuélien contre des médecins cubains entre dans ce cadre, et il est également question d’agriculture ou de produits miniers. Depuis, le Nicaragua a adhéré à l’ALBA, ainsi que trois États des Caraïbes: la Dominique, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Antigua-et-Barbuda [réf. nécessaire].

En juillet 2006, le Venezuela rejoint le Mercosur, marché commun sud-américain, dont sont déjà membres le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay.

Hugo Chávez et les FARC

Le gouvernement de la Colombie, qui possède une frontière terrestre avec le Venezuela, s’est inquiété [réf. nécessaire] de l’expansion militaire du Venezuela et de son attitude par rapport aux groupes armés de Colombie, en particulier les groupes de guérilleros marxistes (FARC, ELN). Ainsi il avait fait savoir en mars 2005 sa préoccupation causée par une « course aux armements » à laquelle se livrerait Caracas119.

Selon le gouvernement colombien et divers médias dont une revue américaine (US News and World Report)[réf. nécessaire], Chávez aurait permis aux FARC et à l’ELN de trouver refuge dans la zone frontalière des deux pays. Chávez a en outre été accusé d’avoir directement financé l’organisation des FARC : En mars 2008, les forces armées du gouvernement colombien affirmèrent avoir récupéré trois ordinateurs appartenant à Raúl Reyes lors de son assassinat dans la république voisine d’Équateur. Selon des documents trouvés dans cet ordinateur, Hugo Chávez aurait reçu des FARC, en 1992, une somme équivalente à cent millions d’euros lorsqu’il était emprisonné pour sa tentative de coup d’État, et il aurait envoyé la somme de 300 millions de dollars aux FARC en 2008[réf. nécessaire]. Ces accusations ont été immédiatement démenties par le vice-président vénézuélien Ramon Carrizalez120.

Malgré toutes ces accusations et polémiques, une rencontre au sommet entre Hugo Chávez et son homologue colombien Alvaro Uribe, le 11 juillet 2008 au Venezuela, a conduit les deux hommes à renouer des relations cordiales et à annoncer « le début d’une nouvelle ère121 ». Les deux pays ont en effet grand besoin de renforcer leurs relations politiques et commerciales, et la rencontre a notamment servi à discuter d’accords portant sur six milliards de dollars américains122. Cette rencontre historique a été précédée par des déclarations apaisantes de Hugo Chávez qui a félicité son homologue colombien pour la libération réussie d’une quinzaine d’otages politiques des FARC (dont Íngrid Betancourt), et l’a invité à se rendre au Venezuela où il serait reçu « comme un frère123» ; Hugo Chávez a par ailleurs appelé les FARC à renoncer à la voie des armes après la libération d’Íngrid Betancourt122.

Anti-américanisme et anti-impérialisme

Le régime Chávez affiche une forte hostilité envers l’administration des États-Unis et ce qu’il qualifie d’impérialisme américain. Chávez a accusé le gouvernement américain de comploter pour perpétuer l’hégémonie de son pays en Amérique latine, et pour y arriver, de vouloir renverser son gouvernement. En mars 2004, il porte plainte contre les États-Unis auprès de l’Organisation des États américains (OEA)[réf. nécessaire], les accusant d’avoir participé au putsch de 2002124. Il dit avoir de nombreuses preuves de leur participation qui concerneraient, entre autres, la présence de navires de guerre de l’US Navy dans les eaux territoriales vénézuéliennes[réf. nécessaire]. Le 15 septembre 2005, lors du sommet du 60e anniversaire de l’ONU, il déclare qu’il faut transférer cette organisation : « Nous proposons que le siège des Nations unies [à New York] quitte un pays qui ne respecte pas les résolutions de l’Assemblée générale ». Il annonce ensuite lors d’une émission de télévision de la chaîne américaine ABC que les États-Unis veulent envahir le Venezuela125. Le 20 septembre 2006, lors d’un discours à l’assemblée générale de l’ONU, il qualifie le président américain de « menteur » de « tyran » et de « diable126 ». Il avait auparavant parlé de George Bush comme d’un « âne » ou d’un « ivrogne127 ». Son hostilité de principe aux États-Unis est critiquée à l’étranger par ceux qui n’y voient que des manœuvres politiques pour unifier les habitants du pays face à un ennemi fantasmé127. Noam Chomsky de son côté souligne combien Washington est « bouleversé » : « l’idée que les ressources d’un pays doivent être utilisées pour les gens de ce pays fait vraiment peur. Les ressources du pays doivent être utilisées pour nous128. »

