Semaine de l’Europe: Cycle de films du Monde à FOKAL
C’est la Semaine de l’Europe à FOKAL du 30 avril au 2 mai 2018. En effet, en ouverture de la Semaine de l’Europe 2018 (du 30 avril au 15 mai), la salle Fokal Unesco reçoit tous les matins, à 10 h am, le Cycle de films du monde.
L’édition 2018 de la Semaine de l’Europe débute à la FOKAL avec un cycle de trois films issus de l’espace ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) qui ont été cofinancés par l’Union européenne. Chaque projection sera suivie d’un échange avec la salle pour aborder les thématiques traitées par le film, tel que la question du handicap, la migration ou le droits des enfants.
Ces projections, organisées en partenariat avec L’union Européenne par le programme Arts et culture et la Bibliothèque Monique Calixte, sont ouvertes à des groupes scolaires, mais le public y est cordialement invité.
Grisgris – Lundi 30 avril – 10 h am
Réalisé par Mahamat-Saleh Haroun
101 mn, franco-tchadien, 2012
avec Souleymane Démé (Grigris) , Anaïs Monory (Mimi), Cyril Gueï (Moussa)
Grigris a beau avoir une jambe paralysée, il a l’optimisme chevillé au corps. A Ndjamena, le jeune Tchadien va souvent en discothèque, où il excelle sur la piste au point que, malgré son handicap, il voudrait devenir danseur professionnel. Alors qu’il tombe amoureux de la belle et douce Mimi , il apprend que son oncle, gravement malade, vient d’être hospitalisé et est dans l’incapacité de payer les frais médicaux. Afin d’aider sa famille, Grigris tente le tout pour le tout et décide de travailler pour des trafiquants d’essence. Un jeu dangereux quand on est un homme honnête. Les choses ne vont se passer totalement comme prévu…
La nuit, il est au centre des regards : sur une piste de danse, Grigris fait son show, comme un Michael Jackson vraiment noir, à N’Djamena. Le jour, il n’est plus qu’un estropié qu’on ignore, traînant sa jambe atrophiée, dont il ne peut faire des merveilles que dans ses chorégraphies. Dans la même discothèque, la belle Mimi brille chaque soir, reine de beauté sous les projecteurs. Et, le lendemain, prostituée dans une pauvre baraque… Avec ces deux personnages, Mahamat-Saleh Haroun regarde en face la réalité tchadienne tout en créant un univers romanesque très attachant, parfois proche du polar.
Grigris est le héros fragile d’un monde dangereux où, plus tard dans la nuit, c’est au trafic d’essence qu’on se livre pour survivre. La vitalité festive et musicale voisine ainsi avec des séquences de tension, mais aussi avec des moments de solitude et de silence. A travers ces différentes tonalités, une même volonté : sortir de l’ombre des vies livrées à la sauvagerie ordinaire. Pour se tirer de sales affaires, Grigris doit jurer sur le Coran. S’il ment, il sera damné. Il ment et jure, car, damné, il l’est de toute façon. Comme Mimi. Sur ces parias de N’Djamena, Mahamat-Saleh Haroun pose un regard attentif, aimant. En les mettant au centre de son film, il leur donne une histoire, un destin possible.
Frédéric Strauss (Télérama)
Cristo Rey
Mercredi 2 mai – 10 h am
Drame, 96 mn, franco-haïtien, 2013
avec James Saintil, Akari Endo, Jalsen Santana, Arturo Lopez, Leonardo Vasquez
A Cristo Rey, quartier malfamé de Saint-Domingue, les relations sont tendues entre les Haïtiens et les Dominicains. Recruté par des trafiquants de drogue, Janvier, d’origine haïtienne est chargé de surveiller Jocelyn, la soeur du chef du gang. Entre les deux jeunes gens, c’est le coup de foudre. Une romance que Rudy, le demi-frère de Janvier et ex-petit ami de Jocelyn, voit d’un très mauvais oeil. D’origine dominicaine, le jeune homme va tout tenter pour mettre fin à leur relation et récupérer la jeune femme. Menacés par la jalousie de Rudy et surtout désireux de fuir la misère de Cristo Rey, les amants veulent faire leur vivre ailleurs…
A part la même île (celle d’Hispaniola, dans la mer des Caraïbes), Dominicains et Haïtiens ne partagent pas grand-chose : origine, langue, culture différentes. En République dominicaine, sur fond de tensions raciales, la police poursuit sans relâche les clandestins qui tentent de fuir la misère du pays voisin. Pour illustrer cette rivalité fratricide, Leticia Tonos imagine, littéralement, deux frères luttant pour la même fille : l’un, Dominicain, collabore avec les autorités ; l’autre, Haïtien, bosse pour un chef de gang (Leonardo Vasquez, imposante présence à la Orson Welles, période La Soif du mal).
L’originalité de ce long métrage vient moins de son scénario — qui s’inspire largement du film noir made in USA et de la tragédie grecque — que de la transposition des codes du polar à Saint-Domingue. Tout se joue dans les ruelles étroites de Cristo Rey (courses-poursuites et jeu de cache-cache, filmés avec efficacité et réalisme), quartier pauvre et labyrinthique dont il semble impossible de s’extraire.
Nicolas Didier (Télérama)
Lamb – Jeudi 3 mai – 10 h am
Réalisé par Yared Zeleke
Drame, 94 mn, Ethiopie, 2015
avec Rediat Amare (Ephraïm) , Kidist Siyum (Tsion) , Welela Assefa (Emama)
A la mort de sa mère, Ephraïm, un garçon éthiopien de 9 ans, toujours accompagné de sa brebis Chuni, est confié à des parents éloignés par son père, contraint de chercher du travail en ville. L’enfant, ayant des dons certains pour la cuisine, s’adapte mal à sa nouvelle vie. D’autant qu’un jour son oncle lui annonce qu’il devra sacrifier sa brebis pour le prochain repas de fête. Très inquiet, Ephraïm décide alors d’élaborer un stratagème pour sauver sa chère brebis et retourner chez lui. En vendant des samoussas de sa fabrication sur le marché, il espère rapidement réunir assez d’argent pour se payer un voyage en bus…
La meilleure amie d’Ephraïm, petit Ethiopien des terres volcaniques, est une brebis. Orphelin de mère, séparé de son père parti chercher du travail en ville, Ephraïm n’a plus qu’elle, ou presque. Et un oncle qui veut passer sa copine à la broche…
Voyage sur des terres verdoyantes et majestueuses, rares au cinéma, ce film délicat s’empare d’un thème classique, l’attachement d’un enfant à un animal, pour aborder des questions moins intemporelles : le quotidien difficile des paysans de ce coin du monde menacé par l’exode rural, mais aussi la condition des femmes, à la fois piliers de la communauté et prisonnières des traditions.
Cécile Mury (Télérama)
La Rédaction
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