Qui a tué Jean Do ? Une question qui reste sans réponse 19 ans après

Qui a tué Jean Do ? Une question qui reste sans réponse 19 ans après

Jean Léopold Dominique était un journaliste haïtien, né le 30 juillet 1930 à Port-au-Prince, qui luttait contre les dictatures successives. Il a été l’une des premières personnes en Haïti à diffuser des émissions de radio en créole haïtien, la langue parlée par la majorité de la population. Ayant dû fuir le pays à deux reprises quand sa vie était menacée, il est toujours revenu dans son pays natal, croyant fermement à la cause de la situation haïtienne. Il est mort assassiné le 3 avril 2000, crime pour lequel personne n’a jamais été poursuivi.


Septième d’une famille de huit enfants, il étudie l’agronomie en Haïti, puis part compléter sa formation à l’Institut national agronomique (INA), à Paris dans les années 1950. Là-bas, il découvre le cinéma et tout son potentiel d’outil politique.

De retour en Haïti, il fonde le premier ciné-club du pays et incite les intellectuels à créer un cinéma national. Parallèlement, il commence à travailler à radio Haïti-Inter. Deux ans après sa première collaboration au média, le propriétaire de la radio lui propose de racheter la radio.

Commence alors une grande aventure, que Jean Dominique mènera jusqu’à la fin de sa vie. Peu à peu, il parvient à échapper à la censure du pouvoir, pour offrir au peuple haïtien une information libre et en créole. Son combat, que sa femme Michèle Montas partagera, aidera le pays à se révolter contre la dictature des Duvalier, Papa doc et son fils Baby doc.

Néanmoins, il sera forcé, pour sauver sa vie, de s’exiler à plusieurs reprises, au Nicaragua et à New York aux États-Unis.

Après un retour triomphal en Haïti en 1986, Jean Dominique soutient avec passion, dans un premier temps, Jean-Bertrand Aristide. Aristide est élu en 1990, mais un coup d’État mené par Raoul Cédras le renversera, et contraindra Jean Dominique et sa femme à un second exil. De retour en 1994 à Haïti après le départ de Raoul Cédras sous la pression de l’administration Clinton, Dominique reprend Radio Haïti-Inter, mais ne soutient plus la politique du parti Lavalas de Jean-Bertrand Aristide dont les dérives graves s’accumulent. Outre ses critiques envers certains hommes politique, il dirige ses propos contre des hommes d’affaires corrompus, parfois liés au trafic de drogue, et contre la politique des États-Unis qu’il accuse de vouloir en finir avec Lavalas. Ses critiques virulentes le mettront, ainsi que Michèle Montas, en danger de mort, avec un contrat de 60 000 $1 sur leurs têtes dans un pays soumis à la violence. Il a été assassiné devant les locaux de la radio le 3 avril 2000.

Les assassins, dont les commanditaires sont soupçonnés d’appartenir au parti Lavalas1, n’ont jamais été identifiés. Après le renversement d’Aristide, parfois accusé en dépit de l’absence de preuve d’être le commanditaire de cet assassinat, plus de cent cinquante des cent quatre-vingt-dix pièces du dossier disparaissent2.


Michèle Montas reprendra le combat de Jean Dominique et la radio, mais devra définitivement s’exiler en 2003 après une nouvelle tentative d’assassinat.


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