Le 13 septembre 2006, il exprime publiquement ses doutes portant sur la version du gouvernement américain des attentats du 11 septembre en s’interrogeant sur un possible dynamitage des tours jumelles et l’usage d’un missile pour frapper le Pentagone : « Un avion serait tombé sur le Pentagone. Mensonge ! À moins que ce soit un avion invisible ! »129. Sa déclaration est concomitante d’une résolution du Parlement vénézuélien demandant au président Bush des éclaircissements sur sa version des attentats130.

Au nom de l’anti-impérialisme, Chávez désire une disparition du FMI, qu’il qualifie de « Dracula131 ». Le 30 avril 2007, Chávez a déclaré la sortie de son pays du FMI.

Après le renvoi par Evo Morales de l’ambassadeur américain en Bolivie, il fait de même le 12 septembre 2008 après avoir déclaré « Allez vous faire voir, yankees de merde. Nous sommes un peuple digne132 », et accuse le gouvernement américain de fomenter des complots contre lui133. Le porte-parole du Département d’État des États-Unis déclare peu après : « [Le renvoi de l’ambassadeur] reflète la faiblesse et le désespoir de ces dirigeants confrontés à des défis internes et leur incapacité à communiquer efficacement à l’étranger pour obtenir un soutien international134 ». Le journal britannique The Economist développe la même idée, écrivant que ce renvoi de l’ambassadeur américain n’est qu’un moyen de « détourner l’attention des difficultés intérieures croissantes » que Chávez rencontre. Moisés Naím, ancien ministre vénézuelien écrit pour sa part dans El Pais que les propos de Chávez sont ceux d’« un politicien utilisant la vieille recette d’invoquer l’impérialisme yankee pour distraire les mécontents127 ».

Une diplomatie du pétrole

Le Venezuela a signé de nombreux accords pour fournir du pétrole à prix inférieurs au marché à certains pays, ainsi en juin 2005, celui signé entre le Venezuela et 13 autres pays des Caraïbes, contrat portant sur des échanges pétroliers avantageux, afin de faciliter l’indépendance des pays des Caraïbes. Les signataires sont Antigua-et-Barbuda, les Bahamas, le Belize, Cuba, la République dominicaine, Grenade, la Guyana, la Jamaïque, la Dominique, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, et le Suriname. La Barbade et Trinité-et-Tobago, qui étaient présents, n’ont pas signé l’accord.

En janvier 2006, Hugo Chávez lance une opération de réduction de 40 % du prix du fioul exporté aux États-Unis [réf. nécessaire], en faveur des Américains pauvres. Il donne suite à une promesse prononcée en septembre 2005, après la catastrophe de l’ouragan Katrina. Les bénéficiaires se trouvent dans les États du Maine, du Massachusetts et du Rhode Island, et incluent aussi le quartier new-yorkais du Bronx ainsi que quatre tribus amérindiennes. Pour certains analystes américains, cette initiative serait une campagne de communication visant à rassurer l’opinion publique des États-Unis[réf. souhaitée].

Hors Amériques

En octobre 2004, Chávez signe un accord avec la Russie portant sur l’énergie et la livraison d’un important stock d’armes légères et d’aéronefs de combat. Il a depuis soutenu l’intervention militaire russe en Géorgie en 2008.

En 2004, il reçoit le controversé[réf. nécessaire] Prix Kadhafi des droits de l’homme de la Libye.

