Venezuela : Maduro en Chine dans l’espoir d’un soutien financier
Le président vénézuélien Nicolas Maduro arrive en Chine mardi dans l’espoir d’obtenir un nouveau soutien financier pour le pays sud-américain, extrêmement fragilisé par la chute des cours du pétrole.
Le géant asiatique est devenu un allié stratégique de Caracas lors des quinze années de la présidence de Hugo Chavez, le prédécesseur de Nicolas Maduro.
Il est aujourd’hui son principal investisseur et le deuxième importateur de pétrole vénézuélien derrière les Etats-Unis, avec un volume moyen de 640.000 barils par jour.
L’objectif est de porter ce total à un million de barils/jour dans les prochaines années et de stimuler le commerce bilatéral, qui atteignait 20 milliards de dollars en 2012.
Cette visite survient alors que le pays, en récession, est dans une impasse, avec une inflation astronomique (64% sur un an fin 2014) et la pénurie de près d’un tiers des produits de première nécessité.
Le Venezuela serait proche du défaut de paiement selon de nombreux analystes et sa situation s’aggrave de jour en jour avec la chute des cours du pétrole, même s’il dispose des plus importantes réserves de brut au monde.
C’est une tournée très importante, pour faire face aux nouveaux projets dans les circonstances qui touchent notre patrie, de perte de revenus en raison de la fracassante chute du prix du pétrole, a affirmé le président.
Selon l’économiste Asdrubal Oliveros, Nicolas Maduro profitera de ce déplacement pour réclamer un nouveau coup de pouce de la Chine, qui lui a déjà octroyé ces dernières années pour 42 milliards de dollars de prêts à long terme, dont au moins 24 milliards ont été versés selon les données officielles.
L’un des prêts accordés par Pékin en échange de pétrole vénézuélien, pour 4 milliards de dollars, doit être renouvelé en février, mais Caracas veut obtenir plus de ressources que le renouvellement de cette ligne de crédit, assure l’économiste à l’AFP, car les besoins de financement du Venezuela dépassent les 20 milliards de dollars en 2015.
Toutefois, la Chine reste sceptique à l’idée d’élargir son aide en raison de l’usage et de la transparence avec laquelle ces fonds sont gérés, des manquements du Venezuela dans ses livraisons de brut et de l’absence d’un plan structuré d’ajustement économique, clairement nécessaire dans la conjoncture actuelle, souligne-t-il.
– Les Vénézuéliens désabusés –
Le président vénézuélien devrait aussi, lors de sa tournée, défendre une fois de plus ses arguments pour une réduction de la production de brut afin de faire repartir les prix.
Après s’être arrêté lundi en Russie, pays producteur mais non membre de l’Opep, il visitera, outre la Chine, plusieurs pays de l’Opep pour poursuivre les efforts au plus haut niveau vers une stratégie de reprise des cours, a-t-il annoncé dimanche, sans préciser les destinations ni les dates exactes de son parcours.
Pendant ce temps, les Vénézuéliens sont désabusés : 86% d’entre eux jugent la situation négative selon une enquête de Datanalisis, et la popularité de Nicolas Maduro a chuté à 22,6%.
La situation que nous vivons est due aux mauvaises politiques appliquées pendant tant d’années, raconte à l’AFP une habitante, Jacqueline de Velasquez, assise à l’arrière d’un taxi dans l’est de Caracas.
Ils nous parlent depuis l’année dernière de mesures (…) mais nous ne savons même pas sur quoi elles vont porter et encore moins, comment elles vont nous affecter, ajoute-t-elle dans un soupir.
Dans ce pays qui applique un strict contrôle des changes depuis 2003, les économistes prévoient que le le gouvernement dévaluera bientôt le bolivar pour compenser l’effondrement du pétrole, qui apporte 96% de ses devises mais dont le cours a chuté de moitié en 2014, à 47,05 dollars le baril.
Mais si Caracas diminue encore la valeur du bolivar, alors les prix de nombreux produits, majoritairement importés, devraient grimper.
Ainsi, pendant que l’essence ne coûte dans ce pays que 0,015 dollar par litre, l’eau minérale est elle vendue à 2 dollars le litre.
L’essence ils nous en font cadeau, mais pour tout le reste ils nous volent! peste Angel Montilla, employé d’une station service de la capitale.
Que fait-on avec de l’essence offerte, si la nourriture est hors de prix? Nous sommes en faillite, il n’y a rien à faire!
(©AFP / 06 janvier 2015 15h17)
La Rédaction
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