La classe moyenne : entre insouciance et irresponsabilité face à une économie de la rente

La classe moyenne : entre insouciance et irresponsabilité face à une économie de la rente

Qui d’entre vous lors d’une soirée (bal) a déjà entendu des musiciens, font l’éloge de Deeb, Acra ou autres personnalités issues de la classe des “nantis” d’Haïti. Comme quoi ces chefs d’entreprises auraient, à leurs frais, fait acquisition du bar pendant la soirée, à un prix inestimable, au point de priver les autres fêtards de tout. Simplement parce que leur intuition bovaryste leur recommande ?


Est-ce que vous connaissez l’un de ces entrepreneurs susmentionnés qui payent le loyer de six (6) ou (7) femmes simultanément, et prennent soin d’elles sans demi-mesure? 

En menant ma petite enquête sur ce dossier, je constate que cette pratique est plus fréquente au sein de la classe moyenne. Que leur rapporte l’investissement dans l’industrie-femme ? Si ce n’est que pour satisfaire leur égo. Des dépenses inutiles juste pour l’obtention d’un titre, loin d’être honorifique mais très fantaisiste dénommé “Boss”.

Plongé dans mes profondes réflexions, j’ai fini par enfreindre certaines règles du code d’honneur de la classe moyenne, basées sur  la – perception -, tout en me questionnant vraiment sur ses résultats minimalistes et décevants. Finalement l’élément de la classe moyenne vit dans la naïveté et le “paraître”. Cet état d’âme, adopté par cette classe, aussi vide soit-il, s’est vite rationnalisé dans notre contexte tiers-mondiste. Nos trente dernières années l’ont prouvé. Nos choix, le plus souvent, ont été rivés vers des leaders n’ayant posé aucun acte valable dans notre société. Leur dimension à s’extérioriser dans une démarche pédantesque arrive à leur donner une place sur l’échiquier. Ces hommes et femmes sont arrivés au bout de leur mission qui consiste à duper tout un pays. Comment ? Parce que la société est tout simplement influencée par le – synthétisme -.

Malheureusement nos politiques n’ont jusque-là pas réussi à vaincre cette nouvelle tendance qui tend à répandre une telle pandémie. Cette réaction blasphématoire nous a fait construire un mur social dans notre propre camp. Dans nos quartiers, les faits sont là. Nos murs de séparation entre voisins de 7 ou 8 mètres de hauteur, parsemés du fil de fer barbelés, indiquent une stigmatisation des plus rudimentaires. Ainsi, faisons-nous à nos propres frères et sœurs, ce que nous reprochons aux hommes de la petite bourgeoisie de pratiquer vis-à-vis des gens de la plèbe. Nous avons créé notre propre réalité, et eux, ont retenu la leçon. 

À chaque fois que j’ai eu l’occasion d’intervenir sur des sujets liés à l’entrepreneuriat, j’ai souvent pris en exemple ce fameux documentaire réalisé sur la Suisse par la télévision numérique – Arte -, où on met en exergue cet entrepreneur suisse issu de la classe moyenne supérieure, monté une Petite et moyenne entreprise (PMA), et le nombre de personnes qui y travaillent sont au nombre de 300 ouvriers, qui aujourd’hui contribue grandement à l’évolution économique du pays.

À titre de comparaison même si c’est un peu osé, on se demande bien, est ce que notre classe moyenne supérieure en Haïti à une certaine utilité ? Ou n’est-elle pas tout simplement moribonde ou moins soucieuse que la petite bourgeoisie, car au lieu d’investir dans le pays, elle le fait plutôt dans d’autres économies plus productives comme la République Dominicaine. Nombreux d’entre-eux sont des politiciens riches, des businessmen de cette dite classe qui exploitent d’autres territoires, d’autres milieux. Personnellement, je réalise que la plupart des gens de notre classe moyenne supérieure est complice de la mauvaise gestion du pays, car elle ne s’y intègre pas.


La classe moyenne haïtienne, selon Jean Price Mars, est divisée en classe moyenne inferieure ; moyenne-moyenne ; supérieure, mais la dernière est en partie une structure inerte, non progressiste pour Haïti, une forme de pensée médiévale qui s’inscrit encore en 2019 sur des réalités cosmétiques, sans véritables valeurs. D’où la nécessité d’après elle, au lieu de réaliser du concret dans son pays, se planche sur le visible, tout en s’approvisionnant en de belles voitures, construire une belle maison, monnayer des directeurs d’opinion très écoutés pour se faire connaître, et en fin de compte avoir beaucoup de maitresses (bèl fanm – byen kanpe ).

Toutes ces choses-là résument en partie les priorités de nos compatriotes plus ou moins privilégiés en Haïti. Suite à cette absence d’investissement sur le territoire, une pensée critique a pris naissance dans le camp des plus démunis, à l’égard de l’État et des entreprises montées par la petite bourgeoisie. Une pensée radicale qui fait de l’État et de cette dernière, les maniaques du système. Sans, toutefois, nier qu’il y a des gens dans ces secteurs qui ont véritablement travaillé contre le pays. 

La réponse à tous ses problèmes est qu’une grande partie de la population n’est pas assez éduquée pour se poser les vraies questions. Que devrait être le rôle de la classe moyenne supérieure en Haïti ? Comment cette classe doit-elle s’impliquer dans le changement économique et politique d’Haïti ? L’hypocrisie devenue virale doit tout bonnement cesser. Tout le temps, nous épinglons des hommes et femmes entrepreneurs, comme étant ceux et celles qui déstabilisent et qui ne travaillent pas au profit de la grande majorité. Mais, quelqu’un peut bien me dire où sont les entreprises de la classe moyenne supérieure, si ce n’est qu’en République Dominicaine ou dans d’autres contrées. Il nous faut prendre conscience afin de déduire que le pays est à nous, et pleurnicher sur les autres, faute de notre irresponsabilité, ne nous sauvera pas. Il y a des pays dans la Caraïbe, où la classe moyenne des affaires, à elle seule, contribue à  hauteur de 40% dans son économie. 

En réalité des mobilisations de toutes parts sont faites pour conceptualiser une nouvelle tendance axée sur l’investissement. Je prends exemple  du “Group croissance”, fondée par l’économiste Kesner Pharel, qui sensibilise les gens de la classe moyenne à investir d’avantage dans le pays. Pourtant, des années se sont écoulées sans de grands résultats. Soyons Claire, la classe moyenne est majoritaire et ses actifs représentent les ressources quantitatives et qualificatives réelles pour un quelconque développement économique du pays. 

Aujourd’hui, il n’est pas acceptable de prêcher sur les décalages sociaux, qui pis est de vandaliser l’État et nos actuels entrepreneurs qui font de leur mieux pour ouvrir les portes de l’emploi à nos frères et sœurs. De préférence, il nous faut cohabiter avec eux au point de donner une chance aux plus démunis, aux générations futures. 

Dans ce décor incompréhensif, le jeu d’intérêt devrait être un appel à une réconciliation nationale au profit d’un nouveau système. Sinon, nous resterons le peuple misérable qui veux être aidé par les plus forts et moins forts de l’international.




La Rédaction

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