Faisant suite à une coopération bilatérale initiée en 2001 dont le but affiché est de créer un partenariat stratégique, Chávez s’est rendu par deux fois en visite en République populaire de Chine pour signer des accords économiques avec ce pays qui considère le Venezuela comme son premier interlocuteur commercial et politique sur le continent sud-américain.[réf. souhaitée]

Le département d’État américain ajoute, en mai 2006, le Venezuela à sa liste des pays ne coopérant pas avec Washington dans la lutte contre le terrorisme. Sur ce thème le Venezuela demande, depuis 2005, aux États-Unis l’extradition de Luis Posada Carriles un terroriste et ancien agent de la CIA, reconnu coupable d’avoir fait exploser en vol un avion civil cubain parti de Caracas, le 6 octobre 1976, provoquant ainsi la mort de ses 73 passagers. Cette demande reste toujours sans réponse en 2008. Hugo Chávez accuse également les États-Unis d’avoir participé à son enlèvement lors du coup d’État de l’opposition.[réf. souhaitée]

Les relations avec Israël ont pu être tumultueuses et en particulier pendant le conflit israélo-libanais de 2006. En visite en Iran, le 30 juillet 2006, Hugo Chávez, qualifié de « frère » par le président Ahmadinejad, déclare que les opérations militaires israéliennes en cours au Liban sont comparables aux « actes d’Hitler », en évoquant le « fascisme israélien135 ». Il déclare également que l’Iran a le droit de disposer de l’énergie atomique civile, prenant ainsi parti en sa faveur dans les négociations qui opposent ce pays aux puissances occidentales, ce qui alimentera les rumeurs infondées[non neutre] de collaboration entre le Venezuela, l’Iran et l’Argentine dans le domaine nucléaire136. Le 3 aout 2006 Chávez rappelle le chargé d’affaires vénézuélien en Israël en protestation contre le conflit israélo-libanais de 2006, Israël répondant en rappelant son ambassadeur au Venezuela137,138,139. Trente mois plus tard, le scénario semble se répéter : le Venezuela a ordonné, le 6 janvier 2009, l’expulsion de l’ambassadeur d’Israël à Caracas, Chávez a déclaré que l’offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza était un « holocauste » et réclamé que « le président actuel de l’État d’Israël soit jugé devant la Cour pénale internationale, de même que son homologue des États-Unis140 ». En 2006 déjà, lors de l’offensive israélienne au Liban, Hugo Chávez avait parlé d’holocauste141.

Soutien de l’Iran

La politique de soutien marqué au régime en place en Iran ne fait pas non plus l’unanimité. Ainsi, en 2006, lors d’un vote de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, le Venezuela a été le seul avec la Syrie et Cuba à soutenir le programme nucléaire iranien142.

Lors de la réélection contestée du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, Chávez a défendu une position opposée à celle des États-Unis et des pays européens en qualifiant cette élection d’« extraordinaire journée démocratique »143. Le mouvement de répression des manifestations contestant la légalité de l’élection a été à l’inverse condamné par les États-Unis et de nombreux pays européens. Chávez, lui, n’a pas commenté ces répressions.

Soutien à la Chine

En octobre 2010, lors de l’attribution du prix Nobel de la paix au Chinois Liu Xiaobo, Hugo Chávez a exprimé sa solidarité avec le gouvernement chinois144.

Soutien au régime de Kadhafi en Libye

En mars 2011, au début de la révolution libyenne, Hugo Chávez se prononce contre la résolution 1973 de l’ONU consistant à sécuriser l’espace aérien libyen après l’attaque de civils par l’armée libyenne145. Il prône l’envoi d’une mission internationale chargée d’organiser des négociations entre le pouvoir et les forces rebelles146.

Le 2 août 2011, il renouvelle son soutien au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, et refuse de reconnaitre le Conseil national de transition (CNT) comme un interlocuteur légitime147. Il considère par ailleurs que les rebelles libyens sont des terroristes148.

