QUI A OSÉ OSERA

Diogène le philosophe grec, le penseur-chercheur de l’antiquité, qui autrefois, en plein soleil, chercha un homme avec une torche allumée, ce serait sans doute suicider s’il vivait aujourd’hui sur le territoire haïtien.

A qui peut-on se confier aujourd’hui ? Qui est digne d’honnêteté ? Qui est digne de confiance ? Que peut-on faire ? Que doit-on faire ? Aujourd’hui on ne sait où donner de la tête pour trouver un haïtien consciencieux, compétent, sérieux à qui se confier.

Pour parodier les propos de notre concitoyen Mérat Pierre Jores dans « Haïti le culte nouveau de la médiocrité » (Nouvelliste, 12 juillet 2012) : aujourd’hui « notre compromis social c’est : duper, tromper, falsifier dans tout et partout sans se culpabiliser… A force de compromettre, les projets… sont vides de leur substance ».

Ceci dit, comme dit notre confrère « La constitution amandée en est une preuve éloquente ». Et, le délabrement de la citadelle Henri Christophe par les responsables de L’ISPAN en est une autre.

En lisant ce titre dans le nouvelliste du 20 juillet : « Martelly en colère contre le délabrement … » (cité plus haut), mon sang a fait un seul tour dans mes veines et m’aurait ainsi étouffé si je ne savais pas que l’on parle ici de l’Haïtien (Une certaine majorité d’entre eux).

Je me suis vite reprise en me disant : Quoi d’étonnant, encore des pervers, des retardés économiques donc des retardés mentaux puisque l’avarice, l’argent anesthésient leur capacité de réflexion et existent avant leur propre personne. Il suffit que l’argent se pointe à l’horizon à travers des projets et leur cerveau est vite transformé en objet de gain empêchant ainsi toute faculté de raisonnement et ils deviennent des suppôts de dollars.

La réaction de délabrer davantage la citadelle suppose tout simplement qu’il faut avoir plus de dollars pour plus de travail que nécessite forcément la citadelle, ce qui prouve effectivement la révolte du président Martelly quand les responsables de L’ISPAN lui réclamaient plus de moyens. Aveuglés par l’appât du gain, ils n’avaient sans doute pas eu le temps de réfléchir à la réponse qu’il leur faillait donner auquel cas des responsables leur auraient demandé pourquoi ce démantèlement de la citadelle ?

Pris de cours, ils sont aujourd’hui à nu devant la nation haïtienne, ces antipatriotes. Sortis de rien, ils ne peuvent pas comprendre ce que représente un patrimoine social, un patrimoine national. Ils ont un seul but, un seul objectif « gagner du fric » non pas à travers leurs propres moyens mais à travers ceux des autres et pire encore à travers ceux d’une nation.

Scrupule mis à part, si scrupule ils en ont, ils oublient que L’ISPAN est une institution d’Etat et qu’ils ont des comptes à rendre. L’ISPAN qui est l’Institution de sauvegarde du patrimoine national, mené à leur image peut désormais s’appeler : Irresponsabilité Sociale Pour Anéantir la Nation car, un patrimoine national c’est ce qui reste d’un pays après avoir tout perdu.

Et, si un pays veut remonter la pente économique, l’un des moyens le plus sûr de le faire c’est d’attirer les touristes de l’extérieur à travers ses patrimoines et leur histoire ; et l’histoire de notre pays est l’une des histoires de peuple la plus riche en événements, remplie de rebondissements et de controverses.

Si tant soit peu les responsables de L’ISPAN se reconnaissent en tant que peuple historique, ils auraient pu ainsi s’éviter cette humiliation. Comme aujourd’hui, la duperie devient une vertu nationale, ils n’ont que faire de scrupule, d’ailleurs, il y en a certains qui ont fait pire et ils s’en sont bien sortis, et un à un ils s’enlisent et s’enracinent jusqu’à devenir des gangs.

Et, il n’y en pas un pour stopper cette dérive, et l’international qui y met ses pieds pour l’encourager, et plus il y a de la pagaille, plus il s’élargit et s’installe, et s’enrichit, et . . .

Et, si l’Haïtien lui-même ne se protège pas qui peut et qui veut le protéger ?

Le président Martelly, pendant sa visite à la citadelle, en rogne contre l’ISPAN a une décision à prendre. Il revient au président et à qui de droit de renvoyer définitivement ces individus malfamés et les remplacer par des personnes compétentes en la matière, des personnes fiables et viables afin de rehausser comme il faut le visage national à travers ses patrimoines et choisir désormais l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, or, qui a osé dans sa vie au point de s’abaisser à n’importe quel niveau dans l’impudicité ou dans l’immoralité osera sans nul doute dans la vie nationale aussi.

Vivianne Gauthier

Styliste, écrivain, étudiante en sciences politiques