Le 22 août 2011, alors que les rebelles libyens prennent le contrôle de la capitale Tripoli avec l’appui aérien de l’OTAN, Hugo Chávez accuse les pays occidentaux engagés de bombarder les écoles, les hôpitaux, les maisons149.

Critiques

Les principales critiques issues des médias européens ou nord-américains ou de l’opposition vénézuélienne pointent du doigt l’« autoritarisme » et le « populisme » d’Hugo Chávez. L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa affirme que Hugo Chávez exerce un « populisme belliqueux », et l’accuse de privilégier l’exportation de sa « prétendue révolution sociale » aux besoins de son peuple largement miséreux150.

Il est aussi critiqué par le journaliste Marc Saint-Upéry, engagé politiquement à gauche, pour s’être « laissé séduire durant les années 1990, par le nationalisme anti-impérialiste exacerbé de Norberto Ceresole151 ».

Ses rapports avec les médias parfois tumultueux font également l’objet de polémiques et il lui est notamment reproché de chercher à étouffer les voix des médias ayant une attitude critique à son égard.[réf. souhaitée]

Chávez a menacé les membres des Forces armées en disant que ceux qui n’approuvaient pas la politique du Président n’y avaient pas leur place152.

Corruption

Transparency International, une ONG, estimait que cet État avait un indice de perceptions de la corruption du secteur public de 2,8 en 2000, 2,3 en 2004 classant ce pays au 114e rang parmi les plus corrompus et en 2008 le pays était classé 158e ex æquo, avec un score de 1,9153.

La branche locale de Transparency International avance également que le Venezuela se trouve parmi les pays les plus corrompus d’Amérique latine, au même titre que le Paraguay, le Nicaragua ou le Panama et que, désormais, le baromètre de la corruption montre que le Venezuela est le pays le plus corrompu de la région, juste après Haïti[réf. nécessaire].

Cette corruption croissante est en partie nourrie par les pétrodollars154. Selon le journal Le Monde[réf. nécessaire], Hugo Chávez aurait ainsi multiplié les structures destinées à « siphonner » les ressources de Petroleos de Venezuela (Compagnie pétrolière nationale du Venezuela) ainsi que les réserves de la Banque centrale. Citant un diplomate, le quotidien donne l’exemple du Fonden (Fonds de développement national), « un objet financier non identifié, un OFNI, une grosse tirelire dont l’usage dépend exclusivement du Président de la République et du ministre des finances ». Ces fonds ont des recettes de 22 milliards de dollars contre 60 pour le reste du budget. Selon Eleazar Diaz Rangel, directeur du quotidien Ultimas Noticias[réf. nécessaire], « un organisme comme le Fonden stimule la corruption ». L’ancien parlementaire actuellement dans l’opposition Felipe Mujica, affirme que Chávez « dispose de manière discrétionnaire des ressources de PDVSA, dont il a fait sa caisse noire » et que « Les réserves de la Banque centrale ont été arbitrairement plafonnées à 30 milliards de dollars, l’excédent de 7 à 10 milliards de dollars étant mis à la disposition du Président de la République154.

D’après le gouvernement, le FONDEN (Fondo de Desarrollo Nacional ») est bien une « caisse », mais pas noire. Depuis des dizaines d’années, le Venezuela a tiré beaucoup de bénéfices du pétrole, mais le peuple n’en aurait jamais bénéficié[réf. nécessaire]. Comme résultat de la création de FONDEN, en 2005155, le Venezuela bénéficiera prochainement d’un nouveau système ferroviaire, de l’application de la reforme agraire, de nouveaux hôpitaux, de nouvelles écoles, etc.[réf. nécessaire].

Népotisme

Selon le journal El Nuevo Huerald reprenant l’avis d’analystes[Qui ?], « aucun [précédent président] ne lui arrive à la cheville en matière de népotisme dans toute l’histoire du Venezuela156 ». Deux douzaines de personnes de la famille Chávez occupent des postes politiques d’envergure régionale ou nationale. Le journal rapporte également que la présidente du parlement a autorisé la nomination à des postes législatifs de 40 parents ou amis.

Fin mai 2007, un cousin du chef de l’État, Asdrubal Chávez, a été promu vice-président de l’entreprise publique Petroleos de Venezuela (PDVSA). Le frère aîné du chef de l’État, Adrian Chávez, a été nommé ministre de l’Éducation157,158.

Son père, Hugo de los Reyes Chávez, gouverneur élu de l’État de Barinas, a nommé son fils Argenis Chávez comme secrétaire d’État. Les opposants au clan Chávez[Qui ?] parlent ainsi de « la famille royale de Barinas », faisant mention, en plus des deux personnes précédemment citées, d’autres élus plus ou moins proches parents[réf. souhaitée] d’Hugo Chávez.

Parmi les autres membres de la famille, Anibal Chávez a été élu maire de Sabaneta de Barinas et Narciso Chávez brigue la mairie de Bolivar157.

Clientélisme

Hugo Chávez est accusé de clientélisme en ne finançant plus que des films dans la ligne du régime. Le réalisateur et sociologue Oscar Lucien dénonce « une politique culturelle qui pratique l’apartheid au profit des partisans du gouvernement Chávez » à propos d’une subvention accordée à Danny Glover, réalisateur, soutien d’Hugo Chávez et conseiller d’une télévision chaviste[réf. souhaitée], pour un film portant sur Toussaint Louverture. Cette subvention extraordinaire accordée par l’assemblée nationale vénézuelienne, d’ailleurs saluée par le président haïtien René Préval159« équiva[ut] à 17,6 millions de dollars, [soit] cinq ans de production vénézuélienne160 ».

Chávez, les médias et les droits de l’homme

Le président vénézuélien a été accusé par l’Institut international de la presse (IIP) d’étouffer les voix des médias ayant une attitude critique à son égard. De même, il a été très critiqué par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) et par la Société interaméricaine de la presse (SIP) qui lui reproche son « hostilité générale » à l’égard des éditeurs et des médias qui se disent « indépendants », des médias appartenant aux dirigeants de grandes entreprises ayant gouverné le pays avant Chávez. Lors de certains de ses discours, il a montré du doigt publiquement les journalistes présents.[réf. souhaitée]

Certains médias ont incité le peuple à se soulever lors du coup d’État de Camona contre Chávez[réf. souhaitée]. Les moyens utilisés par ces médias sont accusés d’avoir alimenté l’insurrection plutôt que de simplement la soutenir (diffusion répétitive des images montrant des blessés, imputation au président de la responsabilité des violences mortelles, annonce falsifiée de la démission de Chávez161, puis de son arrestation). Plusieurs ONG dont Human Rights Watch relayeront également ces critiques du rôle des médias privés pendant le putsch. A contrario, la chaîne publique vénézuélienne Venezolana de Televisión (VTV), qui a joué un rôle important lors du coup d’État de Carmona, demeure un ferme soutien du président[réf. souhaitée]. En témoigne l’émission hebdomadaire Aló Presidente (diffusée sur toutes les chaînes hertziennes du pays, comme d’ailleurs l’intégralité des interventions télévisées du président), au cours de laquelle Chávez lui-même endosse le rôle d’animateur de talk-show répondant aux doléances des téléspectateurs… Au cours de l’émission du dimanche 9 septembre 2007, il a parlé pendant un peu plus de sept heures129.

Sa politique est également accusée de mettre en danger les droits de l’homme. Ainsi, Jose Miguel Vivanco, représentant d’Human Rights Watch sur place a écrit un rapport dénonçant les menaces sur les libertés individuelles. Il a été expulsé par Chávez immédiatement après la parution de ce rapport en septembre 2008. Ce rapport a été accusé de partialité par le journaliste de ZMag Joe Emersberger162 ainsi que par le COHA163.

Concession hertzienne de RCTV

En avril 2007 la commission nationale des télécommunications refuse de renouveler la licence de RCTV, une chaîne populaire très critique envers Hugo Chávez164, conformément à la loi de 1987 sur les médias. Le gouvernement vénézuélien édite à cette occasion un livre blanc regroupant l’ensemble des violations de la loi dont la chaîne s’est rendue coupable et notamment de la Loi sur la responsabilité sociale de la radio et de la télévision durant le coup d’État de Carmona165. Un sondage vénézuélien démontre l’impopularité de cette mesure, puisque presque 70 % des sondés étaient opposés à la fin de concession de la chaîne, ironiquement la plupart ne l’étant non pas pour les contenus politiques de la chaîne, mais pour ses feuilletons166. Le 26 mai 2007, l’armée prend le contrôle de l’infrastructure de diffusion hertzienne de la chaine de télévision RCTV. Le 27 à minuit, elle cesse d’émettre sur le réseau hertzien et seul un foyer sur cinq peut désormais la recevoir par satellite, internet ou par câble167. Plusieurs milliers d’étudiants manifestent contre cette décision168. À l’inverse des centaines de milliers de manifestants ont manifesté leur soutien à Chávez début juin169. La concession hertzienne ainsi libérée est attribuée à la nouvelle télévision publique Teves (« Televisora Venezolana Social »).

Manifestation de soutien à RCTV au Venezuela le 27 mai 2007

Human Rights Watch170, Reporters sans frontières171, le parlement européen172 et le sénat des États-Unis173 ont condamné la décision d’Hugo Chávez. Le quotidien d’opposition Tal Cual affirme en éditorial que « la fermeture de RCTV marque le point le plus haut de l’escalade d’agressions contre la liberté d’expression au Venezuela », en ajoutant que « L’Organisation des États américains (OEA) et le Mercosur peuvent bien dire qu’Hugo Chávez est un démocrate, mais ses actes le démentent totalement174 ».

La couverture médiatique occidentale sur l’affaire RCTV a été critiquée et qualifiée de « désinformation » par l’Acrimed175 et le Monde diplomatique176 en France ainsi qu’aux États-Unis par le FAIR177 rappelant notamment qu’une télévision occidentale ayant soutenu un coup d’État et ses instigateurs aurait sans doute du faire face à des sanctions plus importantes que celles infligées à RCTV. D’autre part Salim Lamrani considère que l’affirmation d’une volonté d’hégémonie médiatique de la part de Chávez est discutable puisque entre 2000 et 2006 le nombre de chaînes privées a augmenté de 16 tandis que le nombre de chaînes publiques n’a augmenté que de 4178.

Nouvelles fermetures de radios et de télévisions en 2009

Le Venezuela a également fait fermer 34 chaînes de radio et de télévision pendant l’été 2009.

Les médias privés et des associations de défense des droits de l’homme critiquent très fortement la décision, avec des banderoles « Non à la censure, Peuple, ouvre les yeux, c’est une dictature ». Pour l’ONG Espace Poeblico, « nous assistons au plus important dispositif de restrictions à la liberté d’expression jamais mis en place au Venezuela, sans précédent en période de démocratie ». Human Rights Watch parle d’une « terrible régression de la liberté d’expression » tandis que Carlos Lauria, du Comité de protection des journalistes, qualifie les projets de loi encore en cours de « réminiscence des jours les plus sombres des dictatures sud-américaines avec son cortège de dispositions archaïques visant les soi-disant crimes médiatiques »179,180.

Pour les autorités, au contraire, la loi qui vise à favoriser l’émergence de médias libres et participatifs se heurte à la saturation commerciale des ondes. Il s’agit selon elles de récupérer des fréquences exploitées sans autorisation ou liées à des autorisations d’émettre expirées pour les attribuer à des médias associatifs. En septembre 2010, les chaînes publiques recueillaient 5 % de l’audience, contre 61 % pour les chaînes privées et 33 % pour la télévision à péage181.

Menaces envers Globovision

Le ministre de la communication vénézuélien Willian Lara a accusé Globovision, une chaîne privée locale de Caracas, de diffuser des images subliminales appelant à l’assassinat du président vénézuélien182. Le président de Globovision a dénoncé ces allégations comme « ridicules ». Une enquête a été ouverte par le gouvernement chaviste. Parlant de « fascisme » à propos de Globovision, Chávez a enjoint la chaîne à « se calmer, autrement c’est moi qui vais leur infliger le calmant ».[réf. nécessaire]

Réagissant lors de la visite en France de Chávez aux menaces sur Globovision, Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, parla de « l’inquiétante dérive d’un homme et de son régime183 ».

En 2009, la télévision, menacée de fermeture par le pouvoir, a été envahie par des partisans de Chávez qui y ont tiré des gaz lacrymogènes. Malgré la condamnation du gouvernement Chávez, les dirigeants accusent le président d’être à l’origine de l’attaque184.

Présence médiatique de Chávez

La présidence de Chávez se caractérise par une omniprésence médiatique qui fait de lui le président vénézuélien le plus présent dans les médias. Depuis son arrivée au pouvoir, il a passé selon le professeur Antonio Pasquali de l’Unesc 2.544 heures « à sermonner le pays à la radio et à la télévision, soit l’équivalent de 318 jours ouvrables, ou un an et demi à parler entre sept et huit heures par jour185 ».

Une fois par semaine, toutes les chaînes de télévision et stations de radio publique interrompent leur programmation et transmettent intégralement et en direct les discours d’Hugo Chávez. Entre 1999 et 2006, les médias ont dû relayer ces discours à 1 339 reprises selon un décompte du quotidien El Nacional, soit environ 170 fois par an186. D’après Maxime Vivas, écrivain altermondialiste français et auteur d’un livre pour le journal l’Humanité, El Nacional est de toutes manières un « journal qui approuva le putsch allant jusqu’à le qualifier de « démocratie retrouvée » est d’un anti-chavisme délirant ». Maxime Vivas affirme que « de toute évidence, le chiffre, à supposer qu’il ne soit pas purement bidonné (comme l’information d’El Nacional ayant annoncé durant le putsch de 2002 la démission de Chávez) correspond plutôt au total des apparitions de Chávez à la télévision en sept ans, sous des formes diverses et dans des circonstances précises187 ».

Le quotidien vénézuélien El Universal estime que la stratégie de réduction de la liberté de la presse d’Hugo Chávez est plus « raffinée » que la censure pure et simple et passe par des procès contre les journalistes sur des questions sans rapport avec leur métier pour les dissuader d’être critiques. Les agences gouvernementales seraient également invitées par des primes à instiller une autocensure et à neutraliser les critiques éventuelles. Selon El Universal, « plutôt que de contrôler directement les médias, [le pouvoir] préfère les neutraliser »[réf. nécessaire]. L’ONG Espacio Público a ainsi recensé en 2006 106 atteintes à la liberté d’expression188.

Hugo Chávez et le monde juif

Accusations d’antisémitisme

Le 24 décembre 2005, Hugo Chávez prononce un discours concernant les inégalités sociales dans lequel il dit :

« Il y a dans le monde de quoi satisfaire les besoins de tout le monde, mais dans les faits des minorités, les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ, les descendants de ceux-là même qui ont expulsé Bolivar d’ici et qui l’ont crucifié à sa manière à Santa Marta en Colombie. Une minorité s’est appropriée les richesses du monde, une minorité s’est emparé de l’or de la planète, de l’argent, des minerais, des eaux, des bonnes terres, du pétrole, des richesses et ils ont concentré les richesses en peu de mains : moins de dix pour cent de la population du monde est maîtresse de la moitié de la richesse de tout le monde189. »

Une première dépêche publiée sur le site de la Jewish Telegraphic Agency le 30 décembre 2005 dénonce le discours de Chávez comme « antisémite190 ». Cinq jours plus tard, les choses s’emballent avec la publication d’un communiqué du Centre Simon-Wiesenthal qui reprend de façon tronquée le discours d’Hugo Chávez en ces termes :

« Le monde a des richesses pour tous, mais des minorités, les descendants du même peuple qui a crucifié le Christ, ont confisqué toutes les richesses du monde191. »

Ce communiqué est ensuite repris par la plupart des grands médias du monde, notamment Libération192.

Les associations juives du Venezuela ont toutes défendu les propos de Chávez et critiqué fortement le Centre Wiesenthal193. Le Comité juif américain ainsi que le Congrès juif américain ont tous deux confirmé les dires de la communauté vénézuélienne selon lesquels les commentaires de Chávez ne visaient pas les Juifs. Le journal Le Monde a pour sa part seulement précisé que « les représentants de la communauté juive se démarquent du Centre Simon Wiesenthal », et également que « Ce n’est pas l’opinion des intellectuels vénézuéliens de l’opposition ». Une trentaine d’entre eux, ex-recteurs d’université, professeurs et écrivains, ont signé en ligne une pétition « contre les allusions antisémites du discours officiel vénézuélien » rédigée et publiée par un site internet de l’opposition favorable au coup d’État194.

Rapports avec Norberto Ceresole

Article détaillé : Norberto Ceresole#Liens entre Ceresole et Chávez.

Hugo Chávez est réputé avoir été proche, par l’intermédiaire des Carapintadas (qui étaient en contact avec plusieurs des membres du MBR-200), du politologue argentin Norberto Ceresole195 connu pour ses ouvrages négationnistes, et souvent taxé de fascisme et d’antisémitisme196. En 1999, Norberto Ceresole écrit un livre Caudillo, Ejército, Pueblo : la Venezuela del Comandante Chávez197 dans lequel il évoque « [son] ancienne amitié avec le commandant Chávez198 ». Le livre crée surtout la polémique par la section intitulée « La question juive et l’État d’Israël ». À la suite de ce livre, Ceresole aurait été « prié » de quitter le pays en mars 1999. Le ministre de l’Intérieur vénézuelien, Luis Miquilena, déclarera que Ceresole a quitté le Venezuela volontairement199, ce que démentira Ceresole, arguant que son départ lui a été imposé sous la menace par le directeur de la DISIP, Jesús Urdaneta, et moyennant le versement d’une somme de 10 000 dollars200.

En mai 2006, Hugo Chávez reconnaitra cette amitié, évoquant « un grand ami » et « un intellectuel respectable » lors de l’émission vénézuelienne Aló Presidente201.

Selon le politologue Jean-Yves Camus, Ceresole n’a jamais fait partie du « premier cercle » des conseillers de Chávez202. Selon un article du quotidien français Libération, Hugo Chávez « [a] été conseillé et s'[est] longtemps abreuvé des œuvres de Norberto Ceresole203,204 ».

Hugo Chávez vu de France

Hugo Chávez est suivi avec intérêt par la gauche altermondialiste[réf. souhaitée]. Il est souvent cité par Attac, et par le mensuel Le Monde diplomatique. Le journal a évoqué à plusieurs reprises un traitement médiatique français jugé particulièrement partial, Ignacio Ramonet voyant en particulier dans la polémique de mai 2007 concernant RCTV le symbole d’une « campagne de démolition […] haineuse » à l’encontre de Hugo Chávez205. Ce diagnostic de partialité a été repris par Acrimed206. Il bénéficie en outre de la bienveillance de plusieurs personnalités et mouvements politiques de gauche ou d’extrême gauche, notamment le Parti de gauche (PG)207, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)[réf. nécessaire], le Mouvement Républicain et Citoyen [réf. nécessaire], ainsi que le Parti communiste français208.

Au Front national, quelques personnalités ont soutenu Hugo Chávez, notamment le professeur Jean-Claude Martinez ou Alain Soral (qui ont quitté le FN depuis)209. L’association, fondée par ce dernier, Égalité et Réconciliation, qui se dit « nationaliste de gauche », et proche du Front National, fait apparaître Chavez dans une de ses affiches dont le titre est « Longue vie au nationalisme210 ! »

Source : wikipedia.org